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28 août 2015 5 28 /08 /août /2015 09:02

Que c'est long notre drame! Mais que c'est long! Trop long le feuilleton de cette crise algérienne. Un tunnel sans fin. Disons-le une fois pour toutes afin d'être corrects avec les mots : presque une improvisation théâtrale sans cesse recommencée. Plus de secrets ni de regrets, encore moins de retour en arrière à l'heure qu'il est car la réalité est là. Implacable. Lassante. Triste. Complexe. Rassurante caricature pour une nomenclature gérontocratique aigrie, vantarde, assise sur ses montagnes de mensonges. Sûre de sa normalité, de ses privilèges et de ses prébendes aussi.

Qui peut pardi gober les propos les plus invraisemblables d'un certain Amara Benyounès affirmant crânement il y a quelques mois à qui voudrait bien l'entendre, et ceci bien entendu pour justifier l'injustifiable, que Bouteflika gouvernait par son cerveau et non plus par ses pieds? C'est-à-dire, à la manière d'un Roosevelt (1882-1945) ressuscité qui aurait mis en œuvre, rappelons-le bien, son fameux «New Deal» alors qu'il était sur un fauteuil roulant. Et que le cerveau de ce dernier, Bouteflika s'entend, est plus fort que tous les cerveaux des algériens réunis! Fadaise qui ne l'a cependant pas épargné d'être éjecté comme un malpropre du gouvernement de A. Sellal. Une méthode pas très fair-play à l'encontre de l'un des nouveaux affidés du système de la part d'un gouvernement qui donne l'impression de tout contrôler, tout organiser, tout planifier et tout ordonner bien qu'il ne sache plus faire le tri entre le futile et l'utile, l'utile et l'essentiel, l'essentiel et l'urgent! Maintenant une autre angoisse à nulle autre pareille se profile à l'horizon, obsédante celle-là, le prix du baril du pétrole est à moins de 40 dollars! Une chute vertigineuse des cours au niveau mondial qui augurerait peut-être, qu'à Dieu ne plaise, le pire dans les deux ou trois ans à venir. Que faire alors s'il arrive par exemple à moins de 20 dollars? Comme y procéder? Où allons-nous nous donner de la tête? A nos voisins qui sont, eux aussi, dans le merdier ou à l'Occident, la dernière carte dans les choix difficiles?

Cruel sera notre destin, à nous les algériens, si nous n'y pensons pas dès à présent avec toute la rigueur possible. D'autant qu'au moment où la fourmi était au charbon, la cigale, plutôt nos cigales, je voudrais dire nos élites dirigeantes chantaient dans les prairies... On imagine spontanément la suite : L'Algérie fort probablement endettée à la mi-2017, une spirale inflationniste sans précédent en perspective, dégringolade du pouvoir d'achat, prêts auprès du F.M.I, plans d'ajustement structurel, austérité à fond la caisse, éclatement définitif de ce qui reste de la classe moyenne, chômage massif, pics de tensions sociales qui s'ajouteraient aux cortèges des troubles actuels, risque d'embrasement généralisé et que sais-je encore. En tout cas, les algériens n'ont pas oublié de sitôt la période cruciale des vaches maigres du début 1990 et le cauchemar des bateaux de blé envoyés par les émirs du Golfe moyennant le silence complice des autorités de notre pays sur l'activisme islamiste. A vrai dire, depuis l'histoire de ce quatrième mandat, les calamités n'ont cessé de tomber comme des massues sur nos têtes. Nos élites se sont douillettement installées dans cette duplicité : croiser les bras toute l'année et attendre la dernière minute pour réagir. C'est exactement cette culture de dernière minute qui nous a fait trop mal et nous détruit chaque jour. On ressent même un vide intérieur dans le noyau dur du système, une lente érosion qui progresse inexorablement sur le restant de la société. C'est comme s'il y a une rupture quelque part dans sa façon de calculer, de concevoir le monde et se projeter dans l'avenir. Ventripotent, il lâche des miettes à droite et à gauche, tantôt pour faire taire les islamistes (l'université d'été organisée dernièrement par Madani Mezrag dans une forêt à Mostaganem), tantôt pour se donner bonne contenance auprès de quelques élites pseudo-laïques (les dernières lois concernant les droits des femmes, le harcèlement, etc), et parfois, lorsqu'il se sent vraiment en péril, il les renvoie dos à dos flattant cette fois-là la jeunesse, rien que pour préserver ses propres intérêts. C'est un système moribond qui vit au jour le jour, tentant de se hisser sur un manège immobile. Sa technique, désormais désuète, c'est de ne rien montrer, tout laisser deviner, par ellipses et par rumeurs interposées. Mais cette fois-ci, il semble que les clans au pouvoir ne sont pas tous branchés à la même onde de radio et les tares se révèlent au grand jour sur les pages facebook et les grandes manchettes de journaux.

Le mur du secret érigé en clôture s'effondre. Le dernier limogeage de Bouteflika des hauts cadres de la sécurité trop relayé sur les réseaux sociaux serait-il synonyme de son réelle emprise sur les rouages de l'Etat? Un coup de maître qui a laissé les observateurs les plus avisés sur leur faim. Quel est le message que celui-ci voudrait-il glisser par-là à l'opinion publique? Et puis gouverne-t-il réellement l'Algérie? Ou partage-t-il, d'une manière qui le défavorise vu sa maladie, le pouvoir avec son frère et le patron de la D.R.S? Beaucoup de questions d'un côté, peu de réponses d'un autre quoique l'internet ait mis à nu ces derniers temps les pires dysfonctionnements du pouvoir en place. On peut en donner un autre exemple. Vivement vilipendée au départ par la vox populi pour ses soi-disant origines juives avant d'être nommée ministre de l'éducation nationale, Mme Noria Benghebrit est poussée, malgré elle, par le biais de cette "rumeur-là" de facebook à rendre le tablier. Tout le monde a cru à la nouvelle de sa démission jusqu'à ce que la concernée elle-même l'ait formellement démentie sur internet.

La communication officielle a, comme d'habitude et une fois encore, du plomb dans l'aile. Mais ce qui est à relever dans cette atroce campagne du dénigrement est l'énigmatique « pourquoi» de cet acharnement pathétique sur un ministre d'un secteur donné quand les autres, moins compétents et plus corrompus, en sont épargnés? Après la proposition-alternative d'utilisation des C.D par tous les élèves lésés l'année passée par le rythme des grèves à répétition ayant eu lieu dans le secteur éducatif, une idée du reste fort critiquée par les uns et les autres sinon par la majorité, la ministre s'est penchée dernièrement sur le volet de l'enseignement de la "Darija" à l'école, un vieux projet déterré des revendications de l'époque de l'avant-garde communiste à la tête de laquelle se trouvait le poète Kateb Yacine (1929-1989). Ce qui est perçu par les conservateurs comme une injonction directe du courant francophone ayant pour unique dessein la destruction du legs de la langue arabe classique en Algérie. Malgré un C.V pour le moins que l'on puisse dire costaud, une expérience non négligeable dans l'éducation et une vision moderniste qui ne l'est pas moins, Benghebrit n'a pas échappé à la vindicte. Et pourtant quelques années auparavant, un certain A. Benbouzid aurait passé 14 ans sur le même maroquin, sans projet constructif ni perspectives novatrices, encore moins vision utilitaire pour le secteur de l’éducation sans que personne n'ait eu le courage de bouger le petit doigt. Étonnant! Le système avance comme un poulpe, c'est-à-dire, s'il décide un jour par un choix stratégique quelconque de s'orienter dans une direction précise et que l'un de ses tentacules (ici clans), peu favorable à cette option, prend le dessus sur lui et les autres (tentacules). Il bascule forcément dans l'autre côté, suivant le mouvement du courant. Le consensus circonstanciel et frelaté en tous points de vue à l'intérieur des appareils du système est fait pour que celui-ci se maintienne et non pas pour qu'il construise quelque chose de solide pour les générations montantes, hélas! Enfin, "tout est dans le tout. Et réciproquement" écrit Alphonse Allais (1854-1905). Un des aphorismes typiques qui résume la gravité dans notre malaise et l'exaspération de notre jeunesse d'aujourd'hui. Une jeunesse en déprime comme tout le pays d'ailleurs. Laquelle ne peut vivre qu'en survivant, s'obstinant contre toute évidence à appeler, ailleurs et seulement dans l'ailleurs, un bonheur possible "philosophique" dites-vous "c'est ça l'Algérie, tout est normal" vous rétorquera un citoyen lambda du quartier populaire de Bab El-Oued.

Quand on avale une actualité pareille qui sent le pourri et le dégoût, la digère et l'assaisonne sur la table d'un dîner familial, on ne saurait s'empêcher d'en convenir que c'est un chef-d’œuvre de l'absurde. Et parler de la santé du président, de l'inextricable dossier de la corruption, ça vous plongera nécessairement dans la nausée. A mesure que les inégalités s'accroissent, la société déjà en en plein désarroi tombe en désamour, je préfère ici le mot "anamour" du chanteur Serge Gainsbourg. Une société vide et privée d'humour, complètement désorientée par la banalisation de la violence. Atteinte de surcroît dans les coins qui semblent jusque-là à l'abri par une leucémie incurable dont elle a de la peine à se guérir. En bref, l'Algérie s'est transformée en une aire d'essai gigantesque pour des clans qui s'étripent à couteaux tirés, c'est triste! La tentation est si grande de se servir de cette vache à lait à titre gracieux, tout en s'exonérant des amères réalités du peuple d’en-bas par la biais de la démagogie, ce doux poison de la dictature. En conséquence, la certitude du doute pèse et envahit les esprits. Si l'on pense seulement au degré du délabrement de nos universités, un de mes principales angoisses, moi personnellement. on se rendra facilement compte de notre échec. Ce qui donne une résonance particulièrement alarmiste à l'avenir de la nation. Décidément.

K. Guerroua

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 13:01

Tôt ou tard, un démocrate arrivera au pouvoir en Algérie et mettra fin à cette gabegie qui n’a que trop duré.

"Si un jour le peuple veut la vie, force est pour le destin de répondre", a dit Abou Kacem Chebbi. Et si un jour le peuple algérien veut réellement la démocratie, force est pour le pouvoir en place d’acquiescer, contraint ou de son plein gré, serions-nous tenté d’ajouter.

Tout le monde est pour la stabilité, certes, mais pas à n’importe quel prix. La stabilité qui nous maintient éternellement au rang de pays sous développé, personne n’en voudra. La stabilité qui permet à un clan de rester à vie au pouvoir, aucun ne l’admettra. La stabilité qui laisse deux générations en rade, nul ne l’acceptera.

Il est pour le moins pathétique de voir des vieillards, usés jusqu’à l’épuisement, s’accrocher désespérément au pouvoir, alors que des hommes vigoureux, bardés de diplômes, sont envoyés sans ménagement à la retraite à soixante ans, voire bien avant. De toutes les façons, ils ne sont sûrement pas nombreux les Algériens qui pardonneront à ceux qui, consciemment ou inconsciemment, ont donné l’occasion à nos ennemis de nous affubler du tristement célèbre sobriquet : la risée du monde.

Il suffit d’ailleurs de regarder le petit journal de Canal+ pour voir comment les Français tournent en dérision notre chef de l’Etat. En regardant cette émission, on a l’impression qu’Abdelaziz Bouteflika ressemble à s’y méprendre à un boxeur qui ne peut plus se défendre, ni encore moins attaquer, mais qui continue à monter sur le ring pour des combats perdus d’avance.

A l’impossible nul n’est tenu, dit le proverbe. Alors, il est peut-être temps que chacun connaisse son "kdar" avant de prendre des décisions à même de permettre de vivre dignement le restant de ses jours. Rester au pouvoir pour le pouvoir et prétendre que c’est un sacrifice pour le pays, c’est assurément se moquer des Algériens qui savent bien faire la différence entre un Martyr de la Révolution et un politique des années 2000.

Cela dit, il n’est jamais trop tard pour faire comme les grands dirigeants de ce monde. Le roi d’Espagne, Juan Carlos, et le Pape Benoît XVI, ont tous deux abdiqué, sans que la terre ne s’arrête de tourner. A bon entendeur !

Ahcène Bettahar

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 12:59

La Tunisie est la première destination touristique des Algériens ; chaque année, des milliers d’entre eux passent la frontière Est, pour quelques jours de vacances chez le voisin.

Cette année la donne a changé ; l’attaque meurtrière sur une plage de Sousse qui s’est soldée par 38 morts, a fait fuir les touristes européens et semer le trouble parmi les algériens. Faut-il maintenir ou annuler ses vacances en Tunisie, se disent la plupart d’entre ceux qui ont projeté de s’y rendre ? La question a enflammé les réseaux sociaux : "Il faut être solidaires avec les Tunisiens, répondent les internautes !".

Il faut dire que les Algériens représentent pas moins de 20% des entrées aux frontières tunisiennes, avec près de 1,2 million de touristes. C’est le marché qui a réalisé la plus importante progression en 2014, pour des recettes estimées à 3,57 milliards de dinars, devançant la Grande Bretagne (+4%) et l’Italie (+9%).

Il est clair que l’enjeu est de taille pour les Tunisiens, leur pays risquant de perdre quelque 450 millions d’euros si la saison estivale est gâchée. Tous les officiels tunisiens sont mobilisés et leurs appels du pied sont assourdissants : "aidez-nous à sauver notre démocratie naissante et notre économie si fragile !", répètent-ils à l’unisson. Les Français se disent sensibles et en haut lieu, ils tentent de véhiculer l’appel du président tunisien, Beji Caïd Essebsi, auprès de leur opinion nationale. Les réactions sont mitigées pour ne pas dire défavorables, si l’on se réfère à cet internaute français, qui a publié le message suivant : "Hollande et Fabius conseillent le tourisme en Tunisie, alors que le gouvernement US l’interdit depuis 3 ans ! Mes vacances, monsieur Hollande, poste l’internaute, c’est pour le plaisir de mes enfants avec une motivation première, revenir vivants ! Mes vacances, monsieur Fabius, ce n’est pas aller soutenir une démocratie balbutiante, ou légitimer, a posteriori, le renversement de Ben Ali ! Injustifiable de faire de mes enfants les otages de vos choix politiques !".

En Tunisie, le président vient de décréter l’état d’urgence pour 30 jours ; pendant ce temps-là, de ce côté-ci du Maghreb, les appels se multiplient pour sauver notre voisin de l’Est qui vient d’être frappé par la barbarie terroriste, dont nous avons tant souffert. La solidarité est un principe noble, écrivait un éditorialiste, mais il serait louable d’y recourir, également, quand le drame survient intra-muros. Il n’y a jamais eu d’appel à "envahir" Tikjda, ajoute-il après l’odieux assassinat d’un alpiniste étranger, l’année dernière ; encore moins en 1995, quand des terroristes ravageaient l’hôtel touristique de Tala Guilef, sur les hauteurs du même massif du Djurdjura !

Venez en Tunisie, où vous serez comme chez vous ! L’appel, pathétique, faut-il le dire, passe en boucle ; il est même relié par Djamel Ould Abbes qui, imitant Jack Lang, le ministre "éternel" de la culture en France, pense qu’il est le "dépositaire" attitré de la solidarité en Algérie ! Cela a fait grincer quelques dents en haut lieu, paraît-il. La ministre du Tourisme Mme Selma Elloumi Rezik, agissant en VRP missionné par son pays, a sorti la grosse artillerie : "la Tunisie, a-t-elle affirmé, a mis en place bon nombre de mesures pour sauver la saison estivale, telles l’annulation du timbre fiscale imposé aux étrangers à leur sortie du territoire, l’entrée sans visa pour les touristes russes, angolais ou burkinabais, ou encore la réduction de 30% sur les tarifs des transports aériens et maritimes pour les Tunisiens résidant à l’étranger". Il semblerait, toutefois, que cela n’a pas suffit à décider les vacanciers, nombreux à annuler leur séjour.

Un journal du soir algérien a rebondit sur l’information en posant la question à ses lecteurs : "Avez-vous été rassuré par les mesures prises par les autorités tunisiennes concernant la sécurité des touristes ? Le "non" l’emporte à 69,92% contre 22,84% pour le "oui" !".

Malgré ce sondage défavorable, les Algériens s’en iront quand même en Tunisie, pensent beaucoup d’entre nous, non pas pour exprimer leur solidarité, mais faute de trouver mieux chez eux, en matière d’infrastructures et de loisirs touristiques ! Selon un dernier rapport du Conseil Mondial du Tourisme et du Voyage (WTTC), basé à Londres et réalisé dans 184 pays, l’Algérie se positionne à la 111e place sur 184 pays, loin derrière la Tunisie (49e) et le Maroc (38e).

Bien sûr, la fierté nationale en prend un coup, et pour se donner bonne conscience, les algériens continuent de râler sur les réseaux sociaux : «maintenant que les européens ont déserté les hôtels de Tunisie, les euros algériens sont bons à prendre !», postait un compatriote qui a ajouté : «si l’Algérien veut être solidaire avec le Tunisien, il doit encourager le tourisme familial et boycotter les grands complexes des multinationales où les touristes européens payent leur séjour, aux agences dès le départ !».

Terrorisme ou pas, les Algériens iront, en définitive, se baigner à Sousse s’il le faut, non parce qu’ils sont téméraires, mais parce que leur pays compte 220 plages interdites à la baignade, pour cause de pollution, et les deux tiers des plages restantes sont infréquentables pour les familles. Les Algériens continueront d’aller en Tunisie, puisque toutes les politiques touristiques nationales ont échoué ; leur pays est pourtant très vaste, avec des sites innombrables, une côte interminable, où les places d’hôtels vacantes sont inexistantes ou infimes au regard des besoins exprimés ou latents ; ni les hôtels de gamme moyenne encore moins les auberges bon marché ne sont disponibles ; l’Algérie se targue d’avoir 60 hôtels parmi la gamme de luxe, mais il n’existe que très peu d’hôtels classés dans la gamme moyenne (2 et 3 étoiles) et, souvent, les estivants sont confrontés aux tarifs dissuasifs et rédhibitoires de la nuitée à 10 000 DA et plus. On a toujours parlé au ministère du Tourisme de lancer le tourisme, ou de le relancer :

  1. faut-il commencer par réanimer le tourisme domestique et donc commencer par satisfaire une demande intérieure, pesante et urgente ?
  2. ou alors tout miser sur une demande extérieure, hypothétique et virtuelle, soumise de plus en plus à une impitoyable concurrence ?
  3. peut-on mener les deux actions en parallèle ?

Autant de questions sans réponse, dès lors que le secteur touristique est délaissé par les pouvoirs publics, qui pour l’instant, se gargarisent de discours creux et démagogiques. Certes, beaucoup a été fait, des agences de tourisme ont vu le jour, des formules de voyage ont été testées, des assises du tourisme et même des salons dispendieux sont, ponctuellement, organisés à l’étranger, pour appâter le chaland, en vain. Un ministre chasse l’autre ! L’instabilité du secteur n’en finit pas alors que le pays reste le même, dans ses constantes : plus de 1000 kilomètres de bord de mer, des montagnes boisées surplombant plusieurs vallées et même des cours d’eau ; des sources minérales à ciel ouvert ; dans le Sud et l’immensité saharienne, on trouve les ergs, les oasis, et les parcs du Tassili et du Hoggar ; en amont, des installations touristiques louables, mais franchement insuffisantes ; en aval, une demande interne de plus en plus croissante de vacanciers, effectifs ou potentiels, aspirant à la détente !

Comment appréhender cette équation sachant que les Algériens ne sont pas difficiles ; pour eux il suffit de créer ceci et cela, disent-ils, pour que les choses aillent mieux et que tout le monde puisse profiter de ses vacances intra-muros. Le tourisme, c’est une véritable locomotive économique en ces temps de disettes et l’enjeu qu’il implique ne peut relever du seul secteur chargé de sa mise en œuvre ! Il interpelle toutes les institutions, politiques et privées, jusqu’au moins planifiable possible, l’algérien et sa mentalité ; c’est déjà une priorité ! Intervenir sur les mentalités des opérateurs touristiques, c’est aussi une urgence à prendre en considération.

Potentialités extraordinaires, sites naturels et historiques inestimables, jeunesse de la population, tout plaide pour une "naissance" du tourisme algérien qui est, présentement, confronté à une double exigence de compétition internationale et de réponse à des besoins sociaux et culturels. Aux postes frontaliers de Bouchebka on enregistre, quotidiennement, 900 sorties d’Algériens à destination du territoire tunisien ! Les raisons de ce succès, très simples, se résument comme suit :

  • équipes personnalisées, espaces d’orientation pour accueillir «ce marché algérien», l’un des plus fidèles.
  • prestations hôtelières avec un très bon rapport qualité-prix.
  • plages et piscines gratuites.
  • santé et bien-être des loisirs proposés

La crise que vit l’Algérie en matière touristique n’est pas le résultat d’une fatalité, mais la conséquence directe, faut-il le répéter, des errements de tous ces ministres qui, pour le moins, n’avaient pas les compétences requises pour gérer le secteur. Pour justifier leurs insuffisances, ces responsables ont évoqué la question de l’insuffisance des budgets alloués. Certes le parc hôtelier a besoin d’argent pour son développement, comme il est nécessaire aussi de libérer le foncier pour permettre un maximum d’investissements, mais le secteur a aussi besoin de se débarrasser de tous ceux qui font fuir les investisseurs, lassés d’être rackettés par des responsables beaucoup plus soucieux de leur avenir que de celui du tourisme national !

Ce grand gâchis touristique qui fait par ailleurs le bonheur de nos voisins de l’Est et de l’Ouest, est à inscrire en caractère gras sur le registre des faillites de l’Algérie indépendante. Le nom des ministres qui ont mal géré le secteur et contribué à sa ruine aussi !

Selon les chiffres, l’Algérie n’a jamais dépassé le seuil d’un million de visiteurs étrangers, depuis 1963 ; ce chiffre inquiète et rassure dans le même temps, car il peut être un atout dans le sens ou, abstraction faite du terrorisme, des destinations voisines (Maroc et Tunisie) peuvent connaitre la saturation, contrairement à la Turquie et la Croatie, ces nouvelles destinations en vogue qui en profitent ; pourquoi pas notre pays !

Pour l’instant, l’Office national de tourisme (ONT) est à court d’idées, après s’être dépensé (inutilement ?) dans les salons internationaux de second plan, voire insignifiants et dont la cible de clientèle, en termes de marketing ne correspond pas aux deux produits algériens phares «Saharien et balnéaire» ; il s’agit des salons de Moscou, Budapest (Hongrie), Varsovie (Pologne), Tunis, Casablanca et le Caire.

Les pays européens de l’Est s’intéressent au produit balnéaire de qualité et bon marché et présentement, seule la Tunisie les intéresse et les attire grâce à sa politique d’ouverture et ses prix imbattables ! Les pays qui doivent être ciblés à l’avenir sont l’Allemagne, à travers le salon de Berlin et la France via les salons de Deauville et de Cannes où réside une forte communauté de pieds noirs, avides de visiter l’Algérie. Un éminent spécialiste en tourisme international, Saïd Boukhalfa l’affirmait : "Une destination touristique, en tant que produit national, se construit sur la durée, 10 à 20 ans (construction d’infrastructures adaptées, formation de personnel, campagnes promotionnelles ciblées etc…)".

Le dernier remaniement ministériel a porté, à la surprise générale, Amar Ghoul à la tête du ministère du tourisme et l’artisanat. Ce dernier, écrivait à son propos l’éditorialiste cité supra, donnait déjà l’impression de travailler dans un pays où les ministres, au lieu de réfléchir à l’élaboration des stratégies pour leurs secteurs, passent leurs journées à effectuer des visites sur le terrain. Depuis son arrivée au ministère du tourisme, Amar Ghoul a cherché à reproduire le même schéma : multiplier les sorties et les visites d’inspection pour montrer qu’il travaille, sauf que contrairement aux Travaux Publics et aux Transports, où il était auparavant, les investissements de l’Etat dans le tourisme sont faibles. Et ceux du privé très modestes. Du coup, ses sorties donnent de lui l’image d’un responsable qui s’ennuie et cherche à s’occuper comme il peut : inspection de la plage "Clovis", dans la commune de Abane Ramdane, lancement d’un prix du meilleur travail journalistique sur le tourisme, conseils à une réceptionniste d’hôtel ou encore, rencontre-débat avec l’ambassadeur de Palestine, pour discuter «des moyens à mettre en œuvre pour le renforcement des échanges touristiques entre les deux pays" !

Le tourisme est l’affaire de tous, avait déclaré sans conviction, Amar Ghoul lors d’une visite dans la wilaya de Tizi-Ouzou, où il n’a pas désiré se rendre à Tala Guilef pour visiter l’hôtel touristique qui a fait l’objet d’une attaque terroriste il y a près de 20 ans. Décidément, l’homme n’a visiblement pas le cœur à l’ouvrage, en dehors de la politique !

Une occasion ratée pour le président de TAJ et néanmoins éternel ministre, non pas pour porter le tourisme national sur des fonds baptismaux, il ne faut pas rêver, mais pour au moins commencer à marquer son territoire…touristique !

Cherif Ali

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 12:58

Le temps des fanfaronnades est révolu, plastronner sur les chaires des salons de l’Occident, palabrer indéfiniment la bouche en cul de poule pour épater son auditoire ne sont plus de mise.

La dure réalité des choses a fini par rattraper ces "Tartarins de Tarascon" qui ne cessaient de vanter leurs exploits et de nous gaver de leurs promesses de hâbleurs indécrottables. Ils sont capables de nous mener encore loin dans leurs fadaises et leurs penchants de flambeurs "m’as-tu-vu" avant la fermeture prochaine de la chasse. Ils n’hésiteront pas à puiser dans les bas de laine pour redorer leur blason terni et s’offrir encore quelques coups d’éclats pour sauver l’honneur perdu. Tout cela ne serait jamais arrivé sans la baraka de ce dieu-argent que la rente des hydrocarbures de notre pays est venue mettre entre leur mains pour frimer et rouler carrosse de ce qu’ils n’ont jamais pu fabriquer, produire, ni concevoir par le génie et la volonté de leur peuple. Ce dieu-argent qui leur permet d’acheter la paix sociale et de pourvoir aux frustrations de toutes sortes-là où les prières ne répondent pas. Maintenant que le dieu-argent vient à manquer, le cours du baril de pétrole est plombé en dessous des 60 dollars, les choses sérieuses ne font que commencer.

La solution facile bien évidemment que les rois fainéants et culottés affectionnent le plus est de plonger la main dans la besace du fonds de régulation et des réserves de changes pour sauvegarder un semblant de paix sociale mais surtout pour maintenir le train de vie de château qu’ils voudraient faire durer jusqu’à la fin de ce quatrième mandat, voire plus. Pour la majorité de la population algérienne qui attendait depuis 1999, la relance économique, la sortie des affres du chômage de masse et de la misère, celle qui est suspendue aux promesses pavloviennes d’un programme présidentiel figé dans le temps, celle qui attendait de voir enfin le bout du tunnel, cette majorité-là est désormais sacrifiée sur l’autel des turpitudes du système et de son imprévoyance atavique. Il ne s’est pas gêné de rogner près de 14 milliards de dollars sur les réserves de change à fin 2014, la corruption généralisée, les indues rémunérations et autres parapluies dorés des pontes du système ne font que préparer le chemin à la banqueroute financière avant la fin de ce quatrième mandat. Une banqueroute financière qui nous ramènerait aux années noires de Chadli Bendjedid et de son Premier ministre Abdelhamid La Science.

Ce n’est pas après 16 ans de gouvernance à vau-l’eau que le pouvoir va pouvoir peut-être s’amender et devoir compter sur lui-même et la volonté de son peuple.

"La valeur n’attend pas le nombre des années." Il n’y a plus rien à espérer d’un système prédateur qui attend les honneurs, la caution et la légitimité des puissances occidentales plus que son peuple ne lui a donné.

Khelaf Hellal

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 18:01

Il n'y a aucun dilemme ni paradoxe «guerre ou paix», comme celui de «la poule ou l'œuf». Même si certains belliqueux et faucons pensent qu'une guerre préventive peut accoucher de la paix, cette dernière, quant à elle, tout en étant à la fois plus âgée et plus fertile et féconde, et pourvu qu'elle soit saine et juste, ne risque jamais de pondre des conflits. De parents non identifiés, ou plutôt de géniteurs quelconques, la guerre a anarchiquement proliféré, au point où la paix ne représente désormais que des essoufflements entre les conflits armés.

Comment alors se nourrissent ces deux demi-sœurs ennemies ? Ont-elles autant besoin de munitions l'une que l'autre, ou bien suffit-il de s'enrôler dans la course infernale à l'armement dissuasif pour imposer sa propre vision de la paix ? Peut-on réellement parler d'arsenal militaire de dissuasion quand on fait son marché des armes chez autrui ?

Des défenses remontant à l'âge de pierre et autres rudiments de bord ne permettent-ils pas régulièrement aux habitants de Gaza de défier un embargo inhumain et d'affronter bravement des guerres injustes et inégales, contre un Etat hors-la-loi et surarmé, réglant en toute impunité ses différends politiques et menant ses campagnes électorales par bombes interposées sur Gaza ?

Comment se laisser leurrer et berner par ceux qui prétendent n'avoir ni amis ni ennemis permanents, mais seulement des intérêts permanents, quand c'est Israël même qui constitue le principal intérêt permanent, stratégique et sacré ?

Que reste-t-il de la sagesse et de la raison humaine, quand les rapports de force constituent les principaux critères décisifs pour le recours aux guerres dites préventives, violant la paix tout en prétendant mieux l'assurer ? Autrement dit, n'a-t-on pas tendance à appuyer trop facilement sur la gâchette quand l'ennemi est faible et désarmé ? Et sous embargo comme à Gaza ?

Pour Victor Hugo, les réponses à ces interrogations sont très claires, et seule la paix peut se targuer de disposer de munitions effectivement dissuasives, pourvu que l'on sache en faire usage : «La guerre, c'est la guerre des hommes; la paix, c'est la guerre des idées.»

La paix réelle est une confrontation d'idées et de visions antagonistes, menées sans répit, mais assidûment modérées par le génie de la sagesse et de la raison. Les croisades apaisées d'idées ne font aucune victime et ne connaissent pas de vaincus; la victoire est générale, y compris, voire surtout, pour les déserteurs qui changent mûrement et librement de camp.

Ainsi, même si la faiblesse d'un adversaire peut effectivement constituer un facteur incitant et favorisant, c'est, avant tout, la pénurie d'idées qui serait le principal moteur des guerres et générateur de munitions.

LA DISSUASION OBJECTIVE ET FRUCTUEUSE

Une arme stratégique, authentiquement pacificatrice, doit impérativement d'abord être moralement auto-dissuasive, autrement dit aussi défensive qu'anti-agressive.

«Vous avez votre religion, j'ai la mienne !» Par religion, il est aussi fait allusion dans ce verset à l'athéisme et autres doctrines et croyances.

Ce bref verset coranique est une sublime arme auto-dissuasive de la paix ! Et qui sied à toute autre idéologie. C'est en fait seulement chez ceux qui doutent et ne sont pas confiants en leurs idées, religions ou irréligions, qu'il y a potentiellement problème. Et aucune de ces croyances n'en est prémunie; elles peuvent toutes servir de couverture à des fanatismes prônant des radicalismes violents, principalement pour compenser les doutes et les incertitudes. Il est toutefois vital de souligner qu'en dépit des fixations qu'elles suscitent, les religions n'ont en fait causé que très peu de conflits armés.

A l'issue d'une récente et profonde investigation couvrant une période de 3500 années [1-5], consignée notamment dans l'Encyclopédie des Guerres [2], l'éminent anthropologue franco-américain Scott Atran, expert en terrorisme et religions, affirme, contre vents et marées en période peu propice (2012), que la plupart des guerres de religion n'en sont pas, et que seulement 123 des 1.763 guerres majeures recensées, soit 7%, sont attribuables à des causes religieuses explicites. Cette audacieuse étude démolit ainsi un terrible invariant de l'inconscient collectif, selon lequel l'origine confessionnelle prépondérante des guerres était indiscutable. Cette supercherie collective est imputée aux campagnes radicales et répétées des «nouveaux athées» tentant de discréditer les religions et croyances, considérées dangereuses pour l'humanité. Dès qu'on apprend par exemple que l'Académie des sciences des Etats-Unis compte plus de 90% d'athées parmi ses membres, l'origine de cette imposture immorale devient alors très claire [1,4]. Ce brillant savant Scott Atran, qui ne cache pas son athéisme et son refus de la religion, reconnaît à cette dernière sa capacité d'immunisation morale, de fédération et de résolution des conflits sociaux. Son honnêteté scientifique se démarque singulièrement et bravement de certains de ses collègues qui, comme lui, sont tombés sous le charme de l'irréligiosité, tels Durkheim et d'autres disciples des sciences humaines, dites fragiles et vulnérables [6].

Les guerres ont le plus souvent éclaté pour des visées et desseins expansionnistes, disputes territoriales, conflits d'ordre racial ou ethnique, rivalités militaires, ou désaccords commerciaux [1,4]. En se prolongeant, ces conflits voient ensuite souvent la religion s'en greffer en renfort, surtout du côté du plus faible, injustement agressé, ou croyant ainsi l'être.

Il n'est par ailleurs pas exclu que les rares guerres attribuées aux religions, soient principalement fomentées par de mauvais disciples, sinon carrément par des tyrans incroyants manipulant la religion comme un fond de commerce.

Injustement accusée, la religion contribue en fait à apaiser les esprits et résoudre les conflits, plutôt qu'à les déclencher. Dans les trois religions monothéistes, le simple salut entre deux personnes est un «Echange de Paix». Et tout désaccord éventuel dans un débat intellectuel quelconque peut être paisiblement clos par : «Vous avez votre religion, j'ai la mienne !»

Il est tout à fait légitime de vouloir prêcher pacifiquement son idéologie -religieusement c'est même une obligation, toutefois très conditionnée- mais sans aucune obligation de résultat et la force, contrainte ou violence n'ont aucune raison de s'immiscer dans cette bataille pacifique d'idées.

LA RELIGION, LA PAIX ET LA LEGITIME DEFENSE

Une guerre religieuse ne peut être que défensive. Le pacifisme de la religion est sacré mais n'est toutefois pas naïvement illimité, le djihad et le sacrifice pour défendre l'honneur et la patrie sont des obligations sacrées. On comprend maintenant mieux pourquoi la religion, tout en étant initialement non impliquée dans le déclenchement des conflits, finit ensuite parfois par s'en mêler et presque toujours en position de faiblesse.

De quels préjugés ou partialité peut-on accuser Tony Benn, l'emblématique politicien de la Gauche britannique, quand il déclare : «On est prêt à mourir pour une foi et prêt à tuer pour une doctrine. Là est toute la différence».

Les versets du djihad sont bien présents, et dans des contextes purement défensifs, même si des campagnes de dénigrement accusant l'islam d'agressivité et criminalité injustifiées ne cessent d'être vainement relayées. Campagnes et attaques diffamatoires vaines, et parfois même contre-productives, tel ce fameux film anti-islam qui, après avoir causé l'ébullition du monde musulman, s'est tout simplement achevé par la conversion à l'islam de son réalisateur. Certaines batailles échappent complètement au contrôle humain et à la logique et stratégie militaires, avec des issues que seule la foi peut saisir et percevoir. Ces évènements miraculeux, rares mais périodiques, sont par ailleurs mystérieusement zappés par les médias, dits libres et démocrates, qui façonnent à leur libre guise l'opinion générale, et auxquels certains intellectuels musulmans continuent hélas de rester fidèlement scotchés jusqu'à l'hypnose.

Les batailles menées et dirigées par le Prophète (Prière et Salut sur Lui) ont toutes été défensives. Les expansions ultérieures de l'islam ont été majoritairement pacifiques, et si certaines ont authentiquement enfreint la règle, il est du devoir et de l'honneur des musulmans de s'en démarquer. Les versets et instructions divines sont plus sacrés que les pages historiques, aussi glorieuses et triomphantes puissent-elles être.

Les trois religions monothéistes disposent d'un important socle de moralité commune et ont cohabité pacifiquement pour de longues périodes. A travers ses diverses contraintes morales, la religion peut-elle déranger et se trouver en conflit avec d'autres doctrines ?

La réponse est malheureusement affirmative, notamment avec les «non-doctrines», ces nouvelles formes modernistes de l'irréligion, qui poussent la haine et la provocation des religions jusqu'à encourager toutes les perversions, au nom de la liberté. Les regrettables conflits qui en résultent leur donnent parfois satisfaction, puisque des intellectuels musulmans, en panne de souffre-douleur, ne proposent sérieusement pas moins que de mettre la religion au congélateur temporel.

Tout comme les nombreuses vertus et faiblesses, l'agressivité et la criminalité sont nées avec l'être humain responsable et libre de ses actes, et se sont manifestées dès les premières lueurs de la vie avec Abel et Caïn. Le bien et le mal continueront de s'opposer sous différentes formes jusqu'au Jugement Dernier, quand tous les conflits et litiges connaîtront leur épilogue et tous les bilans finiront par être dressés et jugés.

Références :

[1] : Scott Atran and Jeremy Ginges «Religious and Sacred Imperatives in Human Conflict», Science 336, May 2012, pp. 855-857

[2] : C. Phillips, A. Axelrod, «Encyclopedia of Wars», Facts on File, New York, 2007

[3] : http://foreignpolicy.com/2012/08/06/god-and-the-ivory-tower/

[4] : http://www.savoirs.essonne.fr/sections/actualites/guerre-et-religion-quand-le-sacre-simmisce-dans-les-conflits/

[5] : http://www.lequotidien-oran.com/index.php?news=5185308&archive_date =2013-07-18

[6a] : http://www.hoggar.org/index.php?option=com_content&view=article&id= 3916:science-et-influence-en-haute-ou-basse-voltige-il-suffit-de-peu-pour-basculer&catid=652:charif-abdelhamid&Itemid=36

[6b] : http://lequotidienalgerie.org/2014/04/28/science-et-influence-en-haute-ou-basse-voltige-il-suffit-de-peu-pour-basculer/

par Abdelhamid Charif

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24 juillet 2015 5 24 /07 /juillet /2015 17:59

Comment dire le paradoxe de l'Algérie, ce pays encombré de son immensité géographique qui détonne tous les jours avec le désir de petitesse qui taraude les Algériens, ce pays qui déploie son infinie diversité sous les caméras aéroportées et le regard émerveillé d'un réalisateur étranger quand les siens ne rêvent que d'une bienheureuse uniformité ?

Un peuple qui en aurait pris la mesure aurait suscité des vocations de spéléologues, de chercheurs d'or, de plongeurs sous-marins, d'herboristes, de skieurs émérites, de varappeurs… Des milliers de jeunes aventuriers se seraient lancés à la découverte de ses gravures pariétales, auraient exploré les richesses de ses abysses, de ses forêts, le mystère des couleurs changeantes de ses dunes.

Notre peuple n'en a pas pris la mesure. Il ressent un sentiment de frayeur devant cette immensité qui l'oppresse au lieu de l'enthousiasmer. Les Algériens vont volontiers se dorer sur les plages tunisiennes ou espagnoles à l'abri des regards inquisiteurs de la société, faire du shopping à Istanbul, « laver leurs os » en Terre Sainte, mais ils ignorent tout, ou presque, de leur pays. Ils n'en connaissent que les lieux qui les ont vus naître et qu'ils aspirent à ne jamais quitter.

L'absence d'une stratégie d'aménagement du territoire, de brassage des populations, de mobilité du corps des fonctionnaires, a contribué à l'immobilisme généralisé. La prolifération des centres universitaires a permis à de nombreux jeunes de faire carrière dans l'enseignement supérieur, de devenir professeurs d'université, sans jamais quitter le cocon de la famille et du quartier. Par quel miracle acquerraient-ils l'esprit d'ouverture, la liberté de ton, l'absence de préjugés, la curiosité, caractères inhérents au métier de professeur et de chercheur ? Quelle alchimie ferait de ces êtres enkystés leur vie durant dans la réalité d'une société fermée, des personnages capables d'imaginer que d'autres formes de vie, d'autres cultures, d'autres façons de croire, peuvent exister ailleurs, en Algérie même ? Mieux encore, comment seraient-ils capables d'endosser ces différences, se les approprier, élargir le « petit » roman national construit à partir du quartier de leur enfance pour les y intégrer ?

« C'est un trop petit pays pour un si grand malheur ! », s'exclamait un personnage de théâtre qui apprenait que le minuscule, le paisible Danemark risquait d'être envahi par l'Allemagne nazie. On pourrait paraphraser cette citation en se demandant si l'Algérie n'est pas un trop grand pays pour que son peuple puisse s'autoriser la facilité de la petitesse !

En tout cas, hélas, les drames qu'il a connus sont à sa mesure, la colonisation et ses millions de morts, la décennie noire et ses dizaines, voire ses centaines de milliers de victimes. Peut-être est-ce l'immensité de ces tragédies qui empêche notre peuple de se sentir à la hauteur de son pays, qui l'empêche de l'habiter vraiment et le pousse à s'y comporter comme une sorte d'indu-occupant peu soigneux. La sortie de la parenthèse coloniale, même si elle s'est traduite par l'indépendance politique, n'a pas été une réappropriation par les indigènes de leur territoire. Les villas coloniales ont été investies comme des butins de guerre, tout comme les fiers immeubles haussmanniens. Ces édifices défraîchis sont ancrés dans le paysage et portent un autre récit, une autre histoire, ceux d'une épopée européenne dans laquelle nous campions les rôles des faibles, des gêneurs, des importuns, de ceux qui insultent l'harmonie des paysages urbains. Nous n'avons pas été prévenus du changement intervenu dans la pièce et nous avons continué inconsciemment de tenir nos rôles tels que les avaient définis nos anciens maîtres… Les nouveaux, il est vrai, n'ont pas fait grand-chose pour nous aider à nous défaire de nos habitudes. La première consigne qu'ils nous ont donnée était de garder le silence et la soumission au pouvoir qui se chargeait de faire notre bonheur sans avoir besoin le moins du monde de notre concours…

Il nous faut redécouvrir, réinvestir notre pays. Il nous faut l'explorer, partir à la rencontre de nos compatriotes lointains, trouver ce que nous avons déjà en partage, et ce que nous avons de nouveau à partager. Nous devons nous réinventer en communauté nationale, une communauté qui n'est pas constituée d'acteurs identiques, interchangeables, mais divers, pluriels. Nous devons écrire notre roman national, celui de toutes nos Algéries, celle des Mozabites, des Touareg, des Berbères, des Arabes, des Chaouis, des Ch'ambas, parce que toutes ces Algéries ont contribué à façonner notre patrie, l'Algérie. C'est cette Algérie, « vue du ciel », que nous avons découverte avec ravissement à l'occasion de la retransmission télévisée du documentaire de Yan-Artus Bertrand.

Pour en être dignes, nous devons nous élever à sa hauteur et accepter de porter la lourde exigence de grandeur que requiert de nous ce pays hors normes. Nous ne pouvons garantir sa sécurité en essayant de lui imposer un conformisme illusoire. Il nous faut composer avec ses différences et les prendre comme autant d'atouts. Il nous faut retrouver le mouvement, la tension vers l'universel. C'est par le mouvement en effet que nous accéderons enfin à une citoyenneté pleine et entière, construite, non sur l'ethnie ou la religion, mais sur le désir partagé de répondre ensemble au défi du développement de ce pays dont le destin ne peut être que celui de la grandeur.

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17 juillet 2015 5 17 /07 /juillet /2015 09:23

Comment peut-on rester impassibles face à cette tragédie de Ghardaïa ? Comment ne pas dénoncer cette mise à mort déloyale de l'esprit solidaire, fraternel et humain qui animait nos compatriotes depuis des millénaires ?

Il y a péril en la demeure et pas âme qui vive pour dire "non" à cet énième déraillement de la locomotive algérienne. Pour quelle direction ? Personne ne le sait pour le moment, hélas ! Sans l'ombre d'un doute, cela démontre l'échec patent de ceux qui sont à la tête de l'Etat et, inévitablement, de tout ce qu'ils ont entrepris à tous les niveaux depuis l'indépendance : échec de la culture de gestion, du vivre-ensemble, de la citoyenneté, de la gouvernance, des cadres, des élites, des mentalités, etc.

Pour preuve, ce conflit intercommunautaire dans la vallée de M'zab couvait déjà depuis longtemps sur fond de rivalité confessionnelle et aucun plan de sortie de crise d'envergure n'a été mis en œuvre afin de le contenir. Mais pourquoi ? La réponse n'a guère besoin de grandes analyses pour être trouvée : manque de perspectivisme politique d'une part et volonté délibérée du pourrissement de la situation d'autre part. C'est d'ailleurs ainsi que l'on a pris en haut lieu l'habitude de gérer tous les dossiers sensibles en rapport avec la démocratie, c'est-à-dire, de façon aléatoire et selon les intérêts en jeu du moment. Mais revenons au vif du sujet : Quelle est la part du hasard ? Celle de l'accident ou du destin dans ces derniers événements ayant coûté la vie à plus d'une vingtaine de personnes ? Un massacre sous d'autres cieux. Il serait tôt d'en prononcer un jugement définitif quoique les données qui en ressortent confirment que notre carte territoriale subit à l'heure présente les retombées d'une centralisation chauviniste excessive, érigée en dogme coercitif par cette nomenclature gérontocrate aux commandes. De plus, avec un président impotent dont on ne voit que rarement le visage sur la télévision, une économie rentière qui marche au ralenti à cause de la chute libre des prix du pétrole et des réserves de changes, une corruption vicieuse jumelée à un islamisme de caniveau qui auront sapé toutes les valeurs morales de la société, une incompétence qui se renforce progressivement dans le noyau administratif et une fuite de cerveaux qui ne fait qu'accélérer, l'Algérie se dirige droit vers "une recolonisation en douceur" par l'ancienne puissance coloniale en particulier.

Autrement dit, si cette déliquescence se poursuit à ce rythme, on aura du mal à former, sinon à réformer dans le futur proche ne serait-ce qu'"un semblant d'élite" gestionnaire capable de prendre à bras le corps les défis auxquels le pays sera amené à se confronter. Les prémices de cette dépendance ont déjà commencé par le dossier du football, devenu à défaut de challenges économiques ou autres une affaire de fierté nationale, et s’élargissent peu à peu vers la culture, l'économie, la politique, etc. A proprement parler, le seul message que l'on serait en mesure de décrypter a priori ne saurait que heurter la sensibilité d'une jeunesse fatiguée à l'avance de ce constant délitement : le pays régresse chaque jour davantage, il s'enfonce dans une spirale sans fin. Et voilà que toute une génération livrée à elle-même s'y retrouve, elle aussi. Cet échec, il faut le regarder en face sans illusion, en en tirant les conclusions nécessaires. D'autant que le foyer de tension régionale fomenté par le Printemps arabe au centre duquel se situe l'Algérie n'incite pas à l'inaction et à la négligence. La violence est une source potentielle d'instabilité et ces irruptions de la sauvagerie à la limite de l'irrationnel dans la vie de nos citoyens sont le signe précurseur de quelque chose qui allait nous dépasser si l'on n'y tienne pas compte : l'anarchie.

Mais à qui profite vraiment le crime? A qui profite le trouble ? L'anarchie ? Le flou ? Certes, on ne sait trop quoi dire là-dessus vu la complexité du malaise algérien mais il n'en demeure pas moins que poussées également par les rebondissements des récentes manifestations contre la fracturation du gaz du schiste à In-Salah, nos inquiétudes ouvrent droit à cette interrogation légitime : L'Algérie dérange-t-elle à ce point sur le plan régional ou serait-elle si minée par les luttes des clans aux hautes sphères de l'Etat qu'elle ne puisse rester à la lisière des raz-de-marée de telle ampleur, effet de récupération politicienne oblige ? En d'autres termes, ces événements-là seraient-ils un simple phénomène de société (une chose routinière vécue par les habitants de Ghardaïa) ou un complot sciemment ourdi de l'extérieur comme on a coutume de l'entendre ?

Au fait, aucune théorie, aucune croyance, aucune foi, aucune politique ni aucun programme ne règle quoi que ce soit sans l'intelligence du citoyen et la mobilisation de sa société. A eux seulement d'être responsables de l'empreinte à donner à la nation et de préserver la vie humaine. A eux seuls d'agir dans l’intérêt général. En ce sens qu'ils ne devraient jamais s’interdire d'évoluer et de concevoir la différence comme une richesse, de construire des canaux de dialogue, de tirer la société vers le haut et d'observer avec lucidité les enjeux d'avenir. Or, né d'une fracture entre citadinité et ruralité, ce conflit de Oued M'zab s'éternise et prend le monde à contre courant au moment même où nos responsables se forcent à des farces dans la communication comme pour nier l'adversité que chacune des parties (Chaâmbas et Mozabites) devine dans l'autre. Ce genre de différend, aussi superficiel soit-il, deviendrait d'une inextricable complexité, voire un facteur d'affaiblissement de l'Algérie sur le plan régional et risquerait même de faire vibrer les piliers de l'unité nationale si l'on ne se mettait pas en urgence autour d'une table ronde, regroupant toutes les sensibilités afin d'en faire le diagnostic. On se rappelle bien qu'en avril 2001, des événements d'une ampleur inégalée faisant plus de 100 victimes ont secoué la Kabylie à cause de la revendication identitaire berbère et la réaction des autorités fut d'une violence inouïe à l'époque.

La militarisation des solutions, une technique bien connue chez nous, enfonce souvent le clou dans la plaie et n'arrange rien aux problèmes fondamentaux dont on souffre. Prétendre circonscrire l'incendie de Ghardaïa par le redéploiement massif de l'armée n'est qu'un mensonge en soi. Il faudrait peut-être initier des voies novatrices de dialogue aussi longtemps que possible afin de nourrir les graines d'une vraie réconciliation entre les communautés.

Kamal Guerroua

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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 12:05

C’était lors d’une rencontre organisée par le collectif Nabni autour de l’identité algérienne et le «récit national», qui s’est tenue samedi soir au restaurant Havana (Saïd Hamdine).

Outre l’éminent sociologue, Nabni a convié l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Abderrahmane Hadj-Nacer, ainsi que l’ancien président du PRA, Noureddine Boukrouh, pour débattre de cette question.

A noter que cette thématique inaugure un nouveau cycle de réflexions sur des questions sociétales initié par le think tank, Nabni sous le titre «L’Algérie rêvée».

Ainsi, à l’heure où nous célébrons le 53e anniversaire de l’indépendance de notre pays, le quart de la population est disposé à s’exiler sous d’autres cieux si l’occasion lui en était offerte. Nacer Djabi a tenu à souligner que les personnes interrogées estiment que «les conditions économiques sont plus ou moins bonnes».

Par-delà les conditions socioéconomiques, ces chiffres mettent naturellement en cause la qualité de la vie en Algérie, estime le sociologue, indépendamment du niveau économique. Il n’est, dès lors, pas interdit d’inclure la situation politique et culturelle, et le «climat général» comme mobiles justifiant ce puissant désir de changer d’air qui travaille au corps des millions de nos compatriotes.

55% des Algériens «moyennement pratiquants»

Nacer Djabi a présenté au cours de sa brillante intervention d’autres chiffres, tout aussi significatifs, qui constituent un véritable tableau clinique de l’état de notre société. D’abord, quelques indications méthodologiques.

Contacté par nos soins, le sociologue a tenu à préciser que les résultats qu’il a présentés étaient, en vérité, le fruit de quatre sondages réalisés à différentes périodes : 2006, 2011, 2013 et 2015. Les trois premiers sondages ont été menés dans le cadre du programme Arab Barometer tandis que le sondage réalisé en 2015 a été fait dans le cadre du programme Arab Transformation (ArabTrans).

Il s’agit d’un projet de recherche chapeauté par l’université d’Aberdeen (Ecosse) et financé par l’Union européenne. Il a pour objectif d’étudier de plus près les effets du «printemps arabe».

Ce projet est mené en partenariat avec des centres de recherche de sept pays : l’Algérie, la Tunisie, le Maroc, la Libye, l’Egypte, l’Irak et la Jordanie. «Cela obéit à la démarche des sondages comparatifs», explique le sociologue. Pour la partie algérienne, c’est une équipe de recherche du Cread dirigée par Nacer Djabi qui a mené cette enquête d’opinion. Outre M. Djabi, chef de projet, celle-ci compte également les chercheurs Mohamed Benguerna, Louisa Aït Hamadouche et Fadila Akkache.

Le sondage réalisé en 2015 porte sur un échantillon de 2000 personnes réparties sur tout le territoire national. Nacer Djabi insiste sur le fait qu’il s’agit là d’un échantillon on ne peut plus représentatif quand on sait que l’échantillon standard adopté en sciences sociales tourne autour de 1200 personnes.

«L’une des questions centrales était : Comment les Algériens se perçoivent-ils ? Quelles représentations nos concitoyens ont-ils d’eux-mêmes ?», dit l’auteur d’Algérie, l’Etat et les élites (Chihab, 2008). «40% se définissent avant tout comme Algériens, 36% se définissent comme musulmans, 7,9% se présentent comme Arabes, 7,2% comme Amazighs et 3% se définissent en faisant référence à la région où à la ville dont ils sont issus», rapporte le sociologue.

Ainsi, selon ce sondage, la frange dominante est la référence à la patrie, tandis que le référent religieux arrive en second lieu. Explorant la relation qu’entretiennent les Algériens avec la religion, le conférencier indique que «55,6% répondent qu’ils sont ‘‘moutadayinine ila had ane ma’’ (pratiquants jusqu’à un certain degré) et 32% affirment qu’ils sont pratiquants assidus (‘‘moutadayinnine’’)». Toujours selon le même sondage, «entre 5 et 8% disent qu’ils sont non pratiquants (‘‘ghayr moutadayyinine’’)».


1,2% seulement des Algériens adhère à un parti politique

Le sociologue révèle, par ailleurs, que «76% des Algériens disent qu’ils ne font pas confiance à la majorité des gens» et seulement 18% font confiance à leurs compatriotes. Et ils font d’autant moins confiance à nos politiques : «1,2% des Algériens adhère à un parti politique», souligne le sociologue. «Le parti est l’institution la moins légitime aux yeux des Algériens», analyse-t-il.

Autre aspect abordé, la qualité de la gouvernance avec, à la clé, cette question : «Le gouvernement et l’Assemblée des députés élaborent-ils les lois selon la volonté des gouvernés ?» 50,4% répondent par oui tandis que 40% estiment que le gouvernement et les députés ne décident pas selon la volonté du peuple. Dans la foulée, cette question-clé: «Pensez-vous que les lois doivent être promulguées selon la charia islamique ?» Nacer Djabi affirme à ce sujet que 76% des personnes interrogées se disent favorables à ce que les lois de la République se basent sur la charia tandis que 12% sont contre.

Enfin, «50% des Algériens estiment que la démocratie est compatible avec l’islam», selon ce même sondage. Commentant ces résultats, le chercheur souligne que «les positions modernistes ouvertes sur l’universalité représentent un tiers de la société, soit un Algérien sur trois. Et les deux tiers expriment en général des positions conservatrices proches des courants religieux ou conservateurs».

Et de conclure : «Il y a un travail qui doit être fait en Algérie vis-à-vis des citoyens afin de changer ces proportions et faire en sorte qu’au lieu d’avoir un Algérien sur trois (acquis à la modernité), nous aurons deux Algériens sur trois concernant ces positions.» Nous reviendrons, par le menu, dans nos prochaines éditions, sur ce passionnant débat et notamment sur les interventions magistrales de Abderrahmane Hadj-Nacer et Noureddine Boukrouh.

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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 11:29

La rencontre, il y a une semaine, du chef du Mouvement pour la société et la paix, Abderrazak Makri avec le directeur de cabinet de la Présidence, Ahmed Ouyahia, a suscité bien des interrogations sans toutefois constituer une surprise pour les observateurs de la scène politique. Point d’étonnement, expliquent des analyses, de voir le MSP reprendre langue avec un pouvoir qu’il connaît bien à force de l’avoir fréquenté et soutenu depuis 1992.

Le MSP connaît même encore mieux les arcanes du pouvoir de Bouteflika, dont il a loué les mérites durant trois mandats successifs. Les interrogations suscitées par la rencontre Makri-Ouyahia ont surtout tourné autour du devenir de la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique, dont la démarche ne correspond pas à celle engagée par la formation du MSP. Makri se défend pourtant de vouloir torpiller le contrat de Mazafran et justifie sans convaincre qu’il n’y a aucun changement dans l’attitude du MSP.

Le changement est pourtant patent, le discours de radicalité, que ce parti avait tenu depuis plus de deux ans, – au demeurant étranger à la nature «conciliante» de la formation – est antinomique avec cette subite disposition au dialogue.

Le président de la République, dont le MSP avec la CNLTD contestaient la légitimité et exigeaient le départ, est redevenu fréquentable pour la formation du défunt Mahfoud Nahnah. La sortie médiatique de Bouguerra Soltani, ancien patron du MSP, suffit à elle seule pour confirmer qu’il y a un changement de cap, malgré les démentis de Makri. Le jeu du MSP est quelque peu trouble.

Cette formation anciennement membre de l’Alliance présidentielle semble vouloir jouer sur deux tableaux et deux projets. A la fois membre de la CNLTD et se disant libre d’avoir en parallèle un plan propre au parti, le MSP ne veut lâcher ni l’opposition ni le pouvoir. Pour ce faire, et tout en comptant sur son capital d’ancien allié des partis au pouvoir, il adopte à la fois deux projets, celui de la CNLTD réclamant des élections anticipées comme solution, ainsi que celui du FFS privilégiant le dialogue pour arriver à refonder un consensus national pour changer le système de gouvernance.

Le chef du MSP, qui dit n’avoir représenté que son parti lors de son entretien avec Ouyahia, a pourtant adressé à ce dernier la plateforme de la rencontre de Mazafran qui avait regroupé l’opposition. A-t-il été mandaté pour le faire par ses pairs ? Où est-ce une manœuvre de sa part pour s’imposer comme le vrai interlocuteur sur lequel le pouvoir peut compter pour négocier avec l’opposition ? Abderrazak Makri est sans doute dans une approche intéressée, voulant gagner au moins sur l’une ou l’autre des options. Une danse bien propre à cette formation politique qui n’a eu de cesse de dérouter par ses va-et-vient entre pouvoir et opposition.

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16 juillet 2015 4 16 /07 /juillet /2015 11:28

La stratégie de l’Etat pour réduire la facture des importations de médicaments de 40% se base essentiellement, ou du moins en grande partie, sur l’import-substitution qui consiste en la production de médicaments onéreux spécifiques à certaines pathologies, dont le diabète, l’hypertension ou les maladies cardiovasculaires.


L’industrie pharmaceutique nationale a connu, ces dernières années, un engouement «exceptionnel» en matière d’investissements, avec pas moins de 151 unités de production en phase de construction, en plus des 80 déjà opérationnelles. Or, le développement de la production nationale a largement favorisé l’extension du marché du générique uniquement. Les opérateurs pharmaceutiques sont ainsi priés de fabriquer de nouvelles molécules pour les pathologies lourdes susmentionnées.

D’ailleurs, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb s’est fait le porte-parole du gouvernement en la matière. Pour preuve, la loi de finances complémentaire de 2015 prévoit, selon le ministre, des facilitations au profit des investisseurs intéressés par la production des médicaments inscrits actuellement sur la liste des produits importés.

Cette nouvelle stratégie, Abdessalem Bouchouareb, en véritable «VRP», est venu la prêcher auprès des laboratoires implantés dans la capitale de l’Est, en juin dernier. La traduction de cette vision sur le terrain, si elle n’est pas réellement palpable, elle promet au moins un bond sensible en matière de production d’un de ces médicaments ciblés, en l’occurrence l’insuline.


Deux laboratoires leaders

C’est une véritable offensive à laquelle se livre le pôle pharmaceutique à Constantine pour satisfaire le marché national en matière d’insuline. Avec trois millions de diabétiques recensés en Algérie, l’importation de ce produit se chiffre à des milliards, grevant largement la facture des importations estimées à 468,6 millions de dollars durant les quatre premiers mois de 2015, selon les statistiques des Douanes algériennes.

La nouvelle dynamique «import-substitution» vise à inverser la tendance pour faire reculer les importations de médicaments à usage humain de 40%. «Ce sont des médicaments ciblés, dont ceux relatifs à l’oncologie, cardiovasculaires entre autres», a précisé le ministre de l’Industrie et des Mines. C’est ainsi que l’entreprise Saidal, pionnière dans le domaine, a fait des investissements colossaux dans les projets de la production de cette molécule. Il s’agit des trois formes de l’insuline : en flacon, sirop et cartouche.

Le projet de l’insuline en flacon, qui sera destiné exclusivement aux hôpitaux, «est prêt à 100%», nous dit la directrice du projet à Saidal. Ce projet en coopération avec le laboratoire danois Novo Nordisk sera mis à niveau au cours du mois d’octobre prochain et la date du lancement de validation se fera deux mois plus tard, en décembre 2015. Le coût de l’investissement est de 25 milliards de dinars.

Selon les responsables de l’entreprise, la production démarrera en 2016 et les projections de production tablent sur 45 millions d’unités en flacon, cartouche et sirop.

L’insuline produite à Constantine sera disponible sur le marché national avec un taux de couverture de 100% vers 2017. A partir de cette date, la voie à l’exportation sera largement balisée.

A l’heure où une pénurie de médicaments, particulièrement ceux entrant dans le traitement des pathologies cardiovasculaires, est fortement ressentie, les pouvoirs publics affirment vouloir encourager l’investissement dans le domaine pharmacologique, dans lequel Constantine est devenu un pôle incontesté avec pas moins de 17 laboratoires. «Les pouvoirs publics sont disposés à accorder davantage de facilitations et de soutien aux opérateurs qui produiront localement des médicaments actuellement importés.» Tel un leitmotiv, cette déclaration est venue ponctuer le discours tenu par le ministre tout au long de son périple constantinois.

Dans cette logique, il est à citer le cas d’une autre entreprise qui commence à prendre ses marques dans le domaine, Physiopharm, du groupe ZED Pharm qui produit la Metformine, de l’insuline pour diabète de type II.

Ce laboratoire implanté dans la zone industrielle, Le Palma, occupe la deuxième place en la matière en Algérie. Rien que pour l’année 2014, il a produit 18,5 millions d’unités d’un crédit de 3 milliards de dinars. «La Metformine est fabriquée à 100% en Algérie sous forme injectable ; le marché de l’insuline est énorme, il représente plus de 25 milliards de dinars», a-t-on expliqué au membre du gouvernement.

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