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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 10:46
Manoeuvres de l'armée près de Cherchell (Tipaza), à 90 km d'Alger.

Manoeuvres de l'armée près de Cherchell (Tipaza), à 90 km d'Alger.

Spécialiste émérite de la lutte antiterroriste, le général Abdelkader Aït Ouarabi a été condamné à cinq ans de prison ferme pour des raisons obscures. Décryptage.

L’ horaire légal pour exécuter un mandat d’arrêt – entre 5 heures du matin et 20 heures – est largement dépassé, mais qu’importe, les ordres sont les ordres. L’officier de gendarmerie qui débarque à la cité militaire du quartier de Chevally, sur les hauteurs d’Alger, accompagné d’une escouade de collègues à bord d’une dizaine de 4×4, n’est pas homme à désobéir. Quand il se présente, à 21 heures passées, le 27 août dernier, au domicile d’Abdelkader Aït Ouarabi, dit Hassan, ce dernier n’est guère surpris. Détendu, il invite même l’officier à prendre un café, mais ce dernier décline poliment. Puis explique au propriétaire des lieux qu’il doit procéder à son arrestation et le conduire sur-le-champ au tribunal militaire de Blida, à 50 km à l’ouest de la capitale. Aït Ouarabi n’oppose aucune résistance.

Première nuit en cellule, audition le lendemain devant un juge d’instruction, placement sous mandat de dépôt avant même qu’il ne soit informé des motifs de son incarcération : Hassan voit son sort scellé en moins de vingt-quatre heures. Rapidement ébruitée, la nouvelle fait l’effet d’une bombe. C’est qu’Aït Ouarabi n’est pas un sous-fifre ; général au Département du renseignement et de la sécurité (DRS), il a dirigé le Service de coordination opérationnelle et de renseignement antiterroriste (Scorat), une unité d’élite des services secrets rattachée l’été dernier à l’état-major de l’armée. Inconnu du grand public (il a été nommé au Scorat sur décret présidentiel non publiable lors de sa création, en 2006), aussi mystérieux et insaisissable que l’était son ancien chef, Mohamed Mediène, alias Toufik, écarté en septembre dernier de la tête du DRS après vingt-cinq ans de bons et loyaux services, Hassan est poursuivi pour « destruction de documents et infractions aux consignes ». Jugé à huis clos le 26 novembre par le tribunal militaire d’Oran, il a écopé de cinq ans de prison ferme. Et a décidé de faire appel.

Jugé dans une affaire de lutte contre le terrorisme

Ce n’est que la deuxième fois depuis l’indépendance qu’un général se retrouve dans le box des accusés. En février 1993, Mustapha Belloucif, général-major et chef d’état-major sous Chadli Bendjedid, avait été condamné par le tribunal militaire de Blida à vingt ans de prison dans le cadre d’une affaire de dilapidation de biens publics. Ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar reconnaît que l’affaire qui avait valu la prison et la disgrâce à Belloucif « a créé un syndrome au sein de l’armée ». Aujourd’hui encore, une bonne partie des Algériens est convaincue que Belloucif a été victime d’une cabale orchestrée par des collègues qui ont monté un dossier contre lui avant de le transmettre à la justice. Est-ce aussi le cas pour Hassan ?

Le fait que le nom de Mediène soit étroitement lié à cette affaire confère à celle-ci un caractère très sensible

Cette fois, en tout cas, les juges ne devaient pas statuer sur une affaire de détournement mais sur une opération antiterroriste qui aurait dû rester secret-défense. De surcroît, l’ex-patron du DRS, qui avait une entière confiance dans le prévenu, n’a pas hésité à prendre sa défense à maintes reprises. Et dit même en privé que sortir Hassan de « ce guêpier est une priorité et un devoir patriotique ». Il n’est donc pas surprenant que les avocats de la défense aient demandé son audition comme témoin à décharge. Le fait que le nom de Mediène soit étroitement lié à cette affaire confère à celle-ci un caractère très sensible, d’autant qu’elle survient dans un climat politique délétère marqué par une guerre sournoise autour de la succession de Bouteflika.

C’est que la mise à l’écart de Toufik a été précédée par une série de changements et de limogeages ayant touché plusieurs hauts responsables de l’appareil sécuritaire. Simple restructuration pour certains, mise au pas d’un service hostile au président et à son clan pour d’autres, ces changements ont secoué l’institution militaire, divisé la classe politique et déboussolé l’opinion. Le général Hassan a-t-il commis une faute grave dans l’exercice de ses fonctions ou est-il une « victime collatérale de la féroce guerre des clans au plus haut niveau de la sphère politique », comme l’affirment ses avocats ? Une chose est sûre : c’est la première fois qu’un général du DRS est jugé et condamné en Algérie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.

La longue carrière d’Aït Ouarabi

Les faits remontent à 2013, quelque temps après l’attaque qui a visé le site gazier de Tiguentourine, dans le Sud algérien, causant la mort de 37 otages et de 29 terroristes. Sur la base de renseignements faisant état d’une transaction entre des trafiquants libyens qui gèrent une partie de l’arsenal de guerre de Kadhafi et une cellule d’Aqmi composée d’Algériens, de Maliens et de Libyens, Hassan décide, dans le plus grand secret, de monter une opération en plusieurs étapes pour faire capoter la transaction. Ses hommes infiltrent un groupe rival, surenchérissent sur le prix des armes, les rachètent, récupèrent l’argent, avant de neutraliser les terroristes.

De retour de mission, les hommes de Hassan sont interceptés avec leur cargaison d’armes par une patrouille de l’armée. Branle-bas de combat au sein du haut commandement. Le chef d’état-major, Ahmed Gaïd Salah, a-t-il été tenu à l’écart de l’opération ? Le chef du Scorat a-til agi en électron libre ? Toufik a-til couvert la mission au regard de son caractère de confidentialité ? Interventions et explications en haut lieu ; les hommes de Hassan sont libérés. L’affaire semble close.

Des opérations comme celle-ci, Aït Ouarabi en a mené des dizaines au cours de sa longue carrière. On se plaît à décrire ce père de quatre garçons, la soixantaine bien entamée, comme un as de l’infiltration, du noyautage et du retournement. Une sorte de « SAS » algérien sans le côté libertin et soudard de Malko Linge. Ancien de la marine, qu’il a rejointe en 1963, formé dans plusieurs écoles de renom, passé par la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), Aït Ouarabi fait d’abord ses classes dans l’antiterrorisme au début des années 1990. Proche de ses hommes, il n’hésite pas à donner de sa personne. On rapporte qu’il a été blessé à un faux barrage dans la région de Blida.

Son savoir-faire en matière de covert operations contribue au démantèlement total du Groupe islamique armé (GIA)

En 1993, il quitte l’Algérie pour diverses missions au Sénégal, au Mali, au Niger et au Tchad. Au cours d’une mission d’observation onusienne en Angola au milieu des années 1990, il aurait, dit-on, été blessé, puis félicité par le secrétaire général de l’ONU de l’époque. De retour en Algérie en 1999, Hassan rejoint la direction de la sécurité extérieure de l’armée, avant de reprendre du service dans l’antiterrorisme. Son savoir-faire en matière de covert operations contribue au démantèlement total du Groupe islamique armé (GIA), dont les derniers résidus ont été éliminés en 2005. Son expertise est-elle à l’origine de la création du Scorat en 2006 ? Certainement. Devenu l’interface des services d’intelligence étrangers dans le cadre de la coopération internationale, il était très apprécié par ses partenaires européens et américains. Selon plusieurs de ses connaissances, ses renseignements ont permis de déjouer de nombreux attentats à l’étranger. « Il est l’officier supérieur le plus décoré et le plus titré de l’armée, soutient un de ses avocats. Il a même reçu les félicitations du chef de l’État pour son travail. Aujourd’hui, cette bête noire des terroristes est persécutée. »

Pour Hassan, le vent tourne durant l’été 2013, quand la présidence entame le démantèlement du DRS. Visiblement mécontent de ces changements, il fait valoir son droit à la retraite. Premier refus. Il renouvelle sa demande, cette fois pour raisons de santé. Nouveau refus de sa hiérarchie. Alors qu’on croyait l’affaire close, voilà qu’il est convoqué, en février 2014, par un juge d’instruction militaire pour s’expliquer sur cette fameuse opération d’infiltration conduite à la frontière algéro-libyenne. Longuement entendu par le magistrat, il ressort libre. « Contrairement à ce qui a été dit ici et là, il n’a jamais fait l’objet d’un contrôle judiciaire, affirme l’un de ses avocats. On a tenté de le salir en lui collant diverses charges qui vont de la constitution de bandes armées à la détention d’armes de guerre en passant par la rétention d’informations et le délit de mensonge. » Admis à la retraite début 2014, Abdelkader Aït Ouarabi se soigne, voyage à l’étranger et se consacre à sa famille. Jusqu’à son arrestation le 27 août dernier.

J’ai la conscience tranquille. Je n’ai fait que servir mon pays, répète-t-il à l’envi

D’un caractère bien trempé, Hassan n’hésitait pas à tenir la dragée haute au chef d’état-major de l’armée et s’évertuait à ne rendre compte qu’à Mediène. Cette obstination est-elle derrière ses ennuis judiciaires ? À ses proches, le général répète en tout cas à l’envi : « J’ai la conscience tranquille. Je n’ai fait que servir mon pays. » Et de réaffirmer devant ses juges, le 26 novembre : « Tout ce que j’ai fait entrait dans le cadre d’une stratégie de défense des intérêts de l’État. Les renseignements ont permis d’épargner beaucoup de vies et de protéger des institutions. »

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9 décembre 2015 3 09 /12 /décembre /2015 10:20
Dans un entretien accordé à EL Watan : Les graves révélations de Louisa Hanoune

Il y a une fusion entre l’Exécutif et une partie de l’Assemblée au profit d’une minorité d’hommes d’affaires. Lorsque j’ai réagi aux attaques du secrétaire générale du FLN contre le DRS, le lendemain même, le Président avait demandé à me voir. Je sais ce qu’il pense de chacun.

Elle parle de coup d’Etat, de coup de force, de ministres au service d’intérêts étrangers et d’une oligarchie prédatrice, d’alerter l’opinion publique sur les graves menaces qui pèsent sur le pays. Elle, c’est Mme Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), cette dame surprend, étonne et intrigue aussi bien ses détracteurs que ses fans. Dans l’entretien qu’elle nous a accordé, elle revient sur tous les événements qui ont marqué la semaine.

D’abord, le «coup de force». Que s’est-il passé lors de l’examen et l’adoption de la loi de finances 2016 ? De jeudi à dimanche, il y a eu un véritable coup d’Etat contre le Parlement et le président de la République. Est-il possible de croire que le Président ne puisse pas être au courant, sachant qu’il avait dirigé le Conseil des ministres qui a débattu la loi de finances ? Mme Hanoune est catégorique. «On peut lui présenter un texte que l’on discute et après on en présente un autre à l’APN.

Rappelez-vous les déclarations du Président en début d’année. Le président de l’Assemblée avait refusé le comptage des voix lors du vote en plénière, parce qu’une majorité des députés avait voté l’abrogation de l’article 59 (qui autorise l’endettement extérieur des privés). Lui aussi fait partie de la machine qui a réalisé le coup d’Etat. Bouteflika ne peut pas se suicider.

Il paraît que le ministre de l’Industrie et des Mines est le véritable chef d’orchestre du coup d’Etat qu’il dirigeait à partir des Etats-Unis. D’ailleurs, il s’était vanté devant les membres de la commission des finances d’être l’auteur de tous les articles qui portent l’empreinte de l’oligarchie. Il est connu que le président de la République n’a jamais voulu céder sur un millimètre de ses prérogatives. Il concentre tous les pouvoirs entre ses mains. C’est sa personnalité.

Le ministre des Finances a osé dire que le Président lui a délégué ses prérogatives. Quel mensonge. Dans d’autres pays, ce ministre aurait été démis. Cela veut dire que lui et ceux qu’il sert ont mis le Président en incapacité, et qu’ils se sont érigés en tuteurs. C’est le message qu’ils nous transmettent en parlant en son nom. La Constitution ne permet pas au Président de déléguer ses prérogatives», lance la secrétaire générale du PT. Elle va plus loin. La loi de finances 2016 est anticonstitutionnelle.

Louisa Hanoune poursuit son réquisitoire contre le ministre des Finances qui, d’après elle, a menti en disant que l’Algérie consent 1800 milliards de dinars, le montant le plus élevé dans le monde, en matière de transferts sociaux destinés aux subventions. «Nous savons que ces montants concernent aussi les pensions des anciens moudjahidine et veuves de chouhada et la quote-part de l’Etat en matière de santé.

A moins qu’il nous dise que l’Etat se désengage de l’éducation, de l’enseignement supérieur, de la formation professionnelle et de la santé. Il a encore menti en affirmant l’inexistence d’impôt nouveau pour les citoyens. Or, il y a bel et bien de nouvelles taxes qui détruisent leur pouvoir d’achat. Il faut savoir que le privé traditionnel national est menacé dans son existence.

Donc, il est demandé à la majorité du peuple de compenser les trous provoqués dans le Trésor public par les nouveaux cadeaux aux oligarques et aux étrangers. Dans la loi de finances 2015, il y a eu une amnistie fiscale de l’ordre de 800 milliards de dinars au moins, si ce n’est plus. Cette mesure a légalisé l’évasion fiscale. Par contre, la taxe d’habitation a été généralisée et celle de quatre wilayas — Alger, Annaba, Oran, Constantine — doublée. Ce qui est anticonstitutionnel, parce que les citoyens sont censés être égaux devant les droits et taxes.»

Des ministres au service de l’oligarchie

D’une voix coléreuse, Mme Hanoune accuse le ministre des Finances d’avoir réduit les impôts au profit des multimilliardaires, et au même moment d’avoir accablé la majorité des citoyens. Pour elle, «il y a une fusion entre l’Exécutif et une partie de l’Assemblée au profit d’une minorité d’hommes d’affaires. Je tiens à préciser que je ne vise pas le privé algérien, qui représente les vraies PME-PMI, menacées par la loi de finances. Le patron des oligarques a fait la tournée des ministres, du Parlement et du Sénat. Il s’immisce dans toutes les affaires institutionnelles. Il fait partie de ceux qui confisquent les prérogatives du Président. Il y a aussi des ministres qui font partie de cette oligarchie prédatrice ou sont à son service».

Mais est-il possible que le Président soit dans un isolement total ? La réponse de Mme Hanoune est cinglante : «Lorsqu’on est diminué par la maladie et qu’on ne peut pas se déplacer, on devient tributaire des autres. On peut lui présenter une revue de presse tronquée pour lui faire lire ce qu’on veut. Je suis convaincue que la loi de finances 2016 n’est pas son œuvre.

C’est l’oligarchie et ceux qui servent les intérêts étrangers, notamment français, qui l’ont rédigée. Lorsque j’ai vu le Président en 2014, j’ai remarqué qu’il n’était pas au courant de beaucoup de choses. Comment la situation a-t-elle évolué ? Je ne le sais pas. Le Président était totalement contre l’endettement extérieur et, aujourd’hui, la loi de finances le met en avant.

Des entreprises de droit algérien, Peugeot, Renault, Alstom, Lind, vont emprunter de l’argent chez les pays du Golfe, à la Société financière internationale (SFI) ou à la Banque mondiale et si elles ne remboursent pas, c’est le Trésor public qui le fera à leur place, car il sera le garant. Nous avons déjà payé un milliard de dollars pour rembourser un emprunt d’ArcelorMittal, alors que le pays était étranglé par la dette. Aujourd’hui, on nous pousse à une situation à la grecque.

Ils ont le droit de transférer leurs dividendes, puisque la loi de finances a levé les interdits et personne ne leur demandera des comptes. C’est la dissolution de l’Etat algérien. Ce sont des personnes déterminées à transformer le pays en une Ukraine bis. C’est-à-dire sous la coupe des grandes puissances étrangères et des institutions internationales.»

Des filiales de l’Enageo poussées à la faillite

La secrétaire générale du PT est formelle : le plan de privatisation qualifié de «démantèlement des entreprises» est déjà mis en œuvre et «au profit des oligarques». Des filiales de production de Sonatrach, souligne-t-elle, «ont été tuées pour donner leurs activités au chef de l’oligarchie. Je cite l’exemple de l’Enageo dont des filiales ont été dissoutes sous prétexte qu’elles n’ont pas de plan de charge et, comme par hasard, le chef des oligarques crée une société privée qui s’appelle Algéoland et prend les mêmes marchés. Même scénario avec la filiale Alpha-Pipe qui est en train d’être étranglée pour céder la place à deux entreprises, à Oran et à Ouargla, créées par le chef des oligarques.

Il y a d’autres exemples de démantèlement d’entreprises. Dans les télécommunications, la ministre a déclaré, à l’APN, qu’il n’y avait pas d’avenir pour le secteur public et vous avez dû remarquer qu’Orange est déjà en Algérie. Tout se fait en catimini. Nous savons qu’il y a des velléités de ramener EDF et GDF à Sonelgaz, et je ne vise pas le PDG, cela le dépasse. Le Président tenait absolument à ce qu’il y ait un équilibre dans tous les partenariats. Il ne voulait pas rester otage ou dépendant d’un pays. Maintenant, nous constatons une totale dépendance à la France. Nous sommes gérés à partir de Paris».

Concernant le chef de l’oligarchie, comme elle ne cesse de le nommer, Mme Hanoune rappelle les propos «honteux» qu’il a tenus publiquement. «Il a demandé de confectionner les tenues militaires, alors que l’armée fabrique ses propres tenues. Quelle relation une entreprise de goudron peut-elle avoir avec l’habillement militaire ? Cette oligarchie n’a aucune limite. Elle considère que le pays et ses richesses lui appartiennent et que l’Etat est à leur disposition. Les oligarques veulent tout, et même s’ils ne sont pas capables techniquement, ils sous-traitent. Cela a été le cas pour le matériel de radiothérapie.

En été 2014, a été annoncée la création d’une société à 51% publique et 49% privée, qui sous-traite pour une multinationale américaine. Le chef des oligarques ce trouve à la tête de l’entreprise (partie nationale) représentant et l’Etat et les multinationales. Quel est son rôle ? Allez dans les hôpitaux, vous constaterez qu’il n’y a ni maintenance ni formation. Au CHU Mustapha vous serez scandalisés par la situation dans laquelle se trouve le matériel médical.»

«Youcef Yousfi a été écarté pour son patriotisme»

Revenant sur le limogeage de l’ex-ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, Mme Hanoune n’y va pas avec le dos de la cuillère. Selon elle, il a été écarté à cause de «son patriotisme». Elle précise : «Je ne dis pas que c’est Haddad, le chef des oligarques qui l’a démis. Mais je dirais qu’il y a eu au moins un incident qui pourrait être lié à son limogeage. Le ministre a refusé de le recevoir seul, en lui disant que la réunion se tiendra avec l’ensemble des représentants des organisations patronales. Haddad n’était pas content.

Il a boycotté la rencontre. Les représentants des autres organisations patronales ont reconnu qu’ils n’avaient pas toutes les compétences voulues pour avoir des marchés dans le secteur et qu’ils ne pouvaient intervenir que dans des activités bien précises. Durant cette période, il y a eu aussi la rupture du contrat avec la multinationale française Total, qui se comportait en territoire conquis. La société française est revenue après le départ de Youcef Yousfi. C’est quand même le président de la République qui a chassé Chakib Khelil, et c’est lui qui a aussi donné le feu vert pour que l’affaire soit enrôlée.»

L’oratrice qualifie la défense «scandaleuse» de Chakib Khelil par certains comme «une prime à la trahison et à la corruption», ajoutant : «Le Président a tout le temps défendu les acquis sociaux et, aujourd’hui, le ministre du Travail annonce qu’un million d’emplois seront supprimés dans la Fonction publique, qu’il n’y aura aucun remplacement des départs à la retraire. Au niveau des communes, la loi de finances 2016 est déjà appliquée. Leur prévision salariale (fiche matrice) se fait désormais sur 6 à 8 mois seulement. Les travailleurs de la SNVI sont sortis dans la rue parce qu’ils n’ont pas perçu leurs salaires et à cause de l’article 66 de la LF 2016. L’aide à l’entreprise annoncée par l’Etat n’est pas arrivée.

Idem pour le secteur du textile qui attend. Qu’ils ne nous disent pas que c’est avec l’aval du Président.» Mme Hanoune revient sur le droit de préemption, en notant que ce droit a été supprimé de la loi de finances pour être mis dans code des investissements. «Le droit de préemption a été transféré dans le code des investissements qui a été présenté en Conseil des ministres le même jour que la loi de finances 2016. Le ministre de l’Industrie et des Mines a écrit noir sur blanc que le droit de préemption a perdu son pouvoir de régulation. Puis il l’a vidé totalement de son contenu, comme il a vidé la règle des 51/49%. Le droit de préemption permettait à l’Etat d’intervenir dans tout changement opéré dans une entreprise mixte.

L’oligarchie a exempté les sociétés étrangères de toute obligation. Je cite par exemple Lind, qui s’est accaparé de 66% de l’ENGI, un véritable fleuron et qui exportait assez bien, offerte sur un plateau d’argent par l’ex-ministre, Hamid Temmar. J’ouvre une parenthèse sur le bilan des privatisations, que nous cessons de réclamer et qui n’a jamais été fait. Si un jour un véritable bilan est fait, beaucoup de têtes tomberont et des responsables seraient mis en prison pour corruption et intelligence avec l’étranger.

Pour revenir à l’exemple de Lind, si demain cette entreprise cède 10% de ses actions à l’international à une société israélienne, eh bien celle-ci viendrait en Algérie, dans un secteur stratégique, le gaz industriel qui est utilisé non seulement dans la fabrication des boissons gazeuses, mais également dans les hôpitaux et, à ce moment-là, nous aurions dans notre pays des sionistes, des espions, etc. par la force de la loi. La souveraineté économique nationale que le Président a rétablie en 2009 et 2010 a été démantelée au profit des oligarques et des intérêts de puissances étrangères, notamment la France.»

«Un responsable viré pour intelligence avec l’étranger se retrouve ministre»

Le témoignage de Mme Hanoune est très grave. Elle dit s’attendre à tout. «Lorsqu’on nomme au gouvernement un ministre qui a été viré de la fonction qu’il occupait à la tête d’une instance importante, pour accointance avec l’étranger, sur rapport officiel, rédigé par le Premier ministre de l’époque, actuel directeur de cabinet de la Présidence, c’est que le pays va mal. Ce personnage est à la tête d’un ministère de souveraineté. Cela veut dire que nous sommes face à une œuvre gigantesque de démolition de notre pays. C’est carrément l’ukrainisation de l’Algérie», crie Mme Hanoune. Elle insiste sur l’état de santé du Président. Pour elle, «il a la tête qui fonctionne, il dirige le Conseil des ministres, des débats, donne des orientations et reçoit des personnalités étrangères avec lesquelles il passe de longs moments.

Cela veut dire soit qu’il y a falsification des projets de loi qu’on lui soumet, ou alors les remarques qu’il fait ne sont pas prises en compte parce qu’il ne peut pas se déplacer pour vérifier. Nous ne pouvons plus nous taire. Ce que le terrorisme n’a pas réussi à réaliser pendant toute la période de la tragédie nationale, ces oligarques, ces prédateurs et ces traîtres sont en train de le faire. Ils veulent détruire ce que nous avons hérité de la guerre d’indépendance au prix du million et demi de martyrs.

Les patriotes ne peuvent accepter cela. Le ministre des Finances nous demande de crever la bouche ouverte et de ne pas résister». Mme Hanoune s’exprime aussi sur l’armée. Selon elle, ce qui s’y passe fait partie de «ce complot» contre le pays et ses institutions. «Ils sont en train de détruire les facteurs d’immunité de la nation algérienne sur tous les plans, y compris dans le domaine sécuritaire, où l’on constate des coups fatals. Quand on jette en prison un homme comme le général Hassan, héros de la lutte antiterroriste, c’est qu’on lance une invitation à Daech et Al Qaîda.

On l’accuse d’association de malfaiteurs alors que ce sont ces oligarques et ces prédateurs qui sont en train de détruire le pays et de le livrer à la rapine. Je doute fort que le Président soit au courant de ces décisions». La responsable du PT évoque la «restructuration» du DRS, qu’elle qualifie de «démantèlement». «A la longue, cette restructuration s’est avérée n’être qu’un démantèlement des services de lutte contre le terrorisme et contre la corruption. C’est un appel à la dilapidation et à la prédation.

Quand on dissout une section de contre-espionnage économique, il est clair qu’il y a une vision : celle d’un Etat derrière une oligarchie sans contrôle. Nous sommes totalement fragilisés. Il n’y a pas de justice indépendante qui s’autosaisit des affaires de corruption. Se rendent-ils compte qu’ils sont en train de démanteler notre immunité ? De telles décisions touchent le moral des troupes, il y a une perte des repères, une déstabilisation généralisée qui ne touche pas uniquement le département du Renseignement, mais aussi les entreprises publiques et le secteur économique.»

«Quelle relation peut avoir une société de goudron avec l’industrie militaire ?»

Mme Hanoune revient sur sa rencontre avec le vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah, après les attaques du secrétaire général du FLN, Amar Saadani, contre le DRS. Elle se garde d’aller dans le détail, mais affirme avoir posé des questions très précises. «Je lui ai dit : est-ce que le général avait constitué un groupe terroriste ? Il m’a répondu : jamais. Je lui ai dit : est-ce qu’il s’est approprié les armes ? Il m’a dit non. Auparavant j’avais posé les mêmes questions au Président qui m’a affirmé que le général était un patriote, un homme intègre et que son affaire avait été classée parce qu’il n’a rien fait. Je ne comprends pas comment, une année après, le général est mis en prison.

Pour moi, il y a incontestablement une jonction entre l’arrestation du général Hassan, les attaques contre le DRS et son démembrement. Un jour, tout se saura et les noms des responsables seront connus. Il ne s’agit pas de parler de personnes ou de remplacer X par Y. Il s’agit plutôt de savoir dans quelles conditions cela s’est fait. Nous ne le savons pas. Ce n’est pas le Président que j’ai vu pour la dernière fois, lors de son investiture en 2014, qui aurait décidé de toutes ces mesures. Il n’est plus accessible ni à moi ni à d’autres. Par le passé, j’avais la preuve que le courrier lui parvenait.

Lorsque j’ai réagi aux attaques du secrétaire général du FLN contre le DRS, le lendemain même, le Président avait demandé à me voir. Il a porté des jugements sur des personnes. Je sais ce qu’il pense de chacun. Raison pour laquelle je ne peux pas croire qu’il soit à l’origine de toutes ces mesures. D’ailleurs, il avait remis de l’ordre, à travers un communiqué cinglant, contre ces attaques. Même le directeur de cabinet de la Présidence s’y est mis pour dire que ce département était appelé à d’autres missions. De quelles missions parle-t-il ? Tous les services de Renseignement ont la même mission, à moins d’en faire une police politique. Le procès du général Hassan a été d’une illégalité parfaite, comme cela a été le cas à l’APN.

C’est la loi de la jungle.» Que faire ? Mme Hanoune répond : «Il y a la mobilisation des groupes parlementaires malgré les divergences politiques.» Et de préciser que cette alliance est «une première». «C’est la première fois que cela arrive. Tout le monde a compris les enjeux qui sont le sauvetage de l’Algérie de la ‘somalisation’. Les députés vont s’adresser aux sénateurs. Nous savons que le secrétaire général du FLN a usé de menaces contre ses députés au cas où ils ne voteraient pas, mais aussi de récompenses (des postes à l’étranger) à ceux qui défendraient les mesures antinationales. Mais le peuple est conscient du danger.

Il est très inquiet. Le gouvernement appelle à l’émeute. Il prépare un printemps arabe, c’est-à-dire le chaos. Nous prendrons nos responsabilités et nous ferons alliance avec tous ceux qui veulent résister. Cette mobilisation les a déchaînés contre nous. Ils savent que si le Président prenait connaissance de ce qu’ils font, il réagirait. Peut-être qu’il a eu vent de la lettre du Groupe des 19, mais je doute fort qu’il ait pu lire son contenu. Je suis convaincue que s’il l’avait lue, il aurait appelé certains membres du groupe, peu importe qui, pour savoir de quoi il en est.»

Pourquoi de telles dérives et dans quel but ? Mme Hanoune marque un temps d’arrêt puis apporte quelques éclairages : «Ces gens veulent que la situation reste comme elle est. Que le Président ne guérisse pas, qu’il ne puisse pas être mis au courant des affaires de l’Etat ou recevoir les gens. Cela leur laisse le terrain libre pour disposer des richesses. Ils paniquent parce que le prix du baril ne cesse de dégringoler. C’est la course contre la montre. Il faut qu’ils prennent tout et maintenant.»

Les révélations de Mme Hanoune sont graves. N’a-t-elle pas peur des représailles ? Elle répond avec assurance : «Bien sûr qu’il y a eu des provocations et les propos du secrétaire général du FLN constituent une violence et un appel au meurtre. Je le sais, dans les moments de crise, il y a des forces centrifuges qui se mettent en mouvement. Lorsque je suis sortie de prison en 1984, j’avais le choix entre cesser de militer, opter pour une vie ordinaire en considérant que j’étais ‘grillée’, c’est-à-dire fichée, ou poursuivre le combat pour la démocratie.

J’ai opté pour le militantisme car j’étais convaincue de la justesse de mon combat. Pendant la tragédie nationale non plus, je n’ai pas cédé aux menaces de mort et au chantage à la famille. Aujourd’hui, c’est le 1er Novembre 1954 qui est en cause et tous les patriotes sont interpellés. Ce n’est même plus une question d’idéologie. C’est le sauvetage de la nation par la préservation de l’Etat hérité de la Révolution. Nous n’avons pas le droit de trahir les martyrs, le peuple algérien et la Révolution.»

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 12:57
Ces étudiants entraînés par la spirale Daech

En Algérie, le phénomène des étudiants recrutés pour combattre aux côtés de la nébuleuse terroriste Etat islamique (EI, Daech) a été signalé à plusieurs reprises.

A l’instar de nombreux étudiants de plusieurs pays, certaines «brebis galeuses» inscrites dans les universités algériennes sont devenues des terroristes de Daech. Des cellules de recrutement affiliées à l’EI ont jeté leurs tentacules sur eux à travers les réseaux sociaux. A Boumerdès, Tlemcen ou encore Alger, ces structures ont réussi à piéger des étudiants et à les enrôler dans cette internationale terroriste. En janvier 2015, une importante cellule de recrutement d’étudiants, potentiels djihadistes, avait été démantelée à Tlemcen par la section de recherches de la Gendarmerie de Remchi.

Cette importante cellule était composée de 27 éléments, dont des étudiants et une étudiante de l’université de Tlemcen. Agée de 33 ans, la jeune femme était le «cerveau» de la cellule ; elle était épaulée par un agent de l’Algérienne des eaux. La cellule en question avait ciblé plusieurs étudiants de l’université de Tlemcen, mais aussi certains issus d’autres facultés de l’ouest du pays. L’objectif de cette structure étant d’envoyer les étudiants enrôlés en Syrie en passant par la Turquie. D’autres recrues étaient destinées à rejoindre les camps d’AQMI.

C’est lors d’une opération antiterroriste menée dans plusieurs villes de l’Ouest que les gendarmes enquêteurs sont tombés sur l’adresse IP de l’ordinateur de l’étudiante ; d’importants messages codés y ont été découverts, ce qui a permis la localisation de la cellule. Parmi les membres de ce groupe figuraient deux étudiants et deux femmes, dont l’étudiante en question. Pour ce qui est de l’agent de l’Algérienne des eaux, il avait comme rôle de manipuler et endoctriner les étudiants des facultés de l’Ouest et de les enrôler dans l’organisation terroriste EI.

Des agents marocains, turcs et syriens pour piéger les étudiants algériens

Le démantèlement de cette cellule terroriste a été effectué, rappelons-le, sur la base des renseignements parvenus à la brigade de la Gendarmerie nationale de Remchi. Les investigations ont été confiées à la section de recherches en vue de faire tomber les membres du réseau. Après des semaines d’enquête, ces experts de la lutte antiterroriste ont identifié l’agent de l’Algérienne des eaux, âgé de 33 ans. Ce dernier a été interpellé et son domicile perquisitionné par les éléments de la section de sécurité et d’intervention (SSI) appuyés, lors de cette opération, par les gendarmes de la section de recherches. Son interrogatoire a permis d’obtenir le nom de son acolyte : la jeune étudiante de Tlemcen.

Après être tombée dans une souricière tendue par les gendarmes, cette dernière a fini par livrer les noms de ses complices. C’est ainsi qu’un troisième informateur, un jeune homme de 29 ans, titulaire d’une licence et d’un mastère sans emploi, a été interpellé à son tour. Il était chargé par ses acolytes de prodiguer aide et assistance aux groupes terroristes en activités à l’ouest du pays, aidé en cela par un étudiant de 24 ans, en fuite à ce jour. Poursuivant leurs investigations, les gendarmes enquêteurs ont interpellé 24 membres de ce groupe et effectué des perquisitions de domiciles dans plusieurs localités de la ville de Tlemcen. Parmi les interpellés figure un étudiant originaire de Remchi qui prépare un mastère à la Faculté de Sidi Bel Abbès.

Grâce à cette série d’interpellations, les gendarmes de Remchi ont recueilli d’importantes informations sur l’activité terroriste dans la région Ouest. En effet, il s’avère que les membres de cette cellule avaient des liens directs avec des recruteurs de Daech basés en Turquie et en Syrie. A travers des messages codés postés sur les réseaux sociaux (facebook, Skype et Twitter), les étudiants algériens membres de la cellule de Tlemcen échangeaient des informations avec des agents de recrutement turcs, syriens et d’autres nationalités. Des discussions instantanées via «vidéo messenger» ont été échangées entre plusieurs parties, mais sans révéler leurs noms ni leurs objectifs ni même citer de lieux.

Prudence et vigilance étaient de mise entre les étudiants candidats au djihad et les recruteurs de Daech. Toutefois, les gendarmes de la cybercriminalité sont arrivés à décoder l’ensemble des techniques utilisées par les membres de cette cellule. Le démantèlement de cette cellule terroriste a permis aux enquêteurs d’avorter un vaste plan de recrutement de jeunes Algériens qui devaient rejoindre les rangs de l’EI en Syrie et en Irak. Plus encore, les investigations ont démontré que cette cellule avait des liens avec d’autres recruteurs établis et actifs au Maroc.

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 11:54
Généraux : Dans les coulisses des purges

«Tout ce qui se passe en ce moment doit être lu à la lumière de la refonte des relations civilo-militaires voulue par Bouteflika.

Dans la lutte entre le DRS et le cercle présidentiel, c’est ce dernier qui a gagné. Alors il élimine tous ceux qui le gênent !» Pour le politologue Rachid Tlemçani, les arrestations menées depuis l’été contre plusieurs hauts officiers de l’armée et des services — tous des fidèles à Toufik — et surtout les condamnations qui ont été prononcées contre eux obéissent à une logique très simple : s’en débarrasser.

Après le général Hassan, le patron du Scorat, Service de coordination opérationnel et de renseignement antiterroriste depuis une quinzaine d’années, condamné le 26 novembre à 5 ans de prison ferme pour «destruction de documents» et «non-respect des consignes», c’est au tour du général Djamel Kehal Medjdoub, ex-chef de la garde présidentielle à être condamné à 3 ans de prison ferme pour «négligence» et «infraction aux consignes militaires».

Un cadre du DRS affirme lui aussi que tout cela a été orchestré en amont. «Plusieurs juges militaires du tribunal d’Oran (où a été jugé Hassan) ont refusé de participer à ce procès. Alors Gaïd Salah a nommé un nouveau procureur en septembre, exprès pour le procès Hassan.» Dans les rangs de l’armée, certains proches de Abdelkader Aït Ouarabi (son vrai nom), expliquent qu’il était une «cible facile». «Un cow-boy», «une tête brûlée», «un obstiné», qui n’en faisait «qu’à sa tête» et paye aujourd’hui son insubordination. Mais pour en revenir à l’histoire, elle se passe lors d’une opération secrète en Libye, ses hommes, d’après plusieurs sources proches du dossier, sur la piste de Belmokhtar, saisissent plusieurs tonnes d’armement dont des missiles français et russes.

De retour en Algérie, ils cherchent à rejoindre Tamanrasset pour ramener l’armement et tombent, d’abord, sur les hommes de la 6e Région militaire, puis sur ceux de la base qui les accusent de préparer un coup d’Etat. «Hassan, qui considère qu’il n’a de comptes à rendre qu’à Toufik, passe outre les ordres de l’état-major, poursuit notre source. Imaginez la réaction de Gaïd Salah...»


Mal nécessaire


Après les réactions de Khaled Nezzar qui s’est indigné de la «sévérité du jugement qui efface d’un trait toute la carrière d’un homme qui a voué sa vie au service de la nation», qualifiant le procès de «mascarade», ou celles de Louisa Hanoune, qui a témoigné à El Watan combien le haut gradé était «craint par les services de renseignement de nombreux pays pour sa probité, sa compétence et son patriotisme», des cadres de l’armée relativisent. «Il ne faut pas regarder ce verdict avec un œil de civil mais avec un œil de militaire, explique un officier. Au regard de la gravité des faits, en l’occurrence la dissimulation d’informations à des supérieurs ou à d’autres corps de l’armée, cette peine de 5 ans n’est pas si sévère, surtout au vu du caractère secret-défense de ce qu’on lui reproche. L’officier-général bénéficiera de toutes façons de meilleures conditions d’incarcération que dans une prison civile.» Certains voient même dans cette mise à l’écart des figures des années 1990 une possible opportunité de renouvellement de générations.

«Ces procès sont un mal nécessaire pour tourner la page. Après l’adoption de la charte pour la paix et la réconciliation nationale, Bouteflika avait déjà voulu faire table rase du terrorisme et avait, dans ce sens, envoyé à la retraite un bon nombre de généraux. Mais cette restructuration avait touché très peu de personnes et quasiment aucun officier du commandement», se souvient un officier à la retraite. Le démembrement du DRS voulu par le chef de l’Etat a d’ailleurs aussi été perçu à l’intérieur de l’institution comme une «restructuration de l’armée» doublée d’une dépolitisation et d’une «dépolicisation» (même si ce n’est, au final, pas le cas), qui subsistera après le départ d’une génération ambiguë qui dirige l’armée et le pays.

C’est aussi l’avis de Rachid Tlemçani, qui explique qu’au-delà de l’analyse politique, celle de la lutte des clans qui tourne en faveur du vainqueur, il faut voir dans ces chamboulements «une réforme du secteur sécuritaire». «Le DRS, pour survivre, doit faire sa mue et s’adapter aux nouvelles techniques de renseignement. Pour cela, il a besoin de la nouvelle génération de jeunes officiers qui, jusque-là, ont été écartés des postes de commandement.

La génération des généraux de la guerre froide est terminée. Mais c’est bien connu, il y a au sein de l’armée un sérieux conflit à la fois générationnel, régionaliste et un conflit de compétences.» Une perspective possible dans un monde idéal, «mais pas dans celui de l’Algérie, indique un cadre du DRS. Ceux qui ont été mis à la retraite ont entre 48 et 54 ans. Que veut-on ? Mettre des gosses de 30 ans à la tête de structures aussi sensibles ? Le DRS était haï parce qu’il faisait son boulot. Il a un maillage très fin du territoire et des populations. Aujourd’hui, avec qui va-t-on travailler ?»


Betchine

Pour un haut gradé, les procès de Hassan et Medjdoub, ainsi que la mise à la retraite de 37 officiers proches de Mohamed Mediène sont surtout «des procès faits au DRS». «Les tensions entre l’état-major et l’armée ne sont pas nouvelles. Lors de l’assaut donné contre les terroristes à In Amenas en janvier 2013, il y avait déjà eu un désaccord. Gaïd Salah voulait négocier et Tartag, qui était à ce moment-là patron de la DSI (soit le n°2 du DRS), avec Hassan ne voulaient laisser aucune chance aux terroristes», se souvient un proche du nouveau patron des Services. Un militaire de haut rang ajoute : «Le passage en force de Bouteflika pour un 4e mandat ne pouvait se passer sans créer une forte désapprobation parmi les hauts gradés. Le tandem Bouteflika-Gaïd Salah n’a pas réussi à obtenir de consensus au sein de l’armée. Du coup, les deux puissants se vengent contre toutes les voix réfractaires. Sans parler des “dérapages” et “fuites” concernant les enquêtes de corruption menées par le DRS et touchant le cercle présidentiel qui ont accentué les tensions.» Un autre observateur parle même d’équarrissage de l’ancien DRS et d’une remise de ce dernier dans son moule des années 1980, celui d’un service de renseignement performant, comme au temps de Lakehal Ayyat, et pas seulement une machine de police politico-économique, faite pour faire gagner des élections et mettre au pas les voix discordantes. «Parmi les officiers mis à la retraite, il y a des vrais pros de la lutte antiterroriste, mais je ne peux pas dire que ce soient tous des proches de Toufik. J’ai plutôt le sentiment qu’on cherche à garder les gens qui sont soumis. A moins que l’on cherche à éliminer les dossiers du passé», analyse un ex-cadre du DRS. «Mais ceux à l’origine de cette manœuvre ne connaissent pas les Services.

On a déjà cherché à les éclater, mais l’histoire a voulu qu’après le départ de Betchine, en 1989, le DRS soit créé et que tous les services soient à nouveau réunis.» Cette lecture est aussi démentie par le maintien en poste de hauts officiers du DRS, surtout dans des zones de conflits à l’étranger ou dans la région maghrébine, zone où le DRS travaille activement à la lutte antiterroriste. Des officiers pourtant proches de Mediène.


Crépuscule

L’autre voix réfractaire qui risque de payer très cher ses déclarations publiques, c’est le général Hocine Benhadid. En plus de ses attaques contre les oligarques sur la radio indépendante de Maghreb Emergent, l’ex-patron de la 8e Division blindée et chef de la 3e Région militaire (dans les années 1990) avait regretté sur la chaîne Al Maghrabia la défection de «vrais responsables, alors qu’avant les décisions étaient prises par un groupe cohérent dans le commandement».

«Pour Gaïd Salah, Benhadid est le meilleur exemple à faire, parce qu’il est en dehors de l’armée et tient le discours d’une bonne partie de l’opposition politique», s’inquiète un officier. Incarcéré depuis deux mois, Hocine Benhadid est poursuivi pour «participation à une entreprise d’atteinte au moral de l’armée». Alors que «son état de santé se détériore», selon son avocat Khaled Bourayou contacté par El Watan Week-end, la date de son procès n’a toujours pas été fixée.

Mais, nuance un officier général à la retraite, «l’offensive du chef de l’état-major peut aussi marquer le début de son crépuscule : ayant perdu son rôle de contrepoids face à Mediène, dans la logique de l’équilibre de la terreur instaurée par Bouteflika, il sait que sa place est en jeu. Les cas Benhdadid, Hassan ou Medjdoub ne seraient que des réactions de panique d’un chef qui veut s’imposer coûte que coûte et qui se sert des dernières cartouches pour solder tous ses comptes en un cycle brutal de vengeance». Un cadre du ministère de la Défense témoigne encore : «Nos chefs de département et de direction sont paralysés par la peur. Ils appréhendent sur qui va tomber le prochain coup de bâton. Résultat, personne ne bouge, aucun projet ne progresse. On se contente de regarder et de compter les victimes».

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4 décembre 2015 5 04 /12 /décembre /2015 11:52
Le grand malaise Petites augmentations, grandes inquiétudes

«Le gouvernement va suspendre progressivement les subventions sur les produits de première nécessité tels que l’électricité, lait, sucre et semoule.

Cette manœuvre est imposée par la conjoncture économique actuelle car le gouvernement ne peut plus continuer à assumer les 70% des subventions sur ces produits», a déclaré mercredi Abderrahmane Benkhalfa, ministre des Finances, lors d’un entretien à la Radio nationale.

Lundi, lors de la séance d’adoption de la loi de finances 2016 à l’APN, plusieurs députés se sont opposés à plusieurs articles, notamment ceux qui imposent certaines taxes supplémentaires, l’augmentation des prix des énergies et la levée des subventions sur les produits de première nécessité. Le chef du groupe parlementaire du Parti des travailleurs (PT), Djelloul Djoudi, est convaincu que «ces mesures, imposées dans loi de finances 2016 largement contestée par les députés de l’opposition lors du vote, vont créer un malaise social.

Le consommateur algérien ne pourra plus subvenir à ses besoins, donc c’est normal qu’il y ait un climat de colère et de déstabilisation».

Rouiba

Le lendemain, les travailleurs de la Société nationale des véhicules industriels (SNVI), qui emploie plus de 7000 personnes, sont sortis dans la rue pour réclamer la paie du mois de novembre. Ces protestataires, qui ont fermé de la RN5 qui relie Rouiba à Reghaïa, ont été réprimés par les forces de la Gendarmerie nationale, ces violents affrontements ont fait plusieurs dizaines de blessés parmi les travailleurs. Selon des membres du syndicat de l’entreprise, leur «société a bénéficié de beaucoup d’argent des pouvoirs publics dans le cadre de sa modernisation, mais sur le terrain, rien n’a été fait. On se demande où va cet argent.

Et avec l’article 66 de la loi de finances où la privatisation des entreprises publiques est citée, on se demande si c’est vraiment un retard que prend ce plan de modernisation ou bien s’il y a une volonté de la part de nos dirigeants pour privatiser cette société avec leurs amis hommes d’affaires». «Nous avons été étonnés de voir cet article réapparaître lors de la séance du vote, alors qu’il avait été abrogé lors des travaux de la commission», ajoute notre source.

Le Syndicat national des travailleurs de l’électricité et du gaz (Snateg) s’inquiète de la possibilité de licenciement de plus de «7000 personnes par le groupe Sonelgaz après les mesures de privatisation que stipule l’article 66 de la loi de finances validée récemment par la Chambre parlementaire», dénonce Mellal Raouf, chargé de l’organisation et de la formation auprès du syndicat.

«Nous n’allons pas rester les bras croisés, nous allons mener une série de grèves et de manifestations dès qu’on aura terminer l’opération de sensibilisation auprès des travailleurs afin de dénoncer ces mesures qui encouragent l’instauration d’un système capitaliste qui touchera directement le pouvoir d’achat du consommateur qui n’arrive pas à subvenir à ses besoins.»


Etusa

Mercredi, les travailleurs de l’Entreprise de transport urbain et suburbain d’Alger (Etusa) ont enclenché une grève pour dénoncer «l’opacité» dans la gestion de l’entreprise après le limogeage, il y a plus d’un mois, de son directeur général, Yacine Krim. L’activité commerciale va être très perturbée par ces «mesures qui sont en faveur de l’activité commerciale dans le secteur de l’informel, on verra une baisse du nombre de commerçants qui sont en activité d’une manière légale, et en hausse ceux qui opère dans le secteur informel qui vont fuir les charges qui seront insupportables», assure Boulenouar Hadj-Tahar, ex-porte-parole de l’Union générale des commerçants algérien (UGCA).

Et pour les prix des produits de première nécessité, «les prix de tous les produits vont augmenter pour plusieurs raisons. Déjà l’année 2015 a été marquée par la dépréciation de la valeur du dinar face aux monnaies étrangères, donc les prix des produits importés et des produits locaux fabriqués à base de matières premières importées ont augmentés.

Et avec la loi de finances 2016, les producteurs, importateurs et commerçants vont devoir augmenter les prix de leurs produits, car avec l’augmentation des prix des carburants, le prix du transport va augmenter. Les transporteurs ont prévu d’augmenter leurs prix dès l’application de l’augmentation prévue sur les prix des carburants. Je vous assure qu’aucun produit ne sera épargné y compris les services qui vont devoir revoir leurs prix pour compenser l’augmentation des prix de l’électricité. Avec la réduction du pouvoir d’achat du citoyen, les consommateurs seront obligés de limiter le nombre d’article à acheter, et cela va se répercuter sur le commerçant qui va être obligé d’augmenter les prix de ces produits afin de faire face aux charges».


Fichier national

L’Association des consommateurs a lancé une campagne de sensibilisation contre ce projet. «Nous sommes contre toute levée de subventions sur les produits avant qu’il n’y ait un fichier national des familles nécessiteuses, et une définition du concept de famille nécessiteuse, car une famille de cinq membres avec des ressources de moins de 50 000 DA est une famille nécessiteuse», juge Mustapha Zebdi, président de l’Association de protection et d’orientation du consommateur et son environnement (Apoce).

«Actuellement la hausse concerne les produits de l’énergie, il y aura encore des taxes sur l’automobile et une catégorie de produits importés. La hausse des prix d’électricité est une augmentation qui peut toucher une importante catégorie de consommateurs, alors que dans certains cas, il y a un seul compteur électrique partagé par plusieurs foyers, donc il sera impossible de ne consommer que 250 KW. Les répercussions indirectes seront sur le transport dont la hausse pourra atteindre 30%.

Cette hausse est irrationnelle car si on partage la différence du coût du carburant par le nombre de passagers, elle ne va jamais atteindre 30%», ajoute la même source. Certaines associations professionnelles «sont en train de préparer le consommateur à une hausse abusive en utilisant comme argument la loi de finances 2016.

On a peur qu’il y ait des dépassements avec des hausses injustifiées dans les marchés publics, les autorités publiques doivent dès maintenant se préparer à empêcher d’éventuelles hausses pour que la situation soit maîtrisable», conclut M. Zebdi.

L’expert en finances Lias Kerrar estime, lui, que «si le ministre des Finances a évoqué la mise en place de subventions ciblées, il faut absolument que ces mécanismes soient mis en place très vite, pour montrer que cela fonctionne. Sinon, on va créer de l’angoisse chez les Algériens». Les salariés seront aussi affectés à cause de l’augmentation de 15% de la taxe de l’impôt sur le revenu global (IRG).

Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome du personnel de l’administration publique (Snapap) est préoccupé : «Le pouvoir d’achat du consommateur va être réduit avec ces mesures, car les salaires vont baisser et les prix des produits vont augmenter. Toutes les augmentations de salaire que nous avons obtenues vont disparaître.»

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19 novembre 2015 4 19 /11 /novembre /2015 12:46
Razika, victime de la misère sexuelle

Par Aziz Benyahia

Une célèbre humoriste britannique, musulmane d’origine pakistanaise, raconte dans un de ses sketches qu’en accomplissant le tawaf autour de la kaaba, elle avait senti une main lui caresser les fesses. Elle dit avec beaucoup d’humour : « J’étais sûre que ce n’était pas la main de Dieu ».

L’humour nous donne l’avantage de prendre du recul et un surplus de respiration avant de nous précipiter vers une conclusion hâtive. On ne peut imaginer pareille agression dans un espace sacré pas plus qu’on ne peut imaginer que dans un pays où l’islam est omniprésent, on puisse assister à un harcèlement sexuel, en plein jour, dans une ville d’Algérie et dans son expression la plus dramatique et la plus abjecte.

Un « homme » de 33 ans écrase volontairement, et par deux fois avec sa voiture, une femme qui a refusé de céder à ses avances. Razika Chérif est morte comme dans un hachoir dans d’atroces souffrances devant une foule médusée. Cela s’est passé à Magra, petite ville de la wilaya de M’sila, au pays d’Ibn El Andaloussi, l’un des plus grands savants et poètes du 9ème siècle, du père de Bologhine le fondateur d’Alger, et de la Qalaâ des Beni Hammad, certainement le plus beau joyau de l’architecture musulmane du Xème siècle en Algérie.

Ceci pour rappeler que ces grands hommes, ne croyaient pas laisser derrière eux des bêtes – pardonnez-nous, les bêtes – qui citent Dieu des dizaines de fois par jour, qui peuplent les mosquées durant le ramadhan, qui vous parlent d’islam, de haram et de halal et qui se défont de ces oripeaux d’innocence à la vue de la première femelle, fut-elle cachée sous des voiles noirs et épais pour échapper à la violence d’individus frustrés, dont la libido fleurit à l’ombre des interdits et des tabous. A leur sujet on ne peut qu’utiliser un langage animalier puisque la femme devient femelle dès qu’elle réveille les instincts. L’odeur de l’interdit fait monter en eux l’excitation jusqu’au paroxysme et jusqu’à l’état second.

L’apparence du religieux leur sert de paravent et leur vraie nature est défigurée par l’accumulation des frustrations et l’énumération des interdits. Ces deux arrangements hypocrites finissent par faire bon ménage et par nourrir un ensemble de fantasmes dont on affuble l’homme musulman pour en faire un refoulé sexuel et un éternel insatisfait qui ne compte plus ses frustrations et qui ne domine plus ses instincts.

Ni lecture, ni cinéma, ni baignades en bord de mer, ni piscines, ni fêtes, ni musique, ni danse qui ne soient repoussés comme des tentations de Satan, maudites au grand jour, dénoncées par la foule et courtisées dès qu’on est seul.

De frustration en frustration, l’homme algérien se voit condamné à survivre et non plus heureux de vivre

La ville et le village ne sont plus que des arènes où on essaie d’échapper au regard du voisin, et la rue n’est plus que l’exutoire où on peut tenter sa chance pour arracher les plaisirs interdits, pareils à ceux qu’on a partagé la veille en cachette, devant des cassettes interdites, entre hommes, ou grâce aux satellites que nous ne saurons jamais fabriquer même pour nos rêves fantasmatiques les plus enivrants.

Un pays où aucune femme ne peut s’éloigner de son quartier au soleil couchant, où les passants et les automobilistes redoublent de harcèlements orduriers sous le regard complice ou impuissant de la foule, où la femme est coupable d’être femelle, où la justice ne se presse pas trop pour juger les viols, où un automobiliste roule sur le corps de celle qui lui a refusé ses avances, et lui repasse plusieurs fois sur le corps pour s’assurer qu’il a bien achevé d’écraser l’insolente catin; eh bien, ce pays-là est destiné à dépérir et à disparaître.

Et qu’on ne vienne pas encore s’abriter derrière l’islam et derrière ces paravents de bondieuseries bien commodes qui laissent penser qu’on peut tromper les hommes sans tromper Dieu et qui rappellent en même temps que Dieu est partout et sait tout. Cela ne sert à rien de rappeler les centaines de versets coraniques qui condamnent jusqu’aux mauvaises pensées, qui protègent la femme, qui lui garantissent le respect et qui punissent le contrevenant.

Je vois d’ici les salafistes se lisser la barbe, se frotter les mains de joie et nous conseiller la seule solution qui vaille : interdire la mixité jusque dans les crèches, séparer les hommes des femmes définitivement, dans la rue, dans les transports, au marché, partout où il y a le moindre risque de harcèlement. Sur l’air de « on vous avait bien prévenu », ils nous proposeraient, comme à leur habitude, de casser le thermomètre pour faire partir la fièvre. Ce n’est pas notre monde et ce ne sera jamais notre monde. Qu’on se le dise !

Je reviens d’un séjour de trois semaines dans un pays où j’ai vu des femmes voilées ou non voilées retirer de l’argent au distributeur à une heure avancée de la nuit. J’y ai vu des familles dîner sur le gazon des parcs, déambuler à la fraîche jusqu’au bout de la nuit. J’ai vu des jeunes filles en jeans, en jupe, en hijab, en niqab. J’ai vu des jeunes avec barbe et sans barbe, en débardeur et en qamis. J’ai vu des gens heureux. Je n’ai pas assisté à un seul harcèlement sexuel. Je n’ai pas assisté à une seule plainte. J’ai vu un pays harmonieux où le vice et la vertu ont chacun leurs espaces et où tout est fait pour rappeler à chaque citoyen ses droits et ses devoirs et où la peur du gendarme inspire la sagesse et assure la sécurité. Ce pays n’est pas plus vertueux que le nôtre. Il n’est ni plus ni moins hypocrite mais certainement plus conscient de l’importance de l’éducation sexuelle et de la libération de la femme et de l’homme ; plus soucieux de créer les conditions d’un développement harmonieux au sein d’une société particulièrement attachée à la sauvegarde de ses traditions et des valeurs islamiques. Je viens d’un séjour au Maroc où on commet certainement les mêmes atrocités, qui a aussi ses détraqués sexuels, qui cumule aussi ses frustrations, qui subit aussi les bouleversements consécutifs au choc brutal entre les traditions arabo-islamiques et l’invasion débridée des mœurs occidentales qui s’y déversent par charters entiers. Mais je n’y ai pas ressenti un seul instant le sentiment d’insécurité dont pourraient souffrir les femmes du fait du harcèlement sexuel. La loi y est très sévère en la matière m’a-t-on assuré et elle donne toujours raison à la femme, par principe de précaution ou par mesure préventive.

Ce qui s’est passé à Magra est atroce et inadmissible. Que faut-il faire pour alerter les autorités ? Exiger des lois très sévères ne suffit pas si la justice ne suit pas. Comme tout le monde j’ai passé un sale moment. En naviguant sur le Net pour en savoir un peu plus sur le harcèlement sexuel dans les autres pays, j’ai relevé qu’en France on avait déclenché une campagne à la télévision, également déclinée sur Internet et les réseaux sociaux (vidéo interactive …). Elle rappelle, en matière de harcèlement sexuel, les peines encourues par les agresseurs (6 mois de prison et 22.500 euros d’amende pour injures ou menaces, cinq ans de prison et 75.000 euros d’amende pour baisers forcés, mains aux fesses, frottements). Elle conseille aux victimes et témoins comment réagir, rappelle les numéros d’urgence à contacter.

J’ai calculé qu’au taux actuel du square Port-Saïd, porter la main aux fesses coûterait au petit malin, 1milliard 275 millions de centimes. Sans compter les 5 ans de prison. Ce qui correspond à 53 années de travail payées au Smic ou a une douzaine de Hyundai berline. Cela fait cher le fantasme et cela ferait hésiter même les plus fortunés. Certes ce n’est pas la panacée, mais peut-être pourrons-nous nous en inspirer ?

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10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 12:27
Opération de mise en conformité fiscale Les barons de l’informel narguent l’Etat

L’opération dite de mise en conformité fiscale volontaire bat de l’aile à peine trois mois après son lancement. Même si les autorités continuent à afficher de l’optimisme, le maigre bilan de l’opération enregistré jusqu’ici révèle toute la difficulté à capter les fonds concernés.

Les détenteurs de capitaux informels ne se bousculent pas au portillon des banques publiques, trois mois après le lancement de l’opération dite de mise en conformité fiscale volontaire. Depuis la mi-août, les établissements bancaires étatiques ont collecté moins de 3,5 milliards de dinars sur un total de 1000 à 1300 milliards de dinars de fonds informels échappant au circuit bancaire.

L’Exécutif vient d’essuyer un camouflet. «Toutes banques confondues, nous avons pu mobiliser 3 à 3,5 milliards de dinars. L’opération a été lancée en août et nous sommes en novembre, je pense qu’il est trop tôt pour faire un bilan, parce que l’opération va durer jusqu’à décembre 2016. On peut parler de gain de confiance. Nous sommes dans une phase et un travail de sensibilisation pour susciter un intérêt» auprès des détenteurs de capitaux informels, a affirmé, hier, Krim Mohamed, président-directeur général de la Banque de développement local (BDL), invité au forum du quotidien El Moudjahid.

Ce responsable a ajouté que cette opération, présentée par certains comme un processus de blanchiment d’argent qui ne dit pas son nom, vise à drainer les capitaux illicites qui devraient permettre aux banques de financer l’économie nationale. Omar Boudiab, PDG du Crédit populaire d’Algérie (CPA), a évoqué, quant à lui, le sentiment d’appréhension chez les détenteurs des fonds circulant dans le secteur informel qui hésitent à faire le pas. Selon lui, les banques publiques ont déjà entrepris diverses démarches de «sensibilisation» qui demeurent un «travail de longue haleine».

Dans l’espoir de convaincre les acteurs les plus réticents des circuits illicites de l’économie, on annonce le lancement de produits bancaires alternatifs (sans intérêt) au profit des acteurs ayant déposé leurs fonds informels auprès des banques. Confronté à la baisse des recettes pétrolières, le gouvernement a lancé, en août dernier, le processus de bancarisation de fonds illicites qui prospèrent sous d’autres cieux, afin de diversifier les sources de financement extrabudgétaires.

Institué dans la loi de finances complémentaire 2015, ce dispositif prévoit l’intégration de l’argent informel dans la sphère bancaire, moyennant une taxation forfaitaire libératoire au taux de 7%. La date limite de ce dispositif a été fixée au 31 décembre 2016. Les fonds informels représentent 26% du total de la masse monétaire, d’après les chiffres de la Banque d’Algérie. Pour le PDG de la BDL, l’objectif fixé par les établissements bancaires consiste à drainer au moins 10 à 15% des capitaux informels.

Interrogé sur le retour du crédit à la consommation, après sa suspension depuis 2009, le premier responsable de la BDL a fait savoir que les établissements bancaires sont prêts pour prendre en charge le traitement des demandes de crédit. Les banques publiques attendent la liste des produits éligibles à ce dispositif, actuellement en cours d’élaboration au niveau du ministère du Commerce. D’après le patron du CPA, la centrale de risques des entreprises et ménages de la Banque d’Algérie est déjà opérationnelle depuis septembre dernier.

Le crédit à la consommation aux ménages concerne les biens fabriqués par des entreprises exerçant une activité de production ou de services sur le territoire national et qui produisent ou assemblent des biens destinés à la vente aux particuliers. Au sujet de la monétique, Krim Mohamed a relevé que l’Algérie, dotée seulement de 2900 TPE et 600 DAB, reste en retard notamment par rapport aux voisins maghrébins. «C’est insuffisant. On devrait multiplier ces chiffres par dix. La monétique reste le parent pauvre des instruments de paiement», a déploré le PDG de la BDL. Ce dernier a annoncé le lancement, en juin 2016, du paiement électronique.

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10 novembre 2015 2 10 /11 /novembre /2015 12:26
Zohra-Drif Bitat

Zohra-Drif Bitat

Elle retient difficilement sa colère. Si pour l’instant, elle ne veut pas «renverser» la table, c’est qu’elle mesure la gravité et surtout la complexité de la situation. Zohra Drif-Bitat veut en avoir le «cœur net» avant de passer, avec ses «camarades», à une autre étape. Ce qu’elle redoute le plus est que «les mêmes forces qui, au XIXe siècle, ont poussé des Etats à aller conquérir d’autres pays sont de nouveau en branle avec des complicité internes».

Vous êtes une amie de longue date de Abdelaziz Bouteflika. A quand remonte votre dernière entrevue ?

Je ne m’en souviens plus. Je l’ai vu de loin lors de sa prestation de serment, quand il a été reconduit dans son mandat de président de la République. Il y a très longtemps que je n’ai pas vu le Président et que je n’ai pas discuté avec lui.

- Est-ce pour des raisons de divergences politiques ?

Il faut lui poser la question à lui.

- Dans votre démarche, vous doutez qu’il soit au courant des décisions prises. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

Le personnage politique avec lequel je me suis engagée et les objectifs qu’il visait au moment où il a brigué le mandat de Président ne correspondent absolument pas aux décisions lourdes de conséquences prises ces derniers temps. Je juge que ce sont des décisions dangereuses pour le pays. Fondamentalement, il me paraît s’exprimer un abandon de souveraineté nationale. Et là, je pense à ce pays qui a durement payé en vies humaines l’accession à l’indépendance.

C’est d’une extrême gravité et les implications seront terribles, plus qu’on ne l’imagine. On peut revenir sur tout, mais pas sur la souveraineté, pas sur l’indépendance du pays. Constater qu’il y des décisions qui battent en brèche ce principe est insupportable. Le but de la démarche que nous avons entreprise est d’alerter notre opinion publique sur l’impact pour le présent et surtout pour le futur de certaines décisions.

- Vous qui connaissez si bien le Président, comment croyez-vous qu’il réagira à votre démarche ?

Ecoutez, c’est l’objet de notre démarche. Rencontrer notre Président et lui exposer nos craintes. Et j’espère qu’il va nous recevoir, si notre lettre lui parvient. Il connaît l’ensemble des signataires et n’ignore pas notre engagement pour le pays et la sincérité de nos décisions, sachant que nous n’avons jamais placé notre intérêt personnel avant l’intérêt suprême de l’Etat. Il y a une profonde sincérité dans notre démarche et je ne vois pas ce qui pourrait l’empêcher de nous recevoir.

- Peut-être l’oligarchie que vous dénoncez dans votre lettre l’en empêcherait…

Je ne peux pas répondre, on verra bien.

- Vous n’êtes pas sans savoir que cette oligarchie que vous dénoncez a pris forme et force sous le règne de Bouteflika. A-t-il laissé faire ?

S’il nous reçoit, ce sera l’une des questions dont nous allons discuter avec lui et que nous soulèverons avec force. A ce moment-là, on pourra répondre à votre question.

- Comment cette oligarchie est devenue si puissante et se met à conquérir le pouvoir politique ?

En effet, c’est ce que nous constatons depuis un certain temps. Le responsable du Forum des chefs d’entreprises (Ali Haddad, ndlr), effectivement, s’immisce dans les affaires de l’Etat. Je me souviens que lors de la réunion à El Aurassi, quand l’ensemble des ministres avaient été convoqués, c’estt lui qui avait la parole. Cette image m’a interpellée, comme beaucoup d’Algériens. Toutes ces questions, nous allons en faire part au Président.

- Beaucoup d’observateurs pensent que le Président est au courant de tout et qu’il est d’accord avec les choix opérés…

Je veux d’abord vérifier avant d’affirmer. Et c’est auprès de lui que nous pourrons le faire. Ce que je peux dire par contre, c’est qu’il y a des lois, notamment cette décision à travers un article de loi de finances qui formalise le renoncement de l’Etat au droit de préemption. Ce qui nous paraît très grave. C’est d’une extrême gravité. C’est un droit constitutif des pouvoirs d’un Etat et je ne pense pas que des Etats décident de rejeter ce droit qui est l’expression de la souveraineté de l’Etat. Qu’on ne vienne pas nous dire, après, «nous ne savions pas»...

- Aujourd’hui, quelle analyse faites-vous du fonctionnement du système du pouvoir ?

C’est une question très complexe ; pour y répondre, il faut une analyse très poussée pour en tirer les conclusions. Il y a la Constitution qui est très claire et détermine les pouvoirs des uns et des autres, mais dans la pratique, nous constatons, comme l’ensemble des citoyens et citoyennes, un délitement de l’Etat. Les prérogatives des uns et des autres sont totalement brouillées et les citoyens le subissent de manière quotidienne, un quotidien face au néant de l’administration. Les gens ne savent plus où donner de la tête. L’Algérien d’aujourd’hui est pris dans un monde kafkaïen. Pour régler un simple problème, c’est la croix et la bannière. Alors que les prérogatives sont parfaitement définies par les lois.

- Sommes-nous dans un pouvoir informel ?

Je dis bien qu’il y a un délitement de l’Etat. C’est le terme qui résume la situation du pays aujourd’hui. C’est-à-dire – et c’est d’autant plus grave – que plus personne n’est responsable de rien. Il faut le dire, et le Président doit s’en rende compte, il y a un état de fait : nous avons le sentiment que les personnes qui détiennent le pouvoir n’ont pas la responsabilité et que celles qui ont la responsabilité n’ont pas le pouvoir. Cela crée une situation de blocage général. Quand vous discutez avec les agents de l’Etat habilités à prendre des décisions, on vous répond : «Allez voir à tel niveau», alors que ça relève de leur compétence.

Il y a, dans toute la chaîne de l’Etat, à différents niveaux, des hésitations à prendre des décisions, parce que parfois le pouvoir ne leur est pas donné alors qu’ils en ont la responsabilité. J’ai entendu dire des ministres qu’ils n’ont «pas le pouvoir» alors que leur lettre de mission leur en donne la responsabilité. «Les walis sont devenus des super-ministres», disent-ils.

- Comment stopper les dérives dont vous faites part dans votre lettre ?

Il faut revenir aux fondamentaux. Il y a une Constitution, qui précise les devoirs de chaque institution, qu’il faut strictement respecter.

- Quelle appréciation faites-vous des changements opérés au sein de l’armée ?

Honnêtement, il m’est difficile de parler d’un problème dont je n’ai pas les données exactes. Mais je peux rappeler qu’à un moment où la République était en péril, l’armée était présente et a rempli son rôle constitutionnel. Nous devons lui être reconnaissants pour avoir, à un moment de graves dérives dans notre pays, été un rempart pour l’Etat républicain. Je n’oublierai jamais cela.

- Le chef de cabinet du Président, Ahmed Ouyahia, a réagi à votre lettre en la rejetant. Est-ce un barrage dressé contre votre démarche ?

Monsieur Ouyahia oublie que nous sommes des citoyens avec des devoirs que nous remplissons et des droits que nous voulons exercer. Le premier des droits est de s’adresser à celui qui a été élu au suffrage universel par le peuple. Le peuple a des droits qu’il faut respecter. Je suis vraiment peinée qu’un responsable de ce niveau dénie à des citoyens le droit fondamental de s’adresser à leur Président. Et puisque vous parlez de lui, je veux dire à quel point je suis indignée par ses propos. Que des personnes comme Guerroudj, Fettal, Lemkami et moi-même peuvent être manipulées est indigne. Comment ose-t-il tenir de tels propos ?

C’est en toute responsabilité que nous avons pris cette décision de nous adresser à notre Président, avec tout le respect qui lui est dû, pour lui demander audience. Je ne vois pas en quoi nous avons pu porter atteinte à la fonction du Président. Je dis au Président : «Nous voulons vous voir, est-ce que vous nous entendez ?» En tout cas, le Président que j’ai connu a toujours été attentif aux militants et à son peuple.

- Vous avez exprimé beaucoup d’inquiétudes, mais qu’est-ce qui vous inquiète le plus ?

Ce qui me fait peur et m’inquiète le plus est que les mêmes forces qui, au XIXe siècle, ont poussé des Etats à aller conquérir d’autres pays et même les coloniser sont de nouveau en branle. Je pense que nous sommes en danger, sous une autre forme bien évidemment, d’être sous la domination de puissances d’argent étrangères.

- Avec la complicité des relais nationaux ?

Les complicités internes ont toujours existé. La démarche est si insidieuse que l’on peut se retrouver brusquement et totalement pieds et poings liés par des moyens de domination. En tout cas, les forces de l’argent internes ne s’en cachent pas, je pense que c’est évident, en collaboration avec le capital international.

- Vous dénonciez un renoncement à la souveraineté. Ce renoncement ne s’est-il pas exprimé lors d’une réunion de sécurité nationale tenue aux Invalides, sous le portrait de François Hollande ?

Sans commentaire...

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28 octobre 2015 3 28 /10 /octobre /2015 11:20
La violence dans le milieu scolaire algérien

La tutelle, représentée par Madame la ministre de l’Education, remet sur le tapis l’épineux dossier de la violence dans le milieu scolaire.


Elle a, reconnaissons-le, atteint des ampleurs intolérables et bloque toutes les démarches entreprises, de part et d’autre, pour mettre l’école sur les rails afin qu’elle revienne à son rôle : former la génération qui devra prendre le relais. La mise en place de ce chantier nous réjouit énormément parce qu’aucune réforme de l’école ne pourra aboutir si on n’éradique pas ou du moins, on n’atténue pas la violence dans nos écoles.

Pour résoudre ce problèmes, nous devons en chercher les causes afin d’arriver à lutter contre les conséquences. La violence dans les établissements scolaires est une continuité ou un prolongement de la violence qui règne dans la société et il appartient aux spécialistes de se prononcer sur cela. Un être qui a appris à répondre par la violence dans sa maison, dans son quartier, ou dans n’importe quel endroit où il se trouve, sans qu’il ne soit interpellé ou inquiété, ne peut adopter un autre comportement dans sa classe et dans l’enceinte de son école. Ce fléau qui ronge les établissements scolaires, ne relève pas seulement de l’école. Nous sommes tous responsables.

En effet les parents sont devenus démissionnaires et ne jouent plus leur rôle, malheureusement, dans l’éducation de leurs enfants. Bien sûr pas tous, mais une bonne proportion. D’ailleurs, ceux qui ont réussi à donner à leurs enfants une bonne éducation font face à d’énormes problèmes d’intégration rencontrés par leur progéniture dans les écoles publiques et se résignent par se tourner vers d’autres cieux plus cléments à savoir les écoles privées où ce problème ne se pose pas avec cette ampleur. Eduquer pour certains parents aujourd’hui, est devenu synonyme de répondre seulement aux besoins matériels de leurs enfants : «je lui ai acheté des livres, un ordinateur avec une connexion internet et j’ai aussi payé tous les cours particuliers qu’il prend. Que puis-je faire d’autre ?!». C’est la réponse qui revient dans la majorité des bouches du peu de parents qui se présentent dans les établissements scolaires suite à des convocations pour un manquement de discipline commis par leurs enfants. Je ne m’érige pas en donneur de leçons mais ces incidents gravissimes que nous rencontrons quotidiennement dans notre travail nous obligent de tirer la sonnette d’alarme. A titre d’exemple, je rapporte fidèlement la réponse d’une parente d’élève donnée à un professeur qui a préféré s’adresser à elle afin d’éviter tout dérapage quand il a remarqué que sa fille montait, à sa sortie de l’école, dans une voiture avec une personne plus âgée qu’elle de surcroit. «Et puis après, toutes les filles de son âge le font. Pourquoi pas elle ?». Un autre élève dans le bureau du censeur et en présence de son professeur et du personnel de l’administration s’dressant à son père venu suite à une convocation, quand il a essayé de prendre la parole : «Toi tu te tais, c’est à moi de parler.». Devant le regard médusé de tout ce beau monde ! Ce sont là des exemples parmi d’autres qui doivent nous interpeller. Les parents ont cédé de leur autorité sur leurs enfants. Que peut faire un enseignant dans des situations pareilles ?

Le mal être vécu dans nos établissements et par l’enseignant et par l’élève n’a fait qu’accentuer les choses. Ce n’est plus comme autrefois. L’enseignant n’est plus cet artiste sur scène, devant ses élèves, donnant son cours avec entrain et amour. «Enseigner», aujourd’hui, est devenu une corvée. Usé par une surcharge inadmissible des classes et par l’indiscipline et le laisser aller qui règnent dans les établissements, l’éducateur est dépassé et n’arrive plus à jouer son rôle. D’ailleurs, ce mal être se traduit par l’augmentation fulgurante et inquiétante, des départs en retraite anticipée dans le secteur de l’éducation. Ces demandeurs de retraite ont fini par se tourner, eux aussi, vers les écoles privées pour d’une part arrondir leur fin de mois et d’autre part ne pas finir leurs vieux jours comme des loques rangées par les maladies.

Rendre à l’enseignant sa place dans la société est une priorité pour faire aboutir ce chantier. Nous avons tous en tête ces campagnes incessantes de dénigrements lancées contre lui et qui le sont toujours, à chaque fois qu’il se manifeste pour réclamer sa dignité. Montré à chaque fois comme un violeur, un fainéant, un suceur de sang qui ne pense qu’à s’enrichir. Comment arrivera-t-il à gagner le respect de son élève afin d’instaurer un climat de confiance dans sa classe ? D’ailleurs, il est le seul fonctionnaire dont tous les Algériens connaissent, dans les détails, sa fiche de paie tellement reprise maintes de fois par les masses média ! Ces agissements rentraient dans une stratégie de dévalorisation menée contre l’enseignant, surtout pendant les grèves, afin de monter toute la société civile contre lui, ont fini par nuire énormément à la profession. Ceci ne nous permet pas d’écarter la responsabilité de certains enseignants. Ils ont des besoins énormes en formation et en recyclage

Revenant à l’élève qui a certainement ses raisons quoique la violence reste un comportement inacceptable et injustifiable. Qu’elle vienne de la part de l’élève ou de son enseignant. Que peut-on attendre d’un élève qui passe au minimum sept heures par jours assis sur une chaise dans une classe à suivre un enseignant usé et fatigué qui n’arrive à maitriser ni sa classe , ni son cours ? Arrivera-t-il à donner toujours le meilleur de lui-même ? Saura-t-il se contrôler quand il se voit harceler par son enseignant ou par son camarade ? Et cela sans parler des cours privés qu’il doit prendre à sa sortie de l’école ! Où sont passées les activités culturelles et sportives qui accompagnaient autrefois les cours ? L’école n’était pas seulement un lieu de savoir. Elle permettait aussi à l’élève de s’épanouir, de s’affirmer, de décompresser et de canaliser positivement cette formidable énergie dont il dispose en choisissant l’activité qui lui convenait le mieux, comme : le théâtre, la musique, le dessin, le football… Pour ces raisons, les programmes doivent être revus afin de décharger l’élève et de laisser une place à ces activités qui ont donné des résultats appréciables.

L’ouverture et l’aboutissement de ce dossier, parmi d’autres qui touchent de près l’école algérienne sinistrée, conditionne son avenir. Cela nous enchante et nous convainc qu’il y a une bonne volonté et une prise de conscience qui se profilent dans les horizons nous permettant d’espérer qu’elles sonneront la fin de la récréation, qui n’a que trop duré.

L. Zaïdi

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23 octobre 2015 5 23 /10 /octobre /2015 13:28
Ouyahia et Sâadani.

Ouyahia et Sâadani.

Dans une course de leadership, chacun des deux partis tente de s’affirmer comme étant la principale force sur une scène politique complètement verrouillée.

Après huit ans d’alliance et plus de 15 ans de cohabitation dans le même pouvoir, le FLN et le RND affichent publiquement leur désaccord. Et c’est une première pour ces deux partis qui donnaient, jusque-là, l’impression de s’entendre sur tous les détails. Le divorce tacite consommé en 2012, lorsque l’Alliance présidentielle avait volé en éclats suite au retrait du MSP, semble être très dur à digérer pour ces deux formations proches du pouvoir, mais qui ne concluent que des unions de circonstance : souvent pour permettre au régime de se maintenir.

Cette fois-ci, une nouvelle lune de miel entre ces deux partis est quasi impossible. En effet, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, et son homologue du RND, Ahmed Ouyahia, échangent depuis le début de l’été dernier des messages de rejet à distance. Dans une course de leadership, dont les tenants et les aboutissants ne sont pas encore clairs, chacun des deux partis tente de s’affirmer comme étant la principale force sur une scène politique complètement verrouillée.

Cette lutte donne désormais naissance à une polémique étalée publiquement, saugrenue, autour du soutien au programme du président Bouteflika. Amar Saadani, devenu secrétaire général du FLN grâce à la bénédiction du clan présidentiel, se montre d’une féroce animosité à l’égard d’Ahmed Ouyahia, dont il soupçonne une volonté de briguer un mandat présidentiel. Il ne veut donc pas le laisser faire, en tentant de bloquer toute initiative qui viendrait de lui.

Et cette polémique autour de la reconstitution de l’Alliance présidentielle, proposée par le secrétaire général du RND, s’inscrit dans cette logique. Pour la énième fois, Amar Saadani dénigre l’initiative d’Ouyahia en la qualifiant même de «dangereuse» et de «caduque». «Le RND est un parti ami. Mais notre initiative est plus large que celle qu’il propose. Nous voulons rapprocher les points de vue sur les questions essentielles, notamment celles relatives à la sécurité et à l’économie», a déclaré Amar Saadani à l’occasion de la réunion, mardi dernier à Alger, du bureau politique du parti.

Selon lui, «la période de transition» et «celle de l’accaparement total du pouvoir» sont dépassées. «Il (Ahmed Ouyahia, ndlr) propose le retour à l’ancien schéma de l’Alliance présidentielle. Nous ne pouvons pas revenir vers le passé. Le retour à cette période est très dangereux (…) S’il est d’accord avec notre initiative, qu’il nous propose la méthode qu’il souhaite pour sa mise en œuvre. Nous sommes ouverts à toutes les propositions», a-t-il lancé, redéfinissant ainsi les contours et les objectifs de son «nouveau front» qui, selon lui, vise à «moraliser la vie politique» et à «créer des consensus sur des questions essentielles, telles que la sécurité et l’économie».

La déclaration du patron du FLN intervient quelques jours seulement après la sortie médiatique du chef de cabinet de la Présidence qui avait, à son tour, rejeté la proposition de son rival. L’homme fort du RND ne digère toujours pas le fait que le FLN refuse d’accepter sa proposition de constituer, en compagnie du MPA et du TAJ, un nouveau bloc pour faire face à l’opposition. A quoi rime cette guéguerre ? La lecture de ces rebondissements au sein du pouvoir est difficile. Mais ils ont, sans doute, un lien avec la préparation des prochaines échéances. Peut-être la succession…

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