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13 octobre 2015 2 13 /10 /octobre /2015 10:53
L'espace des libertés régresse en Algérie.

L'espace des libertés régresse en Algérie.

Les autorités font preuve de deux poids, deux mesures, en ce sens qu’elles ont mis en prison le général à la retraite Hocine Benhadid pour sa liberté de parole jugée excessive et laissé cet ex-chef terroriste en liberté bien qu’il ait menacé le président de la République.

Les forces de police ont mis sous scellés, hier, le siège de la chaîne de télévision El Watan Al Djazaïria (un média qui n’a aucun lien avec le quotidien El Watan, ndlr), situé à Draria, empêchant les 170 employés de la chaîne d’accéder aux locaux. Cette action intervient suite à la requête du ministère de la Communication, qui a demandé au wali d’Alger de procéder à la fermeture des locaux de la chaîne de télévision.

Selon l’APS, qui cite un responsable du ministère de la Communication, la chaîne El Watan TV, «exerce de manière illégale et diffuse, de surcroît, des contenus subversifs et portant atteinte aux symboles de l’Etat». Pour justifier cette fermeture, les services du ministère de la Communication se sont appuyés sur la loi relative à l’activité audiovisuelle et rappellent qu’El Watan TV était «en infraction» avec les dispositions de l’article 20 de cette loi, qui prévoit la soumission de l’exercice de l’activité à une autorisation préalable délivrée par décret.

A titre de rappel, le décret exécutif n°14-152 du 30 avril 2014 fixe les modalités d’accréditation des journalistes professionnels exerçant pour le compte d’un organe de droit étranger, sur la base duquel le département de la Communication délivre un agrément provisoire de représentation d’un média de droit étranger et des accréditations à ses journalistes. Sauf que les arguments avancés par les services du ministère ne tiennent pas la route.

Quelques jours auparavant, le ministre de la Communication, Hamid Grine, avait reconnu lors d’un point de presse que la grande majorité des chaînes de télévision étaient dans l’illégalité. «Cinq chaînes seulement sur les quarante-trois sont en règle», avait déclaré le ministre. En réalité, la chaîne de télévision paye la diffusion de l’interview de Madani Mezrag, dans laquelle l’ancien chef de l’AIS (bras armé du FIS dissous) menaçait le président Bouteflika, si on lui refusait la constitution d’un parti politique. «Le Président est dans un état qui ne lui permet pas de prendre des décisions.

Il s’était déjà trompé sur notre compte en 2009 dans un discours à Oran. Notre réponse a été très forte et aujourd’hui le Président refait la même chose. Quels que soient le conseiller ou la partie qui sont derrière, il nous oblige à lui répondre avec virulence. On va lui rappeler notre réponse de 2009 et s’il ne revoie pas sa position, il va entendre de moi ce qu’il n’a jamais entendu auparavant», avait averti l’ancien chef terroriste. Madani Mezrag n’a pas été inquiété pour ses «propos attentatoires aux symboles de l’Etat» tenus sur un plateau d’El Watan Al Djazaïria.

Aucune plainte contre cet ex-chef terroriste, qui jouit d’une totale liberté de mouvement et d’action. Pourquoi poursuit-on en justice le support médiatique sans l’auteur de ces propos jugés «attentatoires au chef de l’Etat» ? Les autorités font preuve ainsi de deux poids, deux mesures, en ce sens qu’elles ont mis en prison le général à la retraite Hocine Benhadid,pour sa liberté de parole jugée excessive, et laissé cet ex-chef terroriste en liberté après avoir menacé le président de la République. Une question mérite d’être posée : qui protège Madani Mezrag ? Ce dernier, faut-il le rappeler, avait été invité en juillet 2014 par la présidence de la République en tant que «personnalité nationale» afin d’émettre son avis sur la révision de la Constitution.

Pour Djaffar Chali, le propriétaire d’El Watan TV DZ et proche du parti politique Mouvement de la société pour la paix (MSP), les autorités se trompent en croyant pouvoir lui mettre «genoux à terre». Joint par téléphone par le quotidien El Watan, le propriétaire s’est dit surpris par la décision de fermeture, alors qu’une plainte a été déposée par le ministère de la Communication : «Pourquoi fermer El Watan El Djazaïria alors que la justice n’a pas encore statué sur la plainte déposée par le ministère ?»

Pour lui, la précipitation des autorités est le signe d’une grande fébrilité de leur part, au moment où sa chaîne offrait «une liberté de ton et permettait à tous les Algériens de s’exprimer et que son audience auprès des téléspectateurs ne cessait de grimper». «Ils ont peur», a estimé Djaffar Chali, décidé à se battre pour la réouverture de ses locaux et pour que ses «employés puissent reprendre le travail». El Watan TV est la deuxième chaîne à être fermée depuis l’ouverture du champ audiovisuel au privé il y a quatre ans. Le 12 mars 2014, en pleine campagne présidentielle, les autorités avaient procédé la fermeture d’Atlas TV.

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