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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 11:32

Lorsqu’un régime politique implique l’armée dans la «gestion» d’un conflit interne, il signe son échec et discrédite les institutions chargées normalement de le faire : les principaux démembrements du gouvernement et les assemblées élues, tant nationales que locales. Une année de gestion approximative du drame du M’zab a conduit inévitablement à un intolérable bain de sang, comme le fut la gestion du soulèvement des jeunes de Kabylie au début des années 2000, qui s’est soldé par plus d’une centaine de morts, tous fauchés par balles.

Ce conflit vieux de quinze ans, mais toujours pendant, a généré un immense traumatisme régional et national. Il aurait pu être réglé, dès le départ, si le pouvoir s’était résolu à apporter une solution à la principale revendication des manifestants qui est la constitutionnalisation de la langue amazighe. Il ne l’a fait, et partiellement, qu’une fois le sang versé par une institution militaire, la gendarmerie, embarquée à son corps défendant dans une crise pourtant à essence strictement identitaire et donc politique.

Au M’zab, la gendarmerie a été également impliquée pour rétablir l’ordre et il y a risque que les militaires eux-mêmes soient sollicités pour intervenir.

La solution pourtant était évidente dès les premiers signes de tension. Il s’agissait pour le pouvoir d’écouter attentivement la population et ses vrais représentants, de recenser systématiquement leurs doléances, puis de les mettre en œuvre dans un plan d’envergure comportant tous les plans : sécurité des personnes et des biens, développement économique, social et culturel de la région, en prenant en considération la particularité sociologique et religieuse du M’zab.

Deux années durant, les autorités se sont contentées de demi-mesures, sans aucun impact économique et social et d’un semblant d’écoute de la population confinée à des notables dont la représentativité n’était pas évidente.

La sécurisation des villes n’était que faiblement assurée, ce qui a laissé la porte ouverte aux confrontations entre groupes, certains probablement aux objectifs maffieux. Le pouvoir détournait les yeux de la région dès qu’apparaissait une accalmie, laissant couver le feu dans les tréfonds de la société. Le conflit a présenté une apparence, celle de la confrontation entre deux communautés, les ibadites et les malékites, mais il avait – et il a – l’implacable réalité d’une extrême complexité : terre et civilisation d’une grande fragilité, le M’zab a été livré sans défense aux agressions multiples générées par le développement anarchique et sauvage du pays et cela depuis l’indépendance, spécialement depuis l’ouverture aux lois du marché.

Les déplacements de populations, les extensions urbanistiques, les nouveaux modes de vie, l’essor des extrémismes religieux ont considérablement pesé sur le tissu social de la vallée, unique dans le pays et dans le monde.

Ces agressions ont fini par la déstabiliser malgré une résistance remarquable des segments les plus sains, notamment des jeunes conscients de tous les dangers : leur crainte est qu’au-delà de la perte identitaire, le M’zab ne subisse une mort lente et que ses richesses, économiques et culturelles, soient livrées aux prédateurs de tous poils qui essaiment dans le pays. Ils crient leur désespoir comme ils le peuvent (manifestations, grèves, pétitions…) tout en gardant l’espoir que les autorités prennent conscience cette fois de la gravité des dangers, parce que le sang a trop coulé.

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