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14 septembre 2015 1 14 /09 /septembre /2015 10:52

Le gouvernement Sellal est-il sur la bonne voie pour faire face à l’effondrement des prix du baril de pétrole de près de 60% de sa valeur, qui correspond à une perte sur nos recettes totales d’environ 30 milliards de dollars/an ?

A croire aussi que le marché informel qui prospère grâce à «l’importation-chkara-connection» dans l’économie nationale, au point où il est devenu aujourd’hui plus puissant que le marché formel avec près de 45% de la masse monétaire en dehors des circuits bancaires, voire plus fort que l’Etat. Sinon, comment expliquer que nous sommes encore très loin de nous passer de l’argent du pétrole qui n’est pas en fait une création de richesses pour l’économie du pays ?

De notre point de vue, le problème qui se pose aujourd’hui dépasse notre gouvernement, car l’Algérie ne peut s’engager dans une guerre des prix dans les espaces géostratégiques qui lui échappent et du fait qu’elle n’est que faiblement intégrée dans l’économie mondiale dont les leviers sont entre les mains du groupe des sept pays les plus industrialisés de la planète que sont les USA, la France, l’Angleterre, le Japon, l’Italie, l’Allemagne et le Canada .

Cela doit nécessairement nous interpeller sur la question consistant à apporter des éclairages et réveiller les consciences absolument vitaux pour l’avenir de notre développement durable, et ce, dans le cadre d’une réelle démocratie plurielle.

En effet, nous constatons qu’après plus de deux décennies, les gouvernements successifs ont du mal à mettre sur le terrain une politique économique performante dans la mesure où elle demeure par ailleurs soutenue par l’expansion monétaire et de la dévaluation du dinar inscrite dans le souci de l’encouragement de l’investissement et de l’exportation afin de mettre sur pied une économie de production demeurée inefficace, car 98% de nos ressources financières proviennent aujourd’hui des exportations des hydrocarbures, près de 75% en importation et une démographie plus poussée vers nos villes dont le taux d’urbanisation s’établit aujourd’hui à près de 65% et qu’il n’est pas possible d’éviter à moyen terme. Ainsi, l’Algérie reste en dessous de la moyenne et un pays structurellement dépendant de l’extérieur, ses importations tendant à atteindre le niveau des exportations des hydrocarbures. L’Algérie, un pays auquel peut bien s’appliquer l’adage qui dit que «l’argent ne fait pas le bonheur, bien qu’il y contribue».

De notre point de vue, nous sommes en effet convaincus que la construction d’une économie de marché en soutien d’une économie sociale est le pilier sur lequel repose l’avenir de l’Algérie et sans lequel on ne peut ni évoluer, ni prospérer, ni combattre le chômage, l’inflation, la corruption, car il n’est plus possible aujourd’hui pour l’Etat qui édifie l’économie et crée l’emploi en privilégiant les aspects financiers de la macro-économie sans se préoccuper de l’aspect de la politique micro-économique et des compétences. C’est tout l’enjeu futur afin d’ouvrir de grandes perspectives pour les jeunes et garantir à chaque Algérien un emploi et un revenu.

C’est là un problème qui se pose avec acuité et la grande question qui mérite d’être posée est la suivante : «L’après-pétrole, y pense-t-on sérieusement ?».

On ne peut qu’être inquiet pour l’avenir de notre pays vu la forte tendance à la baisse des prix du pétrole, une baisse telle qu’il serait difficile de maintenir au-dessus de 70 dollars le baril. Cela va sans dire que l’Algérie plonge aujourd’hui dans une phase de turbulences, où les rapports structurels et la société seront perturbés, car cette situation fait apparaître un écart cruel entre l’offre et la demande, d’où le besoin de pas moins de 2 millions d’entreprises de taille PME-PMI et une croissance à deux chiffres pour faire face aux bouleversements socio-économiques actuels que vit aujourd’hui l’Algérie et, plus cruel encore, la fiscalité ordinaire et l’exportation hors hydrocarbures posent de sérieux problèmes et suscitent des inquiétudes en matière de consolidation et de perspectives budgétaires dans la mesure où nous n’avons à cet effet ni économie politique ni stratégie d’entreprise en puissance.

«Un pays développé se mesure dans les moments de crise», les effets du choc de 2014 alimentent à notre humble avis le risque d’un coup dur pour l’Algérie. La conjoncture est difficile et inquiétante avec une instabilité des marchés, car à moins de 70 dollars le baril, le pays s’achemine vers une grave crise financière à l’horizon.

Il faut se dire qu’entre 2000 et 2014, la situation a certes évolué, mais les besoins se sont multipliés, notamment la consommation intérieure. Le problème est sérieusement posé puisque cette consommation est à même d’absorber la croissance de 7%, taux pour lequel s’est engagé le gouvernement dans le plan d’action 2015-2019.

Pire, la demande intérieure absorbera 50% de la production d’hydrocarbures à exporter.
Il convient de rappeler ici que le déclin du marché pétrolier a vu le brut passer de 120 dollars le baril en juin 2014 à 46 dollars le baril à la mi-janvier 2015, pour atteindre 48 dollars en ce moment, soit une perte de près de 60% de sa valeur, associé à la baisse de la production des hydrocarbures à un peu plus de 10%.

L’Algérie risque alors d’enregistrer un manque à gagner à près de 30 milliards de dollars pour l’exercice budgétaire 2015 si cette baisse drastique venait à persister.

Ses conséquences seront marquées par l’instabilité du marché énergétique en raison de l’abondance de l’offre mondiale vis-à-vis de la demande en dépit de l’accélération de la production américaine en pleine révolution de l’exploitation du pétrole et du gaz schiste et de l’Arabie Saoudite qui a fait baisser ses prix négociés avec les pays asiatiques, le retour progressif de l’Iran, de la Libye et de l’Irak sur les marchés pétroliers, et enfin de nouvelles mesures prises par le Japon en matière de relance monétaire qui ont fait monter le dollar, rendant ainsi le brut moins attrayant.

On pourrait toutefois avancer que nous sommes entrés en ce moment même de la demande à celle de l’offre mondiale.

Il va sans dire que nous subissons un choc pétrolier similaire à celui de 1986 qui a provoqué l’effondrement de l’économie algérienne, où la chute brutale des prix du pétrole a provoqué la liquidation de près d’un millier d’entreprises, l’explosion du chômage de près de 30%, l’inflation de près de 25% et enfin l’explosion sociale qui a atteint son apogée dans la tragédie nationale du 5 Octobre 1988.

La chute du prix du baril n’est pas près de prendre fin avant 2015. Ainsi, nous sommes entrés dans une période de crise sévère où il est clairement établi que le budget pour 2015 est mis à rude épreuve et qu’il serait risqué d’ignorer cette nouvelle donne qui a fait apparaître de sérieux symptômes pouvant se traduire par des tensions plus fortes aussi bien dans la sphère de production que celle de la consommation, mais aussi et surtout de l’emploi.

En effet, le gouvernement prélève chaque année près de 75% de sa fiscalité pétrolière pour financer son budget général dont près de 60% financent les dépenses de fonctionnement et près de 70% de la population algérienne vit aujourd’hui de la rente que l’Algérie finance au prix fort. Cela dit, il nous faut sortir au plus vite d’une économie de rente qui fait état de graves carences et faiblesses dans l’organisation et la gestion économique pour aller vers des logiques de sortie de crise dans un contexte où l’économique et le politique s’entredéchirent pour que notre pays retrouve sa vitalité et évolue vers une économie émergente.

Oui, un regard rapide nous indique que le tableau de bord de notre économie hors hydrocarbures est loin d’être satisfaisant au vu des défis qui attendent l’Algérie, à savoir : évolution en hausse quasi constante des dépenses budgétaires, faible croissance économique financée essentiellement par la dépense publique, le financement reste davantage assuré par la fiscalité pétrolière que par la fiscalité ordinaire, faible contribution du secteur productif, explosion des importations qui se pose avec une gravité exceptionnelle atteignant un peu plus de 65 milliards de dollars, baisse drastique des exportations. En plus, l’agriculture ne contribue qu’à 8% du PIB, les coûts d’exploitation restant élevés.

L’économie informelle représente aujourd’hui 40% du PIB, les exportations hors hydrocarbures n’arrivent pas à dépasser 2 milliards de dollars par an, le dinar va subir une dépréciation importante puisque notre monnaie dépend à près de 90% de la rente pétro-gazière et non de la création des richesses selon les règles et les mécanismes de l’économie de marché et par conséquent une monnaie qui n’est pas en mesure de servir de monnaie d’échange commercial et qui pèse fortement dans la détérioration du pouvoir d’achat des ménages n’était la politique du soutien des prix, le chômage reste élevé malgré les dispositifs de l’Etat, et enfin la fin des excédents financiers aggravés par une démographie qui est en train de croître entre 2 et 3%/an maintenant l’inquiétude sur l’avenir du pays .

Sur un autre plan, le secteur industriel, considéré comme l’un des facteurs stratégiques de la croissance potentielle, des technologies et du plein emploi pérenne est devenu le problème économique et social le plus cruel notamment, il est caractérisé par une faible valeur ajoutée technologique et son apport dans le financement de l’économie reste très insuffisant au cours de ces deux dernières décennies au regard de la crise profonde qui affecte le pays devant l’ampleur du déficit constaté en production atteignant 13%.

Le pays réalisait entre 18 et 25% de croissance dans les années 1970-80, contre 5% actuellement, outre un taux d’intégration à moins de 20%, un outil national de réalisation non performant ne pouvant absorber les plans de charge des plans quinquennaux et une faiblesse de l’investissement productif.

Enfin, il est à noter un cadre législatif et réglementaire surchargé tantôt de droit public, tantôt de droit privé, ce qui a affaibli l’économie, les stratégies et les performances des entreprises.

La structure de l’économie algérienne reste concentrée pour près de 90% sur les entreprises du commerce et les services. C’est là une véritable panne économique en matière de développement durable qui ne permet pas de créer les conditions favorables à une croissance réelle et potentielle et par conséquent agir sur la stabilité sociale et la bonne santé de l’économie de notre pays.

Ce qui requiert l’urgence de la création d’un ministère de l’Economie couplé à celui des Finances aux compétences managériales aux normes internationales afin de se mettre à un niveau mondial.

c’est ce vrai contexte qui doit retenir plus l’attention du gouvernement pour projeter l’Algérie dans le monde économique moderne et résister à la crise énergétique internationale, le budget de la nation pour 2015 constituant l’occasion de mobiliser toute l’intelligence pour une meilleure gouvernance économique avec la nécessaire participation tant de l’élite locale que de l’élite nationale, d’opinions et d’universitaires comme source de savoir, d’expertise, de connaissances, de résolutions de problèmes et de préparation de lois économiques et des finances qu’il est souhaitable de mettre à contribution dans le processus de la politique budgétaire pour une meilleure cohérence et efficacité entre le système institutionnel de l’Etat (le gouvernement) et le pouvoir législatif (les élus), pour permettre à l’organisation de l’économie nationale de répondre aux défis présents et futurs.

Certes, il n’y aura pas d’impact important à court terme si l’on sait que la situation financière de notre pays est positive grâce aux revenus pétro-gaziers, dont notamment un endettement extérieur assaini à près de 80% -, des réserves de change correspondant à près de 180 milliards de dollars représentant un peu plus de 3 ans d’importations, une épargne publique estimée à 4429 milliards de dinars en 2015, soit l’équivalent de 50 milliards de dollars au niveau du Fonds de régulation des recettes (FRR), dans lesquelles le gouvernement devra piocher pour équilibrer son budget.

Comme l’Algérie a accompli, il faut reconnaître, d’importants progrès dans les infrastructures de base — équipements collectifs — il est regrettable de ne pas avoir profité de cette aisance financière pour réindustrialiser le pays. Est-il besoin de rappeler qu’à la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont proposé à l’Europe le fameux plan Marshall destiné à l’aider à se relever de ses cendres.

Doté de l’équivalent de 150 milliards de dollars réparti sur quinze pays, ce plan leur a permis de se reconstruire, de se moderniser et d’amorcer la dynamique qui a donné trois décennies de croissance continue.

Pour terminer, nous pouvons dire qu’il est urgent de rénover notre économie et favoriser le développement d’une économie liée directement à l’investissement et à l’entreprise pour sortir d’une économie relativement rentière qui ne peut être que la négation de l’économie.



M. Abaci

Financier et auteur
Financier et auteur de deux ouvrages :
Comptabilité des sociétés et gouve
rnance

des entreprises

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11 septembre 2015 5 11 /09 /septembre /2015 13:28

Après les Français et les Allemands, les concessionnaires auto asiatiques entendent faire pression sur le gouvernement algérien, via leur représentation diplomatique, pour que leurs véhicules bloqués au port soient libérés. Faute d’arbitrage politique, l’Etat sera obligé de céder.

«Depuis le mois d’avril, on paye plusieurs centaines de millions de dinars au port chaque jour pour le droit de stationnement des véhicules bloqués.» Agacé, ce patron d’une marque automobile asiatique souhaite toutefois garder l’anonymat pour ne pas déplaire au gouvernement et… ne voir ses véhicules bloqués encore plus longtemps au port. Mais en réalité, rien ne va plus. Au point que ce concessionnaire a déjà licencié 300 employés.

Des CDD dont on n’a pas renouvelé les contrats. Selon des sources proches du patron, «cette décision est tout à fait logique». «Rester plus de 12 mois sans travailler et payer des salaires à hauteur de 50 millions de dinars par mois n’est pas tenable.» D’autant que du côté de la concurrence, les Français et les Allemands ont obtenu gain de cause et vu leurs véhicules coincés au port libérés, après que leurs gouvernements respectifs aient fait pression.

L’Allemagne aurait récemment interpellé l’ambassadeur algérien pour la deuxième fois afin d’obliger le gouvernement algérien à débloquer les véhicules allemands coincés au port. Et selon certaines sources, les Allemands soupçonnaient une «concurrence déloyale». Selon eux, «le gouvernement algérien favorise les marques françaises», confient plusieurs sources allemandes à El Watan de ce mercredi. «D’ailleurs, nous comptons nous aussi avoir recours à la même méthode», explique un autre patron de marque asiatique. Pourtant, ils ne comptaient pas en arriver à un tel rapport de force. «Imposer un cahier des charges sans donner de délai de mise en conformité du produit, c’est vraiment injuste», s’indigne l’un d’eux.

Tout a commencé lors de la signature de l’arrêté du 23 mars dernier fixant le cahier des charges relatif aux conditions et modalités d’exercice des activités de concessionnaires de véhicules neufs (sécurité, renforcement des droits du consommateur, organisation et la régulation du marché…). Officiellement, l’objectif vise à imposer de nouvelles normes de sécurité. Officieusement, le gouvernement entend limiter les importations. Une étude du ministère du Commerce a, cette année, appuyé là où ça fait mal en soulignant que les importations avaient «transformé» l’Algérie en un «vaste espace de stockage» après que 2 millions de véhicules aient été importés entre 2010 et 2014.

Dans les faits, de janvier à juillet, les importations ont concrètement diminué. Selon un bilan rendu public par le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes (Cnis), «le montant des importations des véhicules a reculé de 27,02% de janvier à fin juillet 2015, pour s’établir à 2,388 milliards de dollars contre 3,272 milliards de dollars sur la même période de 2014, ce qui représente 202 635 véhicules cette année contre 254 302 unités sur la même période de 2014, soit une baisse de 20,32% sur les importations des 51 concessionnaires en activité». Problème : cette baisse a frappé les concessionnaires de toutes les marques dont les milliers de véhicules (commandés à l’avance) sont restés bloqués au port.

Et ce blocage provoque «des centaines de litiges avec les clients», affirme le concessionnaire d’une marque asiatique. «Des clients ont passé des commandes sur un nouveau modèle de véhicule avant la sortie du nouveau cahier des charges, ils ont payé 10% de la somme totale. Notre société leur a parlé d’un délai de livraison de six mois. Mais depuis l’application du cahier des charges, on n’arrive pas à importer ces véhicules», se désole-t-il. Autre problème : avec la dépréciation du dinar face au dollar, les prix des véhicules ont flambé. «En moyenne, l’augmentation est de 30%, précise-t-il.

Du coup, si quelqu’un commande un véhicule d’un million de dinars et qu’après l’expiration du délai de livraison, on lui propose de se désister, le client refuse parce qu’il sait qu’une nouvelle commande lui coûterait plus cher», explique notre source. Plusieurs clients ont ensuite recouru à tous les moyens existants pour que le concessionnaire leur paie des pénalités de retard ou mette à leur disposition un véhicule. «Certains déposent même plainte contre notre société qui, en réalité, est bloquée par les autorités», ajoute-t-il. Au point que, selon plusieurs sources dans le milieu automobile, certains concessionnaires «ne vont pas tarder à baisser rideau» car il leur faut beaucoup de temps pour fabriquer des véhicules répondant aux normes exigées par le nouveau cahier des charges. «On ne pourra jamais résister.

Notre société ne pourra pas faire face à toutes les charges qui pèsent lourd sur notre comptabilité», estime un patron concerné. «Ce qui est malheureux, c’est le nombre de personnes qui vont se retrouver au chômage», s’indigne ce chef d’entreprise. Le président de l’Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A), Sofiane Hasnaoui, estime que la situation doit être débloquée en urgence. «Pour les plus chanceux, la commercialisation des véhicules ne commencera qu’en 2016, souligne-t-il.

Les ventes ont ralenti, principalement à cause de la non-disponibilité des véhicules et aussi parce que les consommateurs sont incités à investir dans l’immobilier, notamment le versement des échéances AADL.» Même si les véhicules sont débloqués, les concessionnaires restent pessimistes. Ils craignent que l’augmentation de la taxe intérieure de consommation (TIC), applicable aux véhicules de grosse cylindrée, n’affecte encore un peu plus les ventes.

D’après cet avant-projet, «les véhicules tout-terrain et les cylindrées comprises entre 2000 et 3000 cm3 seront taxés à hauteur de 35%». Ils dénoncent aussi l’obligation pour chaque concessionnaire «d’installer une activité industrielle et/ou semi-industrielle ou toute autre activité ayant un lien direct avec le secteur de l’industrie automobile, et l’investissement doit être réalisé dans un délai maximum de trois ans à compter de la date d’octroi de l’agrément définitif, sinon son agrément sera retiré par les services habilités». «Comment voulez-vous qu’on investisse alors qu’on ne nous laisse même pas faire entrer les véhicules importés, s’indigne l’un d’entre eux.

Ce sont des sommes très lourdes qui doivent être engagées !» Pour Mustapha Zebdi, président de l’Association des consommateurs (Apoce), «il n’est pas normal que les concessionnaires fassent la loi en faisant pression sur le gouvernement. Cela va à l’encontre de toutes les règles du commerce. Avec de telles dispositions, il ne restera que les concessionnaires honnêtes et capables de garantir des normes de sécurité à même de protéger le consommateur algérien. Avant, l’Algérie importait des véhicules qui ne répondaient à aucune norme, et c’était le consommateur qui payait le prix de ce laisser-aller.»

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 10:30

Un mois après sa mise en application, la mesure initiée par le gouvernement, en vue d’attirer les flux d’argent informel en contrepartie d’une amnistie fiscale, commence à donner des résultats, selon les premiers bilans enregistrés par les banques publiques.

Ainsi, selon Boualem Djebbar, président de l’Association des banques et établissements financiers (ABEF), «la mise en conformité fiscale volontaire (MCFV), lancée par l’administration fiscale et les banques pour attirer l’argent circulant dans l’informel vers le circuit bancaire, semble bien démarrer». «Le dispositif a été mis en place il y a un mois et nous avons déjà enregistré les premières opérations de placement au niveau de plusieurs banques, c’est un début prometteur et un signal très positif pour la conduite de ce programme», a déclaré à l’APS M. Djebbar, qui est également PDG de la Banque de l’agriculture et du développement rural (BADR).

Il souligne qu’«il y a des placements de 10 millions de dinars, de 40 millions de dinars, de 60 millions, voire de 200 millions de dinars», estimant que le délai imparti à l’opération, qui vient à peine de démarrer, permettra d’atteindre «les objectifs escomptés». De son côté, le PDG du Crédit populaire d’Algérie (CPA), Omar Boudieb, a assuré dans une déclaration à l’APS que le dispositif «fonctionne comme il se doit», précisant que sa banque a déjà collecté «près de 300 millions de dinars dans le cadre de la MCFV en plus de promesses de placement pour 2 milliards de dinars».

En plus, les gens «viennent régulièrement s’informer sur le dispositif, sur les avantages qui leur seront accordés», a-t-il ajouté. M. Boudieb souligne que les déposants ont, dans le cadre de ce dispositif, «la libre disposition de leurs fonds : ils peuvent les retirer ou les virer au profit d’autres comptes bancaires (...), l’argent reste la propriété du client. Seulement, il est mis dans des conditions de sécurité et de profitabilité pour la banque qui va l’utiliser au profit de l’investissement».

Pour sa part, le délégué général de l’ABEF, Abderrezak Trabelsi, s’est montré également satisfait quant au déroulement de l’opération, en faisant état de «sommes appréciables» placées auprès des banques en un mois. «Cela fait à peine un mois que l’opération a commencé et nous avons déjà enregistré des sommes appréciables qui ont été placées dans les banques», déclare-t-il sans donner de précisions sur les sommes globales mises à la disposition des banques.

Pour l’administration fiscale, «les débuts sont timides»

Les résultats vantés par les banques, selon le compte rendu de l’APS, sont cependant en deçà des attentes de l’administration fiscale qui évoque, pour sa part, un début plutôt timide du programme initié par le gouvernement pour assainir la sphère informelle. «On ne peut pas parler d’engouement de la part des détenteurs de fonds informels, en ce qui concerne nos services. Cependant, certains sont venus solliciter des informations pour voir comment ça se passe et toutes les explications leur ont été données», signale à l’APS le directeur général des impôts, Abderrahmane Raouia. «A présent, avec la communication sur ce dispositif, nous attendons plus de confiance de la part des citoyens», s’est-il contenté de souhaiter.

De son côté, Yahia Oukssal, directeur de l’informatique et de la documentation fiscales (DIDF) au sein de l’administration fiscale, estime que le bilan d’un mois d’exécution de la MCFV est «un peu timide par rapport à ce qui était escompté». «Les gens sont encore réticents, ils craignent par exemple que la banque envoie une déclaration de soupçon sur l’argent déposé, ou que l’administration des impôts procède à la vérification fiscale après la mise en conformité... Ils se donnent donc une période d’observation», a-t-il expliqué. La DIDF a été chargée de faire parvenir quotidiennement à la direction des grandes entreprises (DGE) un état reprenant l’ensemble des virements opérés par les agences bancaires.

Récemment, le ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a déclaré que l’Algérie avait besoin de ses ressources internes qu’elle veut intégrer dans le circuit bancaire. «Nous mobilisons les ressources de la nation avec toutes les garanties juridiques et techniques, nous ne les mobilisons pas pour les stocker, mais pour les utiliser dans la croissance économique», a-t-il soutenu. L’Algérie, selon lui, «n’est pas en position de malaisance financière et ne compte pas sur la taxe de 7% pour avoir des ressources, mais veut juste impliquer le milieu des affaires dans le développement».

Selon la Banque d’Algérie, l’argent liquide circulant dans l’informel atteint 1000 à 1300 milliards de dinars. A partir du 1er janvier 2017, les personnes disposant de fonds informels et n’ayant pas souscrit au programme de MCFV feront cependant l’objet de redressements fiscaux avec l’application des pénalités et sanctions prévues en la matière. Il est à rappeler que la loi de finances complémentaire (LFC) pour 2015 a fixé, dans son article 43, une taxation forfaitaire libératoire de 7% applicable sur les sommes déposées auprès des banques dans le cadre d’un programme inédit en Algérie : la mise en conformité fiscale volontaire dont la date limite a été fixée au 31 décembre 2016. Le versement du produit de cette taxe a été centralisé au niveau de la direction des grandes entreprises (DGE) qui est appelée à le transmettre aux directions des impôts de la wilaya où réside le contribuable.

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10 septembre 2015 4 10 /09 /septembre /2015 10:29

Les réserves de change de l’Algérie ont baissé de plus de 34 milliards de dollars, induisant une dépréciation de 22% du dinar en à peine une année, soit depuis le début de la baisse des cours du pétrole, en juin 2014, le baril ayant perdu depuis plus de 50% de sa valeur.

C’est ce qui ressort, en substance, de la note de conjoncture du premier semestre de l’année en cours, dévoilée hier par Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d’Algérie (BA), lors d’une rencontre avec les PDG des banques à Alger.

Ainsi, les réserves de change officielles de l’Algérie – c’est-à-dire son matelas de devises qui garantit à la fois sa solvabilité à l’étranger, mais aussi le pouvoir d’achat de sa monnaie – ont baissé à 159,027 milliards de dollars (or non compris) à fin juin écoulé, contre 178,938 milliards de dollars à fin décembre dernier et 193,269 milliards de dollars à la fin du premier semestre 2014.

En tout, l’effondrement des cours pétroliers mondiaux, qui dure depuis à peine plus d’un an, a fait perdre à l’Algérie quelque 34,2 milliards de dollars sur ses réserves de change officielles qui, faut-il le rappeler, conditionnent la soutenabilité même des finances de l’Etat et, par conséquent, tout l’édifice de l’économie nationale, dont la viabilité reste étroitement liée aux hydrocarbures.

Or, les ventes de gaz et de pétrole de l’Algérie, soit quelque 97% de ses recettes en devises, ont chuté de plus de 43% en un an pour s’établir à seulement 18,1 milliards de dollars à fin juin dernier, contre près de 32 milliards de dollars à la même période de 2014. En contrepartie, les importations de biens n’ont baissé, elles, que de quelque 10% sur la période considérée, atteignant 27 milliards de dollars au premier semestre 2015, contre 30,13 milliards de dollars à la même échéance de 2014.

Creusement des déficits

Conséquence : la balance des paiements – sorte de baromètre de l’ensemble des échanges financiers du pays avec le reste du monde – a enregistré un déficit global de 14,39 milliards de dollars, tandis que le déficit du Trésor, c’est-à-dire des finances publiques, s’est creusé à 902 milliards de dinars sous l’effet, bien évidemment, de la faiblesse des recettes de la fiscalité pétrolière, mais aussi de «dépenses budgétaires toujours élevées», comme le souligne si bien la Banque d’Algérie dans sa note de conjoncture.

In fine, le creusement des déficits du budget de l’Etat et de la balance des paiements, ainsi que l’effondrement des réserves de change qui s’en est suivi en raison de la chute des prix du pétrole, ont eu notamment pour effets une dévalorisation accrue de la valeur du dinar et une érosion inquiétante des avoirs du fameux Fonds de régulation des recettes (FRR) qui permettaient jusque-là de couvrir les déficits budgétaires.

De fait, révèlent les statistiques de la BA, la dégradation des fondamentaux de l’économie nationale – soit en gros des revenus des hydrocarbures – a entraîné «une dépréciation de 22% du cours moyen du dinar par rapport au dollar» sur la période allant de juin 2014 à juin 2015.
Une dépréciation à fort impact, en somme, tant pour les entreprises de production que pour le pouvoir d’achat des citoyens, a fortiori quand on sait qu’elle s’accompagne de fortes poussées d’inflation dont le niveau avoisine désormais les 5%.

Dans le même contexte, indique encore la BA, la faiblesse des finances publiques, trop dépendantes de la fiscalité pétrolière, a déjà eu comme premier effet majeur «une érosion drastique des ressources du FRR, de l’ordre de 1714,6 milliards de dinars entre fin juin 2014 et fin juin 2015, soit une réduction de plus de 33,3% en douze mois».

Ainsi, du fameux Fonds de régulation des recettes mis en place en 2000 pour gérer les surplus de l’embellie pétrolière, il ne restait désormais plus que 3441 milliards de dinars à fin juin dernier, contre 5155,9 milliards de dinars il y a à peine une année.

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4 septembre 2015 5 04 /09 /septembre /2015 12:12

Un spectre hante de nouveau l'Algérie politique au pouvoir, la chute du prix du baril de pétrole comme gage de paix sociale et garant du système en place. Ici, une autre approche des idées politiques et des faits économiques de l'Algérie depuis l'indépendance pour mieux apprécier les risques sérieux d'austérité qui nous guettent du fait de l'incurie légendaire des tenants du pouvoir.

1ère partie

Cette analyse montre les différentes contradictions de ce que nous devrions douloureusement appeler notre mal-développement, notamment économique et ce, à compter de la période d'industrialisation dite « industries industrialisantes » qui a abouti à un capitalisme d'Etat aux lieu et place de ce qui a été appelé socialisme spécifique. Mais pas seulement, puisque l'Algérie s'est retrouvée avec un endettement excessif, à une austérité imposée par les régimes successifs et par les institutions financières internationales, un affairisme d'Etat résultant du libéralisme débridé des tenants de l'après-pétrole ayant abouti au rééchelonnement, voire à asseoir des intérêts de ce qui a été désigné par feu Mohamed Boudiaf sous le vocable de mafia politico-financière.

DU «SOCIALISME SPECIFIQUE» AU CAPITALISME D'ETAT

Il est devenu banal de constater que l'Algérie vit pour l'essentiel de ses hydrocarbures, celles-ci constituant la presque totalité de ses exportations. C'est également une lapalissade que de dire que le budget de l'Etat dépend quasiment du pétrole et du gaz. Aussi, devant l'échec moult fois constaté dans le domaine de l'agriculture et la baisse brutale des cours du pétrole, quel est l'avenir du pays face aux effets conjugués de ces facteurs ? Marqué par un économisme technocratique, le projet de développement, basé sur la théorie des industries industrialisantes et celle de l'introversion, apparaît, a posteriori, comme une idéologie caractérisée par la mise en place de la propriété d'Etat comme moyen d'accéder à une « transition au socialisme ».

Pour le régime issu du 19 juin 1965, l'Etat se révéla la seule force politique capable de résoudre les problèmes qui se posent : industrialiser le pays et garantir l'indépendance nationale. Or, on sait que la doctrine algérienne des années 1970 en matière de développement s'inspira de travaux d'économistes dont la vision se rapprochait des auteurs soviétiques des années 1920-30 qui étaient notamment partisans de « la loi de la priorité du secteur de la production des biens de production » et du principe des « effets d'entraînement » qui posèrent comme règle impérative l'instauration d'inégalités dans les rapports villes-campagnes. Les industries industrialisantes étaient censées avoir pour effet d'entraîner dans leur environnement localisé et daté un « noircissement systématique ou une modification structurelle de la matrice interindustrielle » et des transformations des fonctions de la production grâce à la mise à la disposition de l'entière économie d'« ensembles nouveaux de machines qui accroissent la productivité de l'un des facteurs et la productivité globale ».

Cependant, d'aucuns ont pu observer que ce modèle n'intégrait pas explicitement l'état initial des forces productives. Par ailleurs, des questions essentielles restaient pendantes : qui était susceptible de mener à son terme la transition vers le « socialisme spécifique » ? Avec quels moyens ? Avec quelle marge de manœuvre laissée tant par le pouvoir en place lui-même que par le capitalisme mondial (encore que, à l'époque, celui-ci était quelque peu contrebalancé par le système des pays de l'Est) ? Cette problématique a été éludée par la tendance au technocratisme et la bureaucratisation avec son pendant : la techno-structure. Or, l'une des particularités du développement du secteur d'Etat, c'est la tendance prépondérante à son financement par l'appel aux capitaux extérieurs ; d'où le problème de la dette dont on sait qu'elle est devenue la priorité à résoudre sous peine de condamner irrémédiablement l'économie algérienne et d'hypothéquer lourdement l'avenir du pays et des générations montantes. En effet, la plus grande partie des projets à caractère industriel conclus entre 1970 et 1979 furent des projets qui se concrétisèrent en étroite collaboration avec le marché financier international et les sociétés multinationales, ce qui explique sans doute que le secteur économique d'Etat n'a pu supprimer, comme il le souhaitait, le caractère capitaliste des rapports de production.

Depuis, le régime inauguré par feu Chadli Bendjedid accentua cette tendance avec un nouveau discours centré sur un libéralisme débridé. En effet, depuis 1979, le FLN avait tenu plusieurs assises - sessions du comité central et congrès - en vue de la mise en place d'une nouvelle politique de l'Algérie, les résolutions et les orientations relatives au développement économique et social faisant état des carences de la politique économique conduite par le régime de feu Boumediene. Le trait caractéristique de l'attitude politique du nouveau régime fut la rupture d'avec l'idéologie socialiste ; celui-ci ne manqua pas d'ailleurs de s'affubler d'un certain libéralisme avec la promulgation d'un nouveau code des investissements donnant la part belle au secteur privé au motif qu'il aurait été brimé par l'ancien régime, alors même qu'il n'a pas manqué d'utiliser le secteur d'Etat en la personne de ses représentants pour grossir ses profits. En réalité, pour l'essentiel, il s'agissait d'organiser l'économie en perdition autour de ces deux secteurs.

Ainsi, la doctrine économique des industries industrialisantes était mise au rancart. Au gigantisme industriel, on préféra la « restructuration », c'est-à-dire le morcellement des grandes entreprises d'Etat, type société nationale. Au slogan « Pour une vie meilleure », le « compter sur soi » est devenu le leitmotiv du pouvoir, désemparé face à la chute des cours des hydrocarbures d'alors. Il y a là un antécédent dont le pouvoir actuel n'a manifestement pas tenu compte. Une opération de sensibilisation de l'opinion publique algérienne sur l'« après-pétrole » fut orchestrée par le pouvoir, à grands renforts de médias, dans la mesure où les pronostics béats des technocrates et autres bureaucrates furent déjoués. Devant la faiblesse du marché pétrolier et la baisse des prix mondiaux du brut, le régime d'alors (comme l'actuel ?) -qui se voila la face jusqu'à la dernière heure de sa chute devant les vérités les plus criantes sur les limites de la stratégie de développement adoptée jusqu'ici - reconsidéra celle-ci en tenant compte du fait que 98 % des ressources en devises du pays proviennent toujours du pétrole.

Fallait-il donc se maintenir au pouvoir coûte que coûte, en évitant l'écueil des tensions sociales dues à la flambée des prix notamment ? Du fait du déficit flagrant en démocratie, le régime préféra faire appel à d'autres mesures (notamment la limitation de l'allocation touristique et la suppression d'achats de biens à l'étranger) plutôt que de faire son autocritique et préparer une alternance politique salutaire. L'Algérie actuelle en aurait bénéficié. En fait, le problème majeur concerna les biens d'équipement, les articles industriels, les matières premières et les produits semi-finis qui représentaient alors 79,60 % des importations (60 % du service de la dette extérieure). En outre, maints projets d'investissements industriels allaient être touchés, nonobstant la volonté affichée depuis 1979 d'accorder plus d'importance au secteur de l'agriculture par exemple. De même en était-il du métro d'Alger dont le chantier demeura en panne de très nombreuses années, de l'usine d'automobiles de Tiaret mise en veilleuse faute d'entente avec les constructeurs français, allemands et italiens ainsi que du complexe sidérurgique de Jijel et du projet de cimenterie de Tébessa. Se conjuguent à cela également bien d'autres projets laissés en rade.

Par ailleurs, il est depuis longtemps établi que l'Algérie aura une population allant crescendo. Les problèmes existant déjà se poseront avec davantage d'acuité : habitat, santé, scolarisation, consommation. En outre, outre le dépeuplement des campagnes, un secret de Polichinelle veut que la quasi-totalité des ressources provenant de l'exploitation et de la commercialisation des hydrocarbures a été investie dans l'industrie sans résultats probants. Compte tenu de l'épuisement des puits de pétrole (matière première non renouvelable), du fait d'une production de loin supérieure aux besoins du marché mondial, l'effondrement des prix des hydrocarbures n'était pas de nature à aiguiser l'optimisme. D'où, à l'évidence, le changement de ton dans le discours politique officiel algérien d'alors. Discipline et austérité reviennent comme un leitmotiv, à grands renforts des médias coutumiers. La société algérienne subit de plein fouet la trajectoire en dents de scie du prix du pétrole.

Hier comme aujourd'hui. Après une ascension l'amenant de 12 dollars à la fin de 1978 à 40 dollars en 1981. En mars 1986, il est retombé à son cours de décembre 1978 pour atteindre 6 dollars en période estivale. Aujourd'hui, de plus de 100 dollars à près de 40 dollars. La similitude est frappante.

Contre mauvaise fortune, le régime fit le diagnostic de ses propres turpitudes. Inaugurant ce mea culpa, feu Chadli Bendjedid évoqua le 8 mars 1986 une perte des revenus. M. Khellef, alors ministre des Finances, annonça le 21 avril de la même année, dans un projet de loi de finances complémentaire, des mesures destinées à réduire les achats à l'extérieur et un programme d'austérité en matière de dépenses publiques. Le gouvernement actuel pourrait-il faire autrement aujourd'hui ? Par ailleurs, d'autres évaluations chiffrées abondaient dans le sens de la banqueroute de l'économie rentière. Ainsi, par exemple, le montant des exportations d'hydrocarbures estimé à 64,2 milliards de dinars en 1985 (soit 12,6 milliards de dollars) a chuté jusqu'à 12,8 milliards de dinars en 1986 (soit 2,56 milliards de dollars), c'est-à-dire de quoi régler la facture des importations des denrées alimentaires estimée à 2,14 milliards de dollars. A cela se conjugue la baisse inévitable du prix du gaz indexé sur celui du pétrole. D'évidence, du fait du choix de la stratégie de développement, la fiscalité pétrolière occupait une place prépondérante (unique même) dans la structure du budget de l'Etat algérien. Mal en prit aux régimes qui se sont succédés depuis le coup d'Etat de 1965. Mal en prit au régime actuel qui, depuis 1999, aurait pu faire de l'Algérie un pays émergent.

Désormais, après le démantèlement du secteur public (sociétés nationales, domaines autogérés et coopératives) - qui avait certainement besoin d'être revitalisé -, le pouvoir va adopter un discours résolument économiste et tailler une place de choix aux capitaux non étatiques en préconisant « la collaboration du capital étranger ». Ainsi s'institutionnalise un capitalisme désigné par l'euphémisme « économie libérale » qui sera remplacé plus tard par « économie de marché ». Ainsi, lors de la 3e Foire de la production nationale, feu Chadli Bendjedid pouvait s'extasier en déclarant : « Une petite entreprise privée exposait des produits de qualité alors que ceux de l'entreprise nationale faisaient piètre figure. » En réalité, le régime de l'époque ne voulait pas encore comprendre que tout développement économique conséquent et cohérent devait s'accompagner d'un développement politique de nature à favoriser des institutions multiformes, débarrassées du carcan de l'unanimisme stérilisant, donc la fin du monopole de la vie politique et de la gérontocratie. Et, en perspective, une économie forte.

«APRES-PETROLE» ET AFFAIRISME D'ETAT

La situation économique algérienne ne pouvait ainsi que soulever de vives inquiétudes, surtout lorsqu'on ne cessait de constater que la rente pétrolière demeurait la pierre d'angle de la survie du pays et ce, malgré la remise en question du plan Valhyd (suspension des projets d'usines de liquéfaction GL3Z à Arzew, GL2K à Skikda et GLIG aux Issers). L'inquiétude gagne en intensité lorsqu'on sait que l'Algérie reste plus tributaire que jamais des hydrocarbures aux fins d'assurer son alimentation et son équipement à l'égard du marché international. Autre point cardinal : le plan de restructuration qui donna, semble-t-il, la priorité aux secteurs de l'énergie et des industries pétrochimiques, de l'habitat et du commerce. Cette restructuration s'articula autour de la séparation des fonctions de production, de commercialisation, de réalisation et de service, la spécialisation et la simplification des missions, le transfert d'activités et celui des sièges des entreprises.

A. Koroghli

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 12:34

Lors de la réunion qui a regroupé cette semaine le Premier ministre avec les walis dans le but, dit-on, de tracer une feuille de route face à la crise économique que connaît le pays suite à la baisse drastique des recettes pétrolières, chacun des ministres du gouvernement, mais pas tous, sont intervenus pour d’abord soutenir le programme gouvernemental, rassurer les Algériens du maintien des opérations en cours et surtout de la contribution de leurs secteurs respectifs à la démarche globale.

Le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, Monsieur Tebboune Abdelmadjid qui est dans l’exécutif depuis début les années 90 avec une petite traversée de désert, est allé beaucoup plus loin en conseillant les algériens d’être plus fourmi que cigale. L’intéressé, réputé dynamique par la célérité des dossiers qu’il a pris en charge, a visé juste mais oublie que les entreprises et notamment ceux de son secteur sont vidées de leur encadrement et que la démarche des gouvernements passés et celui actuel n’est pas du tout de nature à renforcer la communication et la convergence pour orienter l’entropie dans le sens des objectifs de la nation pour agir dans l’intérêt général. L’Algérien, frustré par l’autisme du pouvoir qui le gère, s’est replié sur lui-même pour ne penser qu’à son environnement immédiat. Il est devenu narcissique et complètement déconnecté du corps social. Pour être fourmi, il faut travailler inlassablement et transporter beaucoup de chose même si c’est très peu à la fois. Dans un sens mélioratif, il s’agit d’un travail qui exige beaucoup de patience mais dans lequel on avance très lentement mais dans l’orientation d’un même objectif. Alors ! Quel est cet Algérien qui pense à l’intérêt général ? Quelle est la situation de la créativité dans les entreprises et les institutions publiques ? Comment rattraper l’esprit patriotique dans le milieu professionnel ?

1- La problématique

La presse nationale n’a pas cessé ces derniers temps de relater le dysfonctionnement de la gestion de la compétence dans les grandes entreprises et notamment Sonatrach. Les différentes rencontres autour de la fuite des cadres vers les entreprises étrangères ont inquiété les responsables des ressources humaines qui n’ont pas manqué d’exprimer leurs inquiétudes, parfois d’une manière politicienne mais ils ont tout de même tenté de proposer des solutions. Il se trouve que les différentes solutions proposées sont restées confinées autour des problèmes purement salariaux. Cette façon Pavlovienne d’approcher une question aussi vitale pour l’avenir de nos entreprises soulagerait la pression sur le très court terme mais ne résoudrait en aucun cas le problème sur un avenir prévisible. La solution ainsi préconisée répond à une situation qui semble être imposée par les entreprises étrangères présentes en Algérie et parfois ailleurs mais n’examine pas les causes profondes du malaise de ces cadres. Parce que les entreprises étrangères payent bien, on tente de se rapprocher de leur niveau pour espérer fidéliser les compétences et partant stabiliser les effectifs. On fait comme si tout se résumait à la dimension matérielle pour libérer encore plus les salaires et pourquoi ne pas aggraver la situation qui aboutirait sans aucun doute à une impasse.

2- Les causes en sont multiples

Il est pratiquement impossible étant donné le sureffectif et le niveau de l’équilibre financier de la plus part des grandes entreprises en Algérie d’arriver à un niveau de rémunération appréciable par les cadres par rapport aux salaires offerts par ces entreprises présentes en Algérie qui au demeurant disposent en plus d’un avantage considérable dans la maîtrise des effectifs et par voie de conséquence des coûts. Aujourd’hui, il faut le reconnaître sans complaisance que les expériences passées ont montré qu’en Algérie, tout système salarial quel que soit son objectif, favoriserait les opportunistes et en aucun cas les compétences. D’ailleurs, quelle est cette entreprise qui dans la situation actuelle du pays disposerait de critères crédibles pour distinguer celui qui travaille et celui ne fait rien ou apprécier une performance variable dans le temps et celle qu’il propose fixe.

Il n’est pas politiquement correct pour ne pas dire injuste que dans une phase de transition extrêmement perturbée dans laquelle se trouve le pays, de proposer un système salarial à deux vitesses, où une partie de la population active est bien payée au nom d’une pseudo-productivité et une pénurie de cadres et une autre qui n’arriverait même pas à joindre les deux bouts. Ce serrait entraîner la relation de travail dans des conflits permanents qui entraveraient les réformes, affecterait la croissance et nous ramèneraient à la case de départ.

Ce n’est pas sûr que les cadres fuient le pays pour des raisons strictement d’ordre salarial pour la simple raison que c’est depuis l’indépendance qu’ils sont relativement mal payés acceptant parfaitement le consensus social pour des raisons plutôt psychologiques et morales. Il ne faut pas oublier que des grands projets ont été réalisés par un encadrement algérien sans contrepartie financière conséquente au moment même où des entreprises étrangères transféraient des fonds pour des broutilles alors qu’ils ne pouvaient rien faire et pourtant ils n’ont pas fuient leur pays. On a besoin ni de Lincoln et associés ni d’autres cabinets conseil pour découvrir que les cadres sont mal payés, et vont vers des entreprises étrangères, que les entreprises publiques souffrent d’un turn over important. On n’a pas besoin de microscope pour constater ce dysfonctionnement. La question est de circonscrire avec précision les causes et d’en proposer des solutions, solutions qui n’ont rien à voir avec le partenariat de Statoil ou des contrats à travers une école privée des affaires, mais dans le système de gestion lui-même.

Continuer à orienter les éléments de la solution dans la poche du trésor public serrait se leurrer et n’aboutir à aucune sortie immédiate ou future de cette crise. On serrait emmener à comprendre selon cette logique que si l’Algérie était fermée aux entreprises étrangères, les cadres n’auraient aucune référence salariale et ne fuiraient pas leur entreprise. Si tel était le cas, comment expliquer la présence de plus de 100 000 cadres dans la seule Europe.

3- La solution est ailleurs

Donc le problème de l’encadrement en général et de la gestion des compétences en particulier devra être considéré sous un angle stratégique et doit avoir une vision lointaine. Le monde des affaires ainsi que celui universitaire considère aujourd’hui que la créativité est un moyen de lutte contre la complexification croissante des marchés et l’intensification de la concurrence. L’entreprise pour survivre et surmonter les difficultés que lui imposent les aléas de la mondialisation du marché, dépasse ses frontières pour aller chercher la compétence là où elle se trouve en mettant à sa disposition les moyens qu’il faut. Alors combien même l’Algérie serrait confinée dans son mutisme dirigiste, ses cadres seraient convoitaient de toutes les façons. Aujourd’hui selon les scientifiques, nous serions actuellement dans l’ère de la créativité après celui agricole, industrielle puis informationnelle. Les sciences du comportement qui préconisaient que pour être productif, l’homme au travail doit être heureux, autonome et dispose d’un lien social, poussent leurs hypothèses aujourd’hui pour exiger de lui d’anticiper, de devancer, de créer des idées, des procédures, des produits nouveaux.

C’est primordialement et principalement sous cette optique que les recherches de solutions à cet épineux problème doivent être orientées pour espérer résoudre les difficultés que rencontreront les responsables des générations futures dans le cadre de la gestion des ressources humaines. Quels sont les fondements de ces nouvelles exigences dans la gestion des ressources humaines ? Les entreprises en Algérie ont-elle les moyens pour se mettre au niveau de ces exigences ? Et comment ?

4- Le système de gouvernance Algérien n’encourage pas à la créativité

D’abord l’homme en général et l’homme au travail en particulier est un être créateur seulement, il ne crée pas tout le temps et dans toutes circonstances et donc reste créateur à des degrés divers. On a longtemps pensé que la création n’est pas l’œuvre du commun des mortels en s’appuyant sur une idée grecque qui prônait que l’artiste, créateur par nature est inspiré des dieux. A partir des années 50, des études américaines ont établi que la création est une dimension distribuée normalement dans la population. Donc l’aptitude de créer est quelque chose de fondamental et universel présente chez tout le monde. Elle est par contre plus développée chez les uns que chez les autres il faudrait uniquement la situer par rapport à une moyenne. Cependant deux variables sont nécessaires pour la favoriser : premièrement, la définition claire et précise des missions, de la stratégie et des objectifs de l’entreprise pour susciter chez le salarié un esprit de challenge ensuite favoriser un climat de confiance pour permettre au travailleur de se sentir en sécurité de créer, du moins d’exprimer ses idées.

Alors qu’en est-il dans les entreprises en Algérie ?

- Le système actuel des relations de travail toute convention confondue est fondé sur un principe de commandement / subordination, récompense / sanction. Un bon travailleur bien noté ne doit pas perturber la discipline générale et ne devra en aucun cas déranger l’ordre établi. Celui qui crée, pose des questions et devient un contestataire menaçant ainsi les membres commanditaires d’atteindre leurs objectifs souvent personnels et qui n’a rien à voir avec celui de l’entreprise. Donc le travailleur est censé reproduire ce qui lui est tracé pour répondre aux questions et ne pas poser les siennes. Comment peut-on créer si on est privé de cette curiosité qui alimente notre inspiration et en plus confiné dans un climat de psychose dans lequel se trouvent nos entreprises ?

- Le système de gestion des principales entreprises qui emploient la majeure partie de la population active et sur lesquelles compte toute la nation sont encore au stade d’un mode de gestion du type taylorien mais activiste. En termes plus simples, il se limite à la transmission et l’exécution des ordres avec en plus une forme de relation informationnelle totalement défensive. Aujourd’hui, si on fait semblant d’informer les salariés de la vie de leurs entreprises, c’est uniquement pour faire taire les rumeurs et les orienter vers leurs tâches exécutoires pour mieux les manipuler.

- La formation qui est sensée contribuer grandement au développement de l’esprit de créativité est totalement déviée de cet objectif pour devenir une espèce de sanction. Pour se débarrasser d’un agent turbulent, on lui propose une formation standard sans aucun objectif ni évaluation sérieuse. C’est en pourcentage de la masse salariale qu’on apprécie une action de formation et non en objectif. Un service de formation est jugé par le montant qu’il a dépensé en formation et non sur la base de la qualité de cette dernière. Un des PDG de Sonatrach a confié vouloir dépenser 40 à 50 millions de dollars pour la formation du personnel, alors que d’insurmontables difficultés sont rencontrées actuellement pour placer des jeunes formés à coup de devises dans les différentes structures du groupe et lorsque par chance ils en trouvent, l’affectation ne correspond ni à leur profil ni à leur intitulé de formation. Si les objectifs de cette formation répondent à un besoin précis et projeté, qui devra-t-on adapter, l’homme au poste ou vice versa ? N’est-ce pas une manière indirecte de leur dire : "Partez où vous voulez, on n’a pas de place pour vous. Il était donc préférable qu’au lieu de lancer des chiffres colossaux provenant de la manne pétrolière, de mettre de l’ordre dans la gestion de l’entreprise. Peut-être qu’en faisant cet effort d’implication, on aurait rien à dépenser.

5- Conclusion

A part l’évolution des cours du dollar et les conditions atmosphériques pour réduire la facture alimentaire et espérer une croissance extensive, aucun salarié ne connaît le devenir de son entreprise. La preuve, les intellectuelles et les chercheurs ne savent pas ce qui est devenu le fameux dossier de Temmar sur la stratégie industrielle. Comment espérer d’un salarié, un esprit imaginatif lorsqu’il navigue dans le noir ?

Pour terminer, il est logique que la question de la bonne gouvernance soit à l’ordre du jour lorsqu’on aura su prioriser et prévoir les événements et non subir comme c’est le cas aujourd’hui... A bon entendeur…

R. Reghis, Consultant, économiste pétrolier

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 12:27

Les membres du gouvernement se sont prêtés samedi dernier à des confessions qui laissent aisément deviner que leurs secteurs naviguent à ce jour à vue et consomment des budgets sans objectifs précis.

Le gouvernement a décidé depuis samedi dernier -jour de la réunion avec les walis de la République- de se détacher de son optimisme béat pour avouer au peuple que le pays n'a presque plus d'argent et qu'il faille trouver des solutions qui lui permettent de reconstituer ses ressources. Il ne l'a pas décidé parce que l'honnêteté l'oblige à rendre compte aux citoyens avec la plus grande transparence mais parce qu'il y a été contraint. La chute drastique des prix du baril de pétrole et ses effets baissiers sur les ressources financières nationales ne lui laissent pas d'autres choix. Il y est d'autant plus contraint parce qu'il vient de se rendre compte, après de longs mois de flottement et d'atermoiement, que les cours pétroliers ne reprendront pas de sitôt leurs niveaux élevés comme ce fût le cas ces dernières années mais resteront aussi bas qu'ils le sont depuis plusieurs mois. La signature en juillet dernier de l'accord sur le nucléaire entre l'Iran et les Etats-Unis est pour recréer un ordre économique mondial où l'Algérie non seulement n'aura aucun rôle prépondérant mais en subira les pires des difficultés. L'entrée en lice de l'Iran dans la cour des grands producteurs de pétrole renversera inévitablement les relations internationales et imposera un rythme d'échanges que l'Algérie ne pourra jamais suivre en raison de la faible compétitivité de son économie.

Nos gouvernants n'ont pas tiré de leçons les années 88 où le pétrole avait alors perdu de sa valeur pour être cédé à des prix dérisoires. Et à l'époque, le pouvoir était aussi inconscient et vaniteux qu'aujourd'hui. Il dépensait sans compter. A peine quelques années plus tard et en pleine tourmente terroriste, il avait précipité le pays dans une situation de cessation de paiement qui l'avait soumis à des plans d'ajustements structurels dictés par les institutions de Bretton Woods et où la souveraineté nationale a été fortement bousculée.

QUAND LES MINISTRES SE CONFESSENT A HUIS CLOS

De peur de vivre une période aussi humiliante et de perdre des privilèges que seule la rente des hydrocarbures peut leur garantir, les responsables ont accepté aujourd'hui de se plier quelque peu au jeu de la vérité. Ceci, si l'on ferme les yeux sur le huis clos qui a été observé durant les travaux de la réunion du samedi alors que certains ministres devaient intervenir et répondre à des questionnements de quelques walis essentiellement sur la chose publique et non sur des secrets de défense de l'Etat. De ce huis clos inintelligent la télévision publique en a distillé quelques bribes. L'on découvrira que des ministres ont de suite oublié qu'ils devaient «désormais» se soumettre au test de vérité. Le temps de l'ouverture de la réunion passé, ils ont en effet (re)pris durant le huis clos leurs délires pour des réalités et ont disserté sur le fonctionnement de leurs secteurs respectifs avec ce même accent orgueilleux qu'ils adoptent dès qu'ils côtoient le pouvoir.

Du coup, on entendra l'un d'entre eux se targuer d'avoir opéré des réajustements budgétaires sans nullement toucher à des projets nécessaires au développement. «On a touché essentiellement à des projets à la périphérie du développement», a-t-il déclaré fièrement.

Economiquement «la périphérie du développement» n'existe pas sauf si il y a une arrière-pensée d'avouer que l'Etat a jeté de l'argent par les fenêtres. «Ce sont des concepts fourre-tout qui n'existent plus dans les sciences économiques», font savoir des spécialistes en économie. «On peut comprendre que ces projets à la périphérie du développement dont parle le ministre n'étaient pas nécessaires pour l'économie, on peut donc en déduire que ce sont des dépenses superflues», expliquent-ils.

RESTRICTIONS BUDGETAIRES ET BADGES INUTILES

Un autre ministre recommande de «transformer les secteurs consommateurs de budgets en secteurs créateurs de budgets». A la vue de tous les présents à la réunion gouvernement-walis (excepté le 1er ministre) qui portaient un badge (sans nom ni fonction précisés) y compris les ministres au cas peut-être où on le ne reconnaîtrait pas, l'on aimerait demander à ce ministre si les services publics pourraient s'empêcher, ne serait-ce qu'une fois, de consommer inutilement des budgets (aussi maigres soient-ils) quand on sait que leurs responsables excellent en gaspillages.

«Pourquoi le citoyen européen est-il mieux que nous ?» interroge un autre membre du gouvernement en comparant le niveau de modernité des institutions nationales avec celles «d'ailleurs.» Pour toute réponse à la question du ministre, il suffit juste de voir que le gouvernement s'est vanté d'avoir installé des connections wifi dans les bus alors qu'il est incapable de les assurer aux particuliers. Les services TIC de Zeralda, pour ne citer qu'eux, pourront vous jurer que ces connections existent alors que les citoyens n'arrivent pas à en profiter. «Les responsables du secteur ont dû penser que les Algériens habitent dans des bus», nous disaient l'autre fois des jeunes blasés par les va-et-vient qu'ils font pour faire activer des connections pourtant payées à l'avance.

Encore un autre ministre qui a, pour sa part, jubilé en annonçant qu'«en Algérie, 37% du PIB sont investis dans le développement, ça ne se fait dans aucun pays. «Pour quels résultats ?» interrogent les économistes et les financiers. «Est-ce qu'on a fait avancer le développement ?», interroge l'expert en économie le professeur Mohamed Bahloul que nous avons contacté hier à Oran. Le directeur de l'Institut des ressources humaines préfère aller à l'essentiel et souligne qu' «il y a un problème d'incapacité d'absorption de l'investissement, de valorisation de capital. C'est pour ça qu'il n'y a pas de création de plus-values et de richesses». L'autre problème, dit-il, «c'est l'organisation de l'économie. Elle est structurellement ouverte aux seules importations ; elle ne peut ainsi travailler pour elle-même et tout ce qui est investi profite uniquement à l'étranger». Pour le chercheur universitaire, «le concept keynésien multiplicateur de l'investissement ne fonctionne pas en Algérie pour des raisons liées à l'organisation de l'économie et aux institutions».

DES WALIS, «DES FONCTIONNAIRES ENTREPRENEURS PUBLICS *DES TERRITOIRES» ?

L'économiste estime ainsi que «nous avons un sérieux problème de gouvernance, et l'impérative transformation des ressources en croissance ne peut avoir lieu si ça ne change pas». Bien que Bahloul pense que «le discours officiel reste une orientation, une promesse, un objectif», il note cependant avec satisfaction «l'intentionnalité du gouvernement (qui) est une bonne chose». Il affirme dans ce sens que «ce qui est remarquable, c'est que le 1er ministre semble ouvert à des propositions faites depuis très longtemps par les experts et considérées comme trop critiques, mais qu'il veut aujourd'hui adopter comme mesures à mettre en œuvre, c'est intéressant». L'économiste relève néanmoins que «si le gouvernement adopte des politiques de traitement des urgences, c'est bien mais qu'il réorganise structurellement l'économie, c'est mieux». Il faut, dit-il, qu'«il mette en place des politiques du marché et de l'entreprise sur la base d'une matrice d'incitations claires». Il explique encore «même si le prix du pétrole baisse, le pays n'a pas de problème d'argent de poche. Mais pour reconstituer ses ressources, il faut qu'il fonde une économie mobilisée où l'entreprise a deux ailes, la première celle de l'Etat et la seconde celle du marché». Mais avant il faut, selon lui, réformer les deux. Il appelle à l'émergence «d'une entreprise en même temps organisation, créatrice de richesses et institution». Comme synthèse du nouveau discours de «vérité» du 1er ministre, l'expert en économie pense que «l'idée du développement local est une idée fondamentale parce que l'économie de marché doit s'appuyer sur un développement moléculaire, elle doit commencer par le bas, le capital doit être municipal». Pour ce faire, «si on arrive à transformer les walis, de fonctionnaires en entrepreneurs publics des territoires, le pari du développement est gagné», affirme-t-il. Le professeur Bahloul évoque à cet effet le rôle des gouverneurs des grandes villes américaines dans la réussite du développement local. Pour cela, il faut, dit-il, «des profils psychologiques créatifs très audacieux».

Ghania. O

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2 septembre 2015 3 02 /09 /septembre /2015 12:26

La rentrée sociale n'apporte pas d'innovation économique en Algérie, à part les incantations et les prières pour que le prix du pétrole se redresse.

L'Algérie n'a toujours pas décidé si elle est en crise ou pas.

Alors que les exportations d'hydrocarbures, source quasi unique de devises, devraient baisser de moitié en 2015, le Premier ministre et son ministre des Finances continuent d'affirmer que le pays est à l'abri. Etalant des objectifs totalement irréalistes, pour ne pas dire farfelus, préconisant une chose et son contraire, ils continuent de naviguer sans boussole.

Abdelmalek Sellal et Abderrahmane Benkhalfa jouent en fait une partition très complexe, sans rapport avec la situation économique du pays. Leur rôle n'est pas d'élaborer une démarche d'envergure pour relancer l'économie, ni même de faire face à la crise. Ils sont simplement chargés de trouver le ton juste pour dire qu'il y a des difficultés, mais sans alarmer les Algériens ; de préparer le terrain à des mesures délicates si la situation l'impose, mais sans inquiéter la population outre mesure. L'équation est compliquée, mais comme le gouvernement manie mieux les mots que les concepts économiques, il a des chances de s'en tirer. D'autant plus que le système politique algérien ne prévoit aucune sanction en cas d'échec.

Pourquoi le gouvernement ne peut pas reconnaître que la situation est difficile ? Parce que cela équivaudrait à reconnaître que les trois mandants du président Bouteflika n'ont pas permis de mettre sur pied une économique performante. Après quinze ans de pouvoir, M. Bouteflika ne peut rejeter la responsabilité ni sur le FMI, ni sur le terrorisme, ni sur Chadli Bendjedid. Il a eu le temps et l'argent nécessaires pour bâtir quelque chose. Il est passé à côté. Il n'y a rien à ajouter.

PRIORITES

Mais M. Sellal ne peut pas se contenter de ce constat. Il a un rôle à assumer dans l'architecture du pouvoir algérien. A défaut de vendre du rêve et des ambitions, il distribue des mots et promet des chimères. Il promet, par exemple, une croissance de 4.6%. Faut-il prendre un tel objectif au sérieux, quand dans le même temps le gouvernement annonce une baisse de six pour cent des investissements publics, sachant que la croissance est tirée essentiellement par les investissements publics ? Comment assurer 4.6% de croissance quand, dans des conditions nettement meilleures, avec les mêmes outils et les mêmes méthodes, le pays a difficilement dépassé le cap des 3% de croissance ?

En réalité, les annonces gouvernementales ne traduisent pas des objectifs et des programmes économiques, mais expriment en premier lieu des soucis politiques. M. Benkhalfa les a parfaitement exprimés. Les efforts de « rationalisation » -le mot austérité est banni- toucheront l'investissement, mais pas les salaires assure-t-il. Tout gouvernement sérieux ferait l'inverse : il maintiendrait l'effort d'investissement, quitte à écraser momentanément les revenus des ménages, en pariant qu'à terme, la croissance finira par rétablir le pouvoir d'achat. Mais le gouvernement Sellal n'a pas pour tâche de prévoir sur le long terme. Il est juste chargé de rassurer, de maintenir la paix sociale, avec une pensée secrète : le prix du pétrole se rétablira avant l'épuisement des réserves de change.

EN ATTENDANT «BELLAHMAR»

Fort de cette nouvelle théorie économique, basée sur la prière pour que le prix du pétrole remonte, le gouvernement peut s'installer dans une situation d'attente. Il limite son rôle à celui de pompier : éteindre une émeute avec un peu d'argent, distribuer de la rente pour atténuer les effets trop violents d'une pénurie, maintenir un flux minimum d'importations pour s'assurer que l'approvisionnement du marché ne connaisse pas de dérive grave. Si, avec tous cela, le gouvernement réussit à contracter un peu les importations pour réduire le déficit de la balance de paiements, ce sera un bonus. Et là, les choses sont faciles. Il suffit de laisser glisser le dinar pour que les importations subissent un surenchérissement en douceur, quitte à supporter une inflation imprévue. C'est ce que fait la Banque d'Algérie, avec un dinar qui a perdu près de 20% de sa valeur face aux principales monnaies.

Ce tableau de la rentrée sociale 2015 est-il si différent de celui de l'année précédente ? Non. Le pays est dans le même schéma. A peine si la baisse des revenus extérieurs, amorcée il y a un an, s'est confirmée aujourd'hui. Mais sur une question fondamentale, le pays n'a pas changé. Il continue à croire que la crise est liée à la baisse des revenus extérieurs, alors qu'elle est liée à l'organisation générale de l'économie. Et quand on fait un diagnostic erroné, il est exclu d'apporter le bon remède. D'où le retour aux incantations, et aux « Bellahmar » de l'économie, dont la politique est basée sur la prière pour que le prix du pétrole se redresse.

C. Abed

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 09:48

Germanophobie ou donnée politique nouvelle ? par Olivier Gebuhrer Professeur honoraire, responsable au PCF pour l’enseignement supérieur et la recherche.

Le débat a commencé sur la signification de la crise la plus grave de l’après-guerre sur le continent européen et la crise grecque en particulier. Si, comme plusieurs contributions l’écrivent, il nous faut tout remettre à plat, faisons-le. Au milieu de plusieurs contributions intéressantes à divers titres, on voit pointer du doigt le danger de la germanophobie ; il n’y a chez moi pas trace de vindicte vis-à-vis du peuple allemand mais cet avertissement répété, je l’avoue, me préoccupe. Le gouvernement allemand et notamment W. Schäuble et A. Merkel se sont illustrés le 13 juillet ; ils ne furent pas seuls dans ce coup d’État sans tanks qui surprit par sa violence, son acharnement bien des observateurs peu suspects d’être des révolutionnaires ainsi que par son exceptionnelle dureté contre le gouvernement grec, A. Tsipras en particulier, et ne lui laissa ce jour-là aucun choix. Ils ne furent pas seuls, ils eurent des complices, F. Hollande en premier lieu pour la France et S. Gabriel pour l’Allemagne, certes, mais ils furent à l’initiative et ne s’en contentent pas aujourd’hui ; devant le tollé provoqué y compris en Allemagne, A. Merkel fait le dos rond, verse des larmes de crocodile sur cette « pauvre Grèce », enjoint sa majorité de la soutenir dans les décisions scandaleuses qu’elle a imposées mais… ne veut pas entendre parler de la restructuration de la dette grecque malgré les lézardes qui se font jour, y compris au sein du FMI.

Germanophobie que de dénoncer, fustiger, incendier la caste dirigeante allemande ? Il n’est pas besoin de savantes références pour trouver dans son attitude le retour aux pires traditions de l’histoire allemande. Devons-nous fermer les yeux ? Ou au contraire considérer qu’il y a là une feuille de route du capitalisme allemand et de ses commis ? Et si tel est le cas, devons-nous « circuler, rien à voir » ? ; qui peut nier que lorsqu’un député de la CSU s’écrie il y a quelques mois « enfin l’Europe parle à nouveau allemand ! » sans être immédiatement chassé ni même critiqué, il dit tout haut ce que les dirigeants allemands actuels pensent tout bas et font ? L’Allemagne d’aujourd’hui réarme ; fait ou germanophobie ? Tout cela doit-il faire partie de l’examen sans tabou ou être caché ? En parler ne doit pas envahir l’horizon mais l’affaiblissement du rôle actuel de l’Allemagne comme État de l’UE est une nécessité politique ; est-ce là nourrir un stupide et impuissant désir de trouver un bouc émissaire ou une condition pour que l’idée européenne, la fraternité des peuples, la coopération aient un sens ? S’agiter en criant « coopération, amitié » n’a pas plus de portée qu’hier pour ceux qui s’écriaient « Europe, Europe » et que moquait le Général. Il y a des responsables de premier rang et des complices ; ne confondons pas les premiers et les seconds, sans innocenter ces derniers, il va de soi.

Aujourd’hui, l’heure est à la restructuration et l’abandon de la dette grecque ; comment y parvenir si le gouvernement allemand n’est pas cloué au pilori ? Aujourd’hui, l’heure est à l’exigence vis-à-vis des créanciers « de passer à la caisse » ; le gouvernement grec agit sans attendre, à eux de faire ; comment les y contraindre si se poursuit la politique allemande actuelle ? Où est la germanophobie ? D’autres questions très lourdes se posent ; on n’en parlera pas ici mais ne pas affaiblir le gouvernement allemand dans l’opinion européenne, y compris allemande, c’est préparer des répliques encore pires.

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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 09:46

Le coup de force contre le peuple grec montre une fois de plus que la question démocratique est la question centrale de la viabilité de la construction européenne. Déjà en 2005 le non au traité constitutionnel européen (TCE) avait été méprisé de la même façon. Ces deux événements à dix ans de distance montrent que la démocratie est incompatible avec la construction européenne actuelle. Non seulement, les traités ont doté l’Europe d’institutions non démocratiques qui prennent le pas sur le Parlement élu, mais plus se développent les effets du carcan néolibéral imposé à tous les pays membres, plus le fonctionnement des institutions dérive, s’éloigne de l’apparence même de la démocratie et se perfectionne pour tenir les peuples à l’écart. La « gouvernance » substitue à la confrontation politique un pseudo-débat d’experts qui ne peut remettre en cause les dogmes libéraux, de fait « institutionnalisés » par les traités. La gouvernance s’adapte en fonction des circonstances : tutelles sur les pays récalcitrants, comme la troïka (Commission, BCE et FMI) et maintenant l’Eurogroupe, à l’origine réunion informelle des ministres des Finances de la zone euro, aujourd’hui véritable instance de décision doté d’un président élu en son sein !

Cette situation est intenable, et le fossé qui s’approfondit entre les peuples et les élites européennes produit déjà ses dangereux poisons : des nationalismes populistes avec leurs accessoires racistes, xénophobes à l’intérieur des frontières européennes, et à l’égard des peuples du Sud qui sont les plus proches. Dans ces conditions, le mérite historique du gouvernement Tsipras est d’avoir engagé un bras de fer avec la « gouvernance » européenne, d’avoir réussi à ce qu’une grande majorité du peuple le suive, en ne cachant rien du rapport de forces disproportionné contre la Grèce. Tout le contraire de la trahison démocratique des gouvernements français successifs après le non de 2005, qui ont étouffé le problème.

La suite n’est pas écrite, mais le peuple grec aura envoyé un signal que tous les peuples européens auront entendu, en dépit d’une propagande éhontée orchestrée médiatiquement dans toute l’Europe pour le dénigrer : ce signal est celui de l’exigence d’une véritable démocratie européenne. La dignité du peuple grec renvoie au principe de souveraineté ; un système institutionnel qui bafoue la souveraineté du peuple n’a pas d’avenir. Beaucoup de monde en Europe lutte et exprime sous des formes diverses que les politiques actuelles vont dans le mur malgré la chape de plomb que les gouvernants leur opposent. S’exprime aussi sur de nombreux sujets l’aspiration des citoyens à décider eux-mêmes, c’est-à-dire à être souverains. Ce qui est demandé à la gauche alternative c’est de redonner de l’efficacité à la politique. Il faut avoir l’objectif à l’échelle européenne de sortir de la « gouvernance » actuelle et d’inventer un système démocratique permettant une souveraineté partagée, décidée par chaque peuple, ce qui implique une Europe à géométrie choisie. Cette exigence fait écho à de nombreuses luttes sociales actuelles qui traduisent le refus de la concurrence entre des pays aux systèmes sociaux et fiscaux si différents à l’intérieur de l’Europe.

Il va de soi que la conquête de la démocratie à l’échelle européenne va de pair avec une pratique réelle et permanente de la démocratie citoyenne à tous les niveaux de décision. La grave crise de confiance, le rejet de la politique que nous connaissons en France montrent à quel point les systèmes de représentation issus du XIXe siècle sont caducs et nous obligent à des changements audacieux. Le peuple grec a entrouvert une porte ; il faut lui apporter un soutien sans faille dans son opposition à l’austérité et dans sa volonté de rester dans l’UE. C’est ce qui exprime le mieux ce que nous voulons : une Europe refondée, sociale, démocratique, solidaire.

En répondant par un coup de force au référendum du 5 juillet, l’Eurogroupe s’adressait à tous les peuples d’Europe pour les mettre en garde contre toute velléité de sortir de ses griffes. Cet acharnement a son revers : paradoxalement les autres peuples européens se sont sentis concernés. Faisons le pari que l’attitude à l’égard de la Grèce a ouvert les yeux de beaucoup de monde sur les réalités de l’Europe libérale et sur les solidarités possibles pour la changer : elles pourraient prendre la forme d’initiatives communes qui rassemblent des forces sociales et politiques pour faire avancer d’autres solutions immédiates aux problèmes qui gangrènent l’Europe et d’autres pratiques entre les pays membres. Une dynamique doit commencer.

Une création monétaire pour les besoins sociaux Frédéric Mellier et Vincent Bordas Militants communistes de Gironde

La situation nouvelle créée dans le continent après le coup d’État financier contre la Grèce exige que la gauche révolutionnaire mette rapidement sur la table des analyses, des stratégies et des revendications à la hauteur de celle-ci. Nous pensons que le Parti communiste a ici le devoir de résister au slogan simpliste et réducteur de sortie de l’euro. Le peuple grec l’a bien compris, lui qui a réussi à mettre la question du fonctionnement de la monnaie unique sur la table, mais qui a en même temps toujours refusé le grexit. En sortant la Grèce de la zone euro, le capitalisme allemand souhaiterait, lui, signifier aux peuples européens que l’euro reste une arme économique de guerre, de mise en concurrence sur le marché mondialisé et que ceux qui sont trop faibles pour cela nous quittent !

Alors où étaient les soutiens de la Grèce pour un scénario alternatif ? Certainement pas en France où François Hollande a commencé son mandat en ne renégociant pas le pacte budgétaire européen. Hélas pas non plus dans les autres pays du Sud (Espagne, Portugal, Italie) où les majorités en place avaient surtout intérêt à ce que leurs peuples ne se rendent pas compte qu’il y avait d’autres voies possibles que les cures désastreuses auxquelles ils les ont soumis.

C’est pour autant bien cette convergence d’intérêts dont nous avons besoin pour changer les règles, à commencer par celles qui régissent la Banque centrale européenne (BCE). Les communistes ont dès le départ contesté les règles de fonctionnement de l’Union européenne et de la monnaie unique et les économistes communistes mettent depuis longtemps en débat l’idée d’une création monétaire directement liée aux besoins sociaux, environnementaux, économiques (1).

On en est bien loin aujourd’hui. C’est pourtant bien cela que la résistance du peuple grec met en débat sur la scène européenne et que nous avons le devoir de relayer ici. Par solidarité et par intérêt direct. Ainsi, lorsqu’une piscine, une école ou une médiathèque n’est pas construite ou rénovée dans une commune, pourquoi ne pose-t-on pas la question de l’accès aux crédits bancaires et du poids des charges financières dont il faudrait se défaire ? Pourquoi ne le fait-on pas quand une PME se voit contrainte de licencier alors que les banquiers, eux, ne bougent pas d’un pouce le curseur des intérêts ?

La question est certes complexe. Mais qui peut dire que cette question n’aura pas d’échos après les violents événements dont les peuples européens ont été témoins début juillet ? Et qui peut le dire alors que dans tous nos territoires fleurissent des initiatives de monnaies locales complémentaires dont le but affiché est de « reprendre la maîtrise citoyenne de l’usage de la monnaie » et de son « utilité sociale ».

Ces initiatives, comme la proposition exprimée par certains d’un regroupement des « petits » pays pour créer un système monétaire alternatif au niveau européen, n’ont de sens que si elles constituent un chemin pour changer durablement le paysage européen, en « grand ». Le mouvement communiste et, en France, le Front de gauche doivent maintenir des objectifs élevés de transformation de la société. Concernant l’euro, l’objectif est clair : passer d’une monnaie unique à l’usage de la domination des marchés financiers à une monnaie commune, pour répondre aux besoins des peuples. Nous n’avons pas toutes les réponses, le mouvement populaire est capable de construire des réponses innovantes. C’est ce pari-là que nous devons faire.

La politique contre la « gouvernance » Nicole Borvo Cohen-Séat Sénatrice honoraire

(1) Lire notamment Denis Durand, « En finir avec le tabou monétaire », dans Économie et Politique, septembre 2013.

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