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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 11:31

Pour le peuple iranien qui souffre depuis tant d’années de l’embargo occidental, l’accord sur le contentieux nucléaire est une grande nouvelle. Ce grand pays va retrouver sa place et sa vitalité dans la région. Mais, en même temps, il faut le dire, cet accord va rendre encore plus délicate la question de la saturation du marché pétrolier mondial, puisque Téhéran est déterminé, dès la levée des sanctions, à retrouver son niveau d’extraction de pétrole et de gaz d’antan afin de rattraper son retard de développement.

Pour empêcher cela – la géopolitique du Proche-Orient étant ainsi faite –, l’Arabie Saoudite, ennemie historique de l’Iran, continuera d’inonder le marché mondial d’or noir alors que le niveau de saturation est déjà atteint à un point tel que les prix chutent de jour en jour. Comme un malheur n’arrive jamais seul – sur le plan énergétique s’entend –, l’Irak s’active également à retrouver son niveau de production d’antan, tout comme la Libye, deux pays en phase de règlement de leurs difficultés politiques internes.

Tout cela se déroule sur fond d’une autre guerre géopolitique, celle opposant les Etats-Unis d’Amérique à la Russie : Moscou a cruellement besoin des ressources tirées de ses exportations en hydrocarbures afin de conserver ses positions internationales et de maintenir son statut de grande puissance face à l’ogre américain que l’exploitation acharnée du pétrole et du gaz de schiste a libéré de sa dépendance vis-à-vis des autres pays, notamment du Moyen-Orient. Les Etats-Unis envisagent même de devenir exportateurs.

Les experts du marché de l’énergie n’hésitent plus aujourd’hui à parler de fin de l’ère du pétrole et du gaz rares et chers, de surcroît dans un monde en crise économique structurelle et qui apprend pour des raisons écologiques à se passer des ressources non renouvelables. La surabondance du pétrole et du gaz, combinée d’un côté avec les calculs géopolitiques des grandes et moyennes puissances, et de l’autre avec la stagnation de la demande font que la chute de ces deux énergies est inexorable.

Elle ne sera freinée que sur un niveau, celui en deçà duquel les intérêts des grandes multinationales pétrolières et gazières occidentales pourront être menacés. On évoque un prix de 40 dollars et même en deçà. Il fut un temps, dans les années 1980 et 1990, où l’OPEP réagissait pour tirer les prix vers le haut.

L’Organisation a perdu aujourd’hui de son poids et de son efficacité. Elle est désertée par l’Iran, l’Irak et la Libye, trois pays obsédés par leur reconstruction, et elle est piégée par l’Arabie Saoudite, hostile à l’Iran et soucieuse de conserver ses parts du marché mondial des hydrocarbures. L’OPEP n’est plus aiguillonnée par le «front de résistance» d’antan réduit aujourd’hui pratiquement à deux pays, le Venezuela et l’Algérie. Deux Etats qui se ressemblent précisément par leur dépendance totale aux exportations d’hydrocarbures, n’ayant pas su mettre en place chacun une économie productive.

Pour se maintenir, les régimes en place ont développé à outrance un système social de redistribution de la rente, et actuellement ils sont dans une situation intenable, porteuse de graves périls. L’Algérie peut financièrement «tenir la coup» encore deux années, le temps de puiser dans ses réserves en devises. Au-delà, ce sera le syndrome de 1986- 1987, le pays qui sombre dans le chaos économique et politique (pénuries, corruption, ajustement structurel) avec son lot inévitable de sang versé (Octobre 1988, puis la décennie rouge).

En réalité, la guerre du pétrole n’est qu’un élément révélateur et aggravant de la crise, elle n’en est pas la cause. Celle-ci est à chercher plutôt dans la gouvernance désastreuse qui caractérise l’Algérie depuis l’indépendance et singulièrement depuis trois décennies. Peut-être qu’il est encore temps d’éviter au pays l’apocalypse, le mot n’est pas fort, mais pour cela il faut de nouveaux dirigeants, un autre pouvoir, un autre système politique et civilisationnel. Bref, une autre façon de diriger quarante millions d’Algériens aux besoins et aux aspirations bien plus complexes que ceux du passé.

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